Geoffroy de Lagasnerie est un philosophe à succès. Situation curieuse, si on se souvient que Pierre Bourdieu, considéré comme le penseur le plus puissant de son époque, amplement pillé par l'auteur, publiait ses ouvrages aux éditions de Minuit, au mieux à 2000 exemplaires maximum. De même, étonne son succès dans la sphère du pouvoir, ambassades, radio publique, mairies de grandes métropoles, où il est constamment invité, sensé représenter "l'esprit français".
Sans mauvaise jalousie, on rappelle que c'est Alain Badiou, philosophe marxiste, internationalement connu, qui incarne, mieux que tous les autres philosophes français, la "french theory" (sic) la plus lue dans le monde.
Il ne s'agit donc pas de faire une recension des livres de Lagasnerie. Mais la sociologie du succès intellectuel et politique dont il a bénéficié : soit des choses nouvelles et peu connues, notamment sur son "engagement" politique peu connu du grand public. C'est ce à quoi se sont attelés Jean-Louis Fabiani, sociologue de renom, et José Dos Pasos, militant politique du mouvement "insoumis démocrates", militants critiques issus de la France insoumise.
Lagasnerie bénéficie en fin de compte de la mission, peu reluisante, mais O combien rémunératrice, sur le plan symbolique et pratique, de qui se propose de liquider, surtout auprès des jeunes, tout ce que représente les intellectuels français critiques vis à vis de Macron et du libéralisme depuis Giscard : les Sapir, Lordon, Généreux, etc.
Lagasnerie est donc un nouveau nouveau philosophe, oeuvrant sur le modèle de BHL dans les années 70. Son jeune âge est un véritable capital social, dont il abuse en vérité.
Ce n'est pas un hasard, si, parmi les commentaires de cet article, un facebookien a traité JL Fabiani et José Dos Pasos de "vieille" gauche" (sic) (social-démocrate et marxiste), ce qui, au yeux de cette personne, suffisait à décaniller leurs propos, au seul motif, qu'ils s'appuient sur des arguments anciens, éprouvés, élaborés dans les vieilles marmites de l'Histoire.
C'est vrai que la "jeune gauche" macroncompatible, ne parlant jamais de la question sociale, racialiste, c'est à dire estimant que le noir vaut plus que l'homme blanc. Ne critiquant pas le fait que la Macronie n'a même pas voulu nous soigner pendant l'épidémie de coronavirus, cette jeune garde n'est pas mal non pLus.
1°)-Le sociologue Jean-Louis Fabiani dresse le portrait au chiendent de Lagasnerie !
"Vous les jeunes, vous vous inquiétez de l'énormité des propos de Geoffroy de Lagasnerie sur les ondes de France Inter hier. Rien de nouveau sous le soleil. Je l'ai même trouvé un peu terne par rapport à la justification qu'il a trouvée au massacre du Bataclan (des bières trop chères servies tièdes par des garçons de café arrogants, comment voulez-vous que la jeunesse ne tire pas à l'AK 47 ?).
Il conviendrait évidemment de faire la sociologie du succès de ce jeune homme : comment comprendre que ses thèses sur Foucault et Bourdieu, qui ne valent pas tripette, soient encensées à ce point ? Plusieurs de ses "livres" sont publiés par Stanford University Press. Il est reçu dans de nombreuses ambassades, car il incarne à merveille l'esprit français. Anne Hidalgo ne le trouve-t-elle pas inspirant ?
Pour éclairer mon point de vue, je ne peux que vous renvoyer à l'admirable Rossana Rossanda, qui vient de mourir. Elle disait à propos des brigades rouges : Quiconque a été communiste dans les années 1950 reconnaît tout de suite le langage des Brigades rouges. On a l’impression de feuilleter l’album de famille : il y a tous les éléments qui nous furent alors enseignés dans les cours de Staline et Jdanov, de sinistre mémoire".
De la même façon, Lagasnerie ne fait qu’exploiter à fond les formes de la sociologie critique en ramassant la mise. Considérer l’adversaire comme un ennemi jusqu’à le supprimer (ce que j’appelle le Carlschmittisme de comptoir, trouver n’importe quelle justification pour que le débat soit annulé).
Le vicomte de Lagasnerie n’est qu’une note en bas de page de l’Opium des intellectuels de Raymond Aron, que je relis régulièrement pour comprendre ce qui nous arrive.
En même temps, comme dirait l’autre, le jeune homme ne constitue aucunement un danger pour le pouvoir en place, qui le trouve mignon. La métaphore de l’idiot utile a été bien trop utilisée pour être efficace, mais je suis convaincu que la prise de pouvoir par le nobliau du Vivarais est aussi improbable que l’avènement du califat.
En revanche, nous, les sociologues, nous avons à balayer devant notre porte. Moi le premier. Nous avons trop longtemps laissé dériver la sociologie critique : si l’on ne peut plus distinguer un sociologue d’un activiste, autant fermer notre petit commerce. Si nous le laissons ouvert, il convient de ne pas le laisser ouvert à tous les vents. Car le vent mauvais chasse le bon.
2°)- José Dos Pasos :
Mouvance "antifa" ou comme autre exemple Antonin Bernanos , (arrière petit-fils de l'écrivain Georges Bernanos) , qui s'est pris 3 ans de prison ferme pour l'incendie d'un véhicule de police en 2016 . (Rare condamnation pour un fait exceptionnellement grave) .
Leurs profils sont toujours les mêmes , ce sont des fils de grands bourgeois en mal de reconnaissance et de sensations fortes . Ils pratiquent l'infiltration principalement auprès des jeunes plus facilement influençables dans les lycées , les facs , les assos humanitaires ou les partis politiques et syndicats de gauche , (FI , EELV , Unef , Sud , etc ...) , et bien sûr d'extrême gauche . Ils soutiennent les "racialistes" , le comité Traoré , l'ultra-gauche "progressiste" des campus US , la fin des frontières , des Etats-Nations et donc de la France ...
Ils sont dangereux parce que très actifs et on peut sans hésitation les qualifier de "fachos de gauche".
L'avantage de ce genre de philosophes, c'est qu'il expose clairement le mode de fonctionnement du camp du Bien : l'émancipation par le soft-totalitarisme. C'est, selon lui, le contrôle de masse de nos idées qui doit nous sauver : cela ressemble un peu aux punitions sur les réseaux sociaux...

MARIANNE.NET
"Censure" pour les "impurs"