Tous les vieux militants politiques comme moi, du PC, LCR, PSU, qui ont milité dans les années 70, se souviennent, jusqu'au bout de leurs orteils, avec des souvenirs brulants, de la puissance incroyable du Parti Socialiste !!! Qui siphonnait tous les autres partis de gauche, comme le montre les résultats de l'élection de 1981 : effondrement électoral du PC, PSU réduit a 1,1%, LCR même pas présente...Avec déjà le diktat du vote utile, qui ratiboisait tous les autres partis de gauche. Frédéric LORDON explique très bien la manipulation incroyable de la menace du vote utile : les gens n'ont droit à la parole qu'une fois tous les 5 ans. Et, en plus, vote utile oblige, ils ne peuvent pas librement choisir leur candidat (cf Interview dans TELERAMA 2012) !!! Je prolongerai le raisonnement de Frédéric LORDON, en disant que les solfériniens se conduisent comme les gangs à Chicago ; ils ne nous font pas les poches, mais ils nous piquent notre bulletin de vote : c'est du RACKET !!!
Poser, comme on l'a fait, dans le précédent texte, que l'on arrive au bout d'une histoire, au bout de l'hégémonie PS, apparue avec le congres d'Epinay de 1971, prenant fin dans la France de 2013 : cela signifie par conséquence de réexaminer la puissance du vote utile, à la lumière de 2013 :
1°)-Déjà, en 2012, le vote utile a eu du mal a fonctionner : du moins, au début de la campagne. Pourtant, a une ou 2 semaines du premier tour, nous connaissons tous, dans notre famille, au tavail, des gens qui ont préféré, in fine, voter HOLLANDE à JLM. En intentions de votes, on est passe de 17% a 11% : la menace du vote utile, si elle ne nous a pas ratiboise comme en 1981, nous a fait perdre un tiers des suffrages.
2)- Aujourd'hui, lorsqu'on discute avec ces mêmes électeurs tardifs de HOLLANDE, ils sont naturellement très critiques vis a vis des mensonges de HOLLANDE, ses promesses non tenues en matière de lutte contre le chômage. Nul doute, et comme ils nous le disent, qu'ils ne voteront pas PS aux Municipales. Bien sur que les Solfériniens vont nous jouer la grande scène du vote utile, des le premier tour. Mais, j'ai beaucoup de raisons de penser, qu'arrivant à la fin de leur puissance, n'étant plus hégémonique à gauche, n'ayant plus aucune capacité de "faire croire" et de poudre aux yeux a revendre, comme en avait un MITTERAND, cela ne marchera pas ou peu...
Nous assistons aujourd' hui a 2 phénomènes : la fin de l'hégémonie du PS, et l'arrivée d'un nouvel entrant en politique, le FDG, qui redistribuent les cartes en profondeur. Tout le calcul des Solfériniens repose sur le postulat-erroné, selon lequel, le champ politique est un monde clos, autonome du champ social : avec un droit d'entrée très élevé, passage par l'ENA, nécessité d'être un professionnel de la politique, etc... Comme l'explique très bien Pierre BOUDIEU, "plus le champ politique est autonome, plus les agents politiques raisonnent en fonction de ce seul champ. C'est une erreur profonde, car les luttes pour le pouvoir dans le champ politique sont reglées, in fine, par les profanes, avec leur bulletin de vote. CE SONT LES LAICS QUI ONT LE DERNIER MOT !!!" (Propos sur la champ politique, éditions PUL, 2000). En clair, ce sont les gens ordinaires, qui ont le pouvoir de disqualifier, faire mordre la poussière du PS, juste bon a produire du Mensonge majuscule. Et, inversement, a promouvoir, canoniser le FDG, comme la force politique la plus importante de gauche. Naturellement, cette situation ne tombera pas toute cuite dans notre bouche. Comme le préconise Nathanaël UHL dans son article publié dans Politis du 7 juillet ( "le FDG à la croisée des chemins"), il faut revenir a la "pureté" de notre début de campagne 2012, lorsque l'on passait nos journées a populariser notre programme. En ajoutant qu'il faut aussi booster ce programme de solides propositions en matière de lutte contre le chômage et la pauvreté...!!!
PS : Dans mes derniers articles, je parle beaucoup de l'ouvrage de Pierre BOURDIEU, "Propos sur le champ politique", éditions PUL, publié en 2000, soit 2 ans avant sa mort. Il s'agit d'un livre d'entretiens et de texte epars. BOURDIEU n'a pas eu le temps de systématiser, théoriser, structurer sa pensée. Au détour d'un paragraphe, on tombe sur 2 lignes, qui justifieraient 50 pages de développement. C'est donc un livre en chantier. Mais, il contient des pépites, des analyses cristallines du champ politique du sociologue hors pair qu'était Pierre BOURDIEU. Des concepts qu'il faut mettre au travail dans une situation précise, si on veut qu'ils soient éclairants, lumineux, qu'ils nous parlent dans notre action militante quotidienne. Donc, un très grand livre que je vous recommande chaudement...
