MENER LA GUERRE DES MOTS CONTRE LE VOCABULAIRE LIBERAL, AFIN QUE "EXPLOITATION", "CAPITALISME", "CHOMAGE" REAPPARAISSENT DANS L'ESPACE PUBLIC...!!!
Pierre BOURDIEU et Loic Wacquant ont rédigé un article très stimulant pour la revue "Manière de voir, Le Monde diplomatique" n'137 d'octobre-novembre 214 intitulé "L'import-export de la soumission". Ils montrent comment, "dans tous les pays avancés, patrons, hauts fonctionnaires, intellectuels médiatiques et journalistes de l'idéologie dominante, se sont mis de concert pour parler la même langue étrange, au vocabulaire, apparemment surgi de nulle part : "mondialisation", "flexibilité", "gouvernance", et j'ajouterai "régulation" (du dialogue social), "employabilité", "coût salarial", undersclass", "exclusion", "nouvelle économie", "gouvernance zéro", "communautarisme", et leurs cousins "post-modernes", "ethnicité", "minorité", "identité", "fragmentation", etc...
La diffusion et l'imposition de ce nouveau vocabulaire libéral planétaire va de pair avec l'absence non moins remarquée d'autres mots "anciens', domination", "classe sociale", que je complète également par : "capitalisme", et "capitalisme financier", "exploitation", "inégalités sociale", "Vème République" et "présidentialisme", ""classe sociale", "ouvriers", "précaires", "chômeurs", "900 000 jeunes au chômage", "plein emploi" et "politique de plein emploi", "revenu d'existence décent" (800 euros), "solitude", "isolement", "souffrance" des chômeurs, "pauvreté", "Peuple" et "Peuple souverain", "intérêt général", "état redistributeur", "nation" ("ceux qui aiment les binious et les bourrées déclarait délicatement BHL !), "Les lumières" et "l'esprit des Lumières", "le progrès social", "le bien vivre ensemble", "la Révolution Française', "les lendemains qui chantent, "le grand soir", "manif République-Bastille", "un avenir meilleur", , "le pouvoir au Peuple", "le pouvoir à la base", "autogestion", .etc...
Cette révolution linguistique, ce nouvel impérialisme culturel est porté par les partisans de la révolution néolibérale, lesquels, sous couvert de "modernisation", refont un monde au seul service de la finance et des grands patrons, qui exploitent le pays et le Peuple en coupes réglées, comme il n'a pas été possible de le faire depuis le régime de Vichy. C'est à dire, comme le montre Frédéric LORDON dans son ouvrage "Et la vertu sauvera le monde...?", édition Raison agir, 2008, la sainte alliance qui se noue, a partir des années 70 autour de la stricte éefense de la finance :
- hauts fonctionnaires-énarques formatés au seul libéralisme.
- capital industriel, qui rétablit son taux de profit en chute libre dans les années 70.
- Capital financier, qui cherche des rendements juteux : "le return on equity" est la nouvelle règle consistant a ne financer que les projets, dont le rendement est au moins de 15%.
Il s'agit de faire table rase du passe, de toutes les conquêtes sociales (retraite) et économiques (keynésianisme) résultant de plus de 200 ans de luttes sociales. Et d'un personnel politique, JAURES, BLUM, le CNR et Ambroise CROIZAT, Pierre MENDES-FRANCE,POMPIDOU...favorables a des réformes sociales, visant à tirer les plus démunis par le haut...
Mais, comme notent justement Pierre BOURDiEU et Loic WACQUANT, ce verbiage, novlangue "moderniste" est repris "par des producteurs culturels (chercheurs, écrivains, artistes) et des militants de gauche qui, pour la grande majorité d'entre eux se pensent toujours comme progressistes". On prendra un exemple : le rapport annuel de la Fondation de l'Abbé PIERRE. En 2010 et 2011, certes,ce rapport dénonçait très courageusement "le cynisme"(sic) d'un Sarkosy ne faisant rien contre le "mal logement" (re-sic), un vocable "moderne" qu'aurait certainement détesté l'Abbé PIERRE, qui préférait parler de "pauvres", point barre ! Mais, à compter de 2012, le rapport est uniquement émaillé de ces mots feutrés, euphémisés, comme "exclus" à la place de "pauvres", "habitat dégradé" au lieu de "taudis", "ZUS" en lieu et place de "bidonvilles" chanté par Claude NOUGARO dans les années 60...!!! Tout comme a disparu toute critique vis a vis du PS au pouvoir. Comme me l'a explique Carlos, qui a longtemps travaillé à la Fondation Abbé Pierre (FAP), la FAP est proche du PS....Ceux la même qui devraient mener un travail de résistance linguistique contre ce nouveau vocabulaire branche, s'alignent et le reprennent à leur tour, concourant à sa légitimation dans le champ social...Une défaite de la pensée ignorée de tous, et certainement, l'échec le plus cuisant signé par la "vraie" gauche à reprendre la main...
Voilà pourquoi, tout le travail idéologique entrepris par le PG depuis sa création (novembre 2008), et, aujourd'hui, le mouvement 6ème République est d'abord et avant tout une GUERRE DES MOTS, pour reconquérir les places fortes perdues par l'offensive libérale. Avec notre programme "L'Humain d'abord", nous avons réabilité les idées de "gouverner face a la finance" et de "définanciarisation de l'économie", de "nouveau partage des richesse", de problème attache au "coùt du capital" et non pas au "cout du travail". Avec le lancement du Mouvement 6ème République, JLM sort de l'oubli et promeut les mots "Peuple" et "Souveraineté populaire jusqu'au bout", dénonce le "pouvoir de la finance", préférant "l'intelligence colllective des salaries", réclame un "salaire plafond maximum" des dirigeants, "réduire le cout du capital et accroitre la rémunération du travail". Optant pour l''investissement contre les dividendes", "l'intérêt général" contre l'intérêt particulier de la finance" et "la main invisible du marche", "la planification écologique" et la "règle verte". La "VIeme République", le "référendum révocatoire" contre la "monarchie présidentielle" et "'opaque mécanisme des institutions européennes" : tous ces mots sont empruntes dans la tribune de JLM du Monde du 19 septembre.
Très modestement, sur les questions "chômage" et "pauvreté", je ne cesse de me battre pour parler des "chômeurs", non des "demandeurs d'emploi", pour imposer le mot "pauvre" et non pas le mot "exclus". Parler "du manque d'argent des français" et non pas du terme vague, aseptise de "problème de pouvoir d'achat".
On le sait toutes et tous : cette guerre des mots est essentielle, primordiale, vitale. Aussi importante que la guerre des idées que nous menons en même temps, pour rompre a tout jamais avec ce libéralisme aux yeux de pierre, qui veut la mort du Peuple français, comme il a eu la peau des Peuples grec et palestinien de Gaza. Réinventer ces mots perdus, abandonnés de tous, sous le prétexte d'être, de se sentir "moderne", tel est un des enjeux du Mouvement 6ème Republique. De réinventer un espace social, ou nous disposerons de nouveau de nos mots a nous, "classe sociale", "classe ouvrière", "exploitation capitaliste"...au lieu de vivre comme dans des étrangers dans un pays lointain avec une langue bizarre, qui n'est même pas la notre...