1°)-11 septembre 2020 : On reposte un billet sur les Gilets Jaunes rédigé le 14 décembre 2018 intitulé : "Les Gilet Jaunes rendent possible l'impossible d'hier: ". : soit au tout début du mouvement des GJ.
Comme chacun s'en souvient, l'émergence des Gilets Jaunes, représentant les sans nom, les sans grades de notre pays, a surpris tout le monde, à commencer par les élites politiques.
Surtout , le mouvement des Gilets Jaunes a ouvert un nouvel espace des possibles, inenvisageable hier encore. Telle est bien là la marque de fabrique des GJ, que nul ne pourra leur enlever.
Nous n'étions pas nombreux, y compris sur Facebook, à défendre activement leur cause. Leur programme. Leur structuration : assemblée des assemblées.
Ce texte, je l'espère chaleureux pour les GJ, rappelle assez bien l'air du temps, nos rêves face aux Gilets Jaunes qui régnaient en cette fin d'année 2018...!
2°)- Billet Médiapart du 14 décembre 2018 /
Le crépuscule jaune fluo de la Vème République : les Gilets Jaunes appellent à une sixième République ! Comme disait Alain Badiou dans Les Inroks de mai 2017, "les jeunes et les classes populaires sont clairement demandeurs d'une offensive anti système"(sic). Offensive anti système qui passe bien sûr par la VIEME République, mais pas seulement. Elle passe aussi par une nouvelle répartition des richesses, retour au plein emploi, lutte contre la pauvreté. Jamais les propositions sur ces thèmes formulées par notre programme "L'avenir en commun" n'ont été autant d'actualité. Notre programme AEC est le grand gagnant de ces 4 semaines de mobilisation des Gilets Jaunes, qu'on se le dise !
Les Gilets jaunes réinventent un nouvel espace des possibles. Comme écrit Alain Badiou dans son ouvrage : "Le réveil de l'Histoire", édition Lignes, 2012 : "à la continuation vaille que vaille d'un monde fatigué, le mot "démocratie" n'étant que la tentative historique d'une régression sans précédent, visant au pouvoir illimité d'une oligarchie financière et impériale, le temps des émeutes constitue un réveil de l'Histoire contre la pure et simple répétition du pire"(sic). En l'occurrence, le mouvement des Gilets Jaunes est la tentative de construire un après Vème République et un nouveau modèle économique et social de répartition des richesses, fondé sur l'égalité. Le cri "Macron démission" est typique des émeutes historiques. Il crée la possibilité d'une victoire, puisque l'enjeu immédiat de l'émeute est fixé.
A propos de la révolution tunisienne, Alain Badiou écrit : "à combien d'années en arrière faut-il remonter pour assister au renversement d'un pouvoir centralisé et bien armé par d'immenses foules aux mains nues ?" (sic). De la même façon, à combien d'années en arrière (Mai 68?), faut-il remonter pour assister à un combat frontal jusqu'à la tentative de terrassement total de l'adversaire, le pouvoir macronien surarmé, par des femmes et des hommes majoritairement pacifiques ? Nous vivons un moment rare : et cela, intuitivement, chacun de nous se fait la même réflexion.
Autre citation intéressante de Badiou : "On assiste à la brutale modification du rapport entre possible et impossible. C'est que l'évènement populaire massif crée une des-étatisation de la question du possible" (sic). De la même façon, dans les débats, les réflexions des Gilets Jaunes, apparaissent les mots de "6ème République", "Référendum d'initiative citoyenne", idées jusque là totalement minoritaires dans le champ des idées politiques. Et on parle d'expérience.
Ainsi, Patrice Weigel se bat activement et depuis des années pour la reconnaissance du référendum d'initiative citoyenne. Il s'est adressé à tout le monde susceptible de l'aider dans sa démarche : Bureau National du PG, Direction de la FI, à chaque député LFI, à certains députés PS "ouverts", Jean Lassale, à des intellectuels comme Jacques Sapir, Frédéric Lordon, Jacques Généreux, etc..Il les a tous fait. A chaque fois, la réponse était la même : C' EST IMPOSSIBLE...! Inversement, les Gilets Jaunes, notamment les Gilets Jaunes du 94 ont remis sur la table l'idée du RIC, devenu tout à coup "POSSIBLE", "REALISABLE"....!
De mon côté, je me bats sur Facebook depuis 2009, pour faire accéder dans la bulle médiatique des sujets dont on parle la question sociale mise au rancart par tous les gouvernements successifs, au profit de la question immigrée. Mes articles et projets de livres sur le chômage et la pauvreté ont été refusés par tout le monde : PG, FI, NPA, PCF, ATTAC, maison d'édition comme "La Découverte", etc. C'était, parait-il u sujet "archéo" qui n'intéressait personne, alors que je comptabilisais 15 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. 80% des français ayant du mal à joindre les deux bouts. Depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes, en l'espace de quatre semaines, on a plus parlé des problèmes de fin de mois, qu'au cours de ces 40 dernières années. Même les directions syndicales s'y sont mises. Grâce aux Gilets Jaunes, la question sociale devient la question numéro une de l'agenda politique, y compris celui de Macron. Là encore, les Gilets Jaunes ont rendu possible l'impossible d'hier....
Ce n'est pas Macron qui peut faire la VIème Republique ou le RIC. Ni JLM trop englué dans son parlementarisme de pacotille. Reste Ruffin, à condition qu'il abandonne sa stratégie d"'union de la gôche" contre productive : qui ne pourra que lui faire perdre ses soutiens jeunes +classes populaires. En ce moment, on le trouve bien silencieux, ne faisant aucun passage media...