1)- CHARLES SCHALSCHA ECRIT : "Charlie, rencontré pour la première fois en 1964 dans l'appartement familial de la rue d'Hauteville (je n'ai pas oublié le numéro de téléphone : Taitbout 85 87). Il n'est pas encore au lycée Jacques Decour. Il y a Solange, bien sûr, son mari, la grand-mère, survivante d'Auschwitz et qui ne parle que yiddisch.
Charlie (Najmann), le petit frère de Maurice (Najmann). Charlie qui passera une bonne partie de sa vie à tenter de se débarrasser de ce statut de petit frère. Pas sûr qu'il y soit parvenu : son dernier film, Pitchi Poï, est une sorte de long règlement de comptes avec son aîné.
Charlie et sa fixation sur Haïti, comme un moyen d'avoir son propre territoire - qu'il étendra au Sénégal.
Charlie qui ne supportait plus de voir Maurice se défoncer et qui, furieux, lui lança un jour : "Mais comment peux-tu te fabriquer le même corps que les déportés à Auschwitz ?"
Charlie qui perd de plus en plus la tête à l'approche de la mort de Maurice.
Charlie, intelligent, cultivé, qui deviendra Charles.
2)-Brigitte Pascall : "Charlie Najmann, frère de Maurice Najmann, est décedé. J'ai bien connu son frère, Maurice Najmann, lorsque dans les années 80, nous étions ensemble au Bureau Politique de la Fédération pour une gauche alternative (FGA). Il faut savoir : Charlie a été nommé "Charles", à cause de Charles de Gaulle. Maurice a été prénommé Maurice, à cause de Maurice Thorez. Dans la famille Najmann, on ne rigole pas, on a la Politique, P majuscule dans le sang. Solange, mère ou grand mère de Maurice, communiste, a connu les camps de concentration. Ce que raconte Charlie Najmann dans son film de 1992 "La mémoire est-elle soluble avec l'eau ?". Il explique notamment que le Gouvernement allemand paye chaque année aux ex-détenus de camps, ex-pyjamas rayés, des séjours aux eaux de Vichy, ça ne s'invente pas...!
Les mauvaises langues disaient que Charlie avait tous les défauts de son frère (son instabilité), jamais son intelligence, une finesse politique hors du commun. Je me souviens de cette réunion des CCA, (Comités communistes pour l'autogestion), au cours des années 80. Maurice est à la tribune, Charlie, au fond de la salle, multipliant les vacheries contre son frère. Moi, je suis au premier ou au second rang, écoutant religieusement les paroles de Maurice. Le buzz de Charlie, je ne l'ai su que bien plus tard : de toute façon, je préfèrerai toujours et un milliard de fois Maurice...!
Que l'on me permette de répondre à l'accusation de "défonce" (d'ailleurs un mot très "années 70"..!) de Maurice. Il vient d'être salement viré de "Libération", par July, l'incompétent notoire, celui qui écrit avec une truelle les infos glanées à l'Elysée. Celui qui commence toutes ces phrases par : "en gros", alors que précisément l'analyse politique est toute dans le détail...! Malheureusement, Maurice s'enfonce dans la cocaïne. Jusqu'à ce que J-F Kahn le recrute aux "Nouvelles Littéraires", ancêtre de "Marianne". Avant le début des réunions du BP de la FGA, Maurice jette sur la table quelques exemplaires des "Nouvelles Littéraires" : avec des articles signés par lui. On pousse un soupir de soulagement, Voila pourquoi, j'aurais toujours un faible pour J-F Kahn...!
Je rappelle à ceux qui l'auraient oublié, que Maurice a été le conseiller politique de COLUCHE. Monté très très haut en 1980 dans les sondages, bien au dessus du score actuel de JLM. Maurice et la première femme de COLUCHE, Véronique Colluchi, tirent l'humoriste vers la gauche et vers la politique. Dans leur jeunesse en 68, Véronique et Maurice (15 ans) ont milité ensemble dans les CAL (comités d'action lycéen), soutenus par le Parti Communiste. Je viens de lire un livre de Georges Séguy sur le Mai de la CGT, où il défend avec vigueur ces CAL, une forme de jeunesses communistes. Ceci explique cela. Ce n'est pas faire injure à Coluche que de dire, qu'il a acquis toute une culture politique, grâce à sa femme et à Maurice...! Certain soirs, je vais rêver sur le mur FB intitulé "Bye Bye Maurice Najman" rebaptisé "Bye Bye les frères Najman" : il le mérite...!
PS: une pensée aussi pour Gilbert Marquis, grand ami de Maurice, qui nous a quittés au début de l'année...