ALAIN BADIOU ANALYSE LE PROJET DE LA FRANCE INSOUMISE : CE QUE J'EN PENSE..!
1)-Une grande lecture. En ce moment, je lis l'ouvrage d'Alain Badiou "Éloge de la politique", édition Café Voltaire-Flammarion, 2007. A propos de la France insoumise, voici son analyse : "Je ne veux, d'aucune façon, être pris pour quelqu'un qui veut nuire à la France insoumise. Je comprends très bien que les jeunes, les retraités, les banlieusards marseillais, etc., votent pour Mélenchon (...) Depuis le XIXeme siècle, tous les intellectuels révolutionnaires ont commencé, plus ou moins, dans cette ambiance social-démocrate de gauche ou communiste "modérée". Ils ont toujours été pris dans des histoires de scissions de la social-démocratie. Comme Marx et Engels critiquant durement le parti social-démocrate allemand. Comme Lénine créant sa fraction bolchevique. Comme Mao s'opposant, dès la fin des années 20, à la majorité du parti chinois sur des points cruciaux. Un peu après, comme Mélenchon, créant son organisation hors du parti socialiste....Ce qui me rend Mélenchon pénible, et qui fait que je ne crois nullement qu'il soit inscrit dans le projet d'une seconde voie politique, c'est sa défense intégrale de l'héritage mitterandien (...)
Mais ce que je crois, c'est que, via le mélenchonisme, vont apparaître notamment dans la jeunesse intellectuelle, des gens capables d'intérioriser la nécessité et l'urgence d'une nouvelle possibilité politique (...)C'est de l'intérieur de ces oppositions, y compris circonstancielles, que les jeunes vont pouvoir faire leurs premières armes politiques, rencontrer, discuter avec d'autres intellectuels : ça c'est très bien. C'est en réalité, la tentative d'une reconstruction de la social-démocratie de gauche, qui a toujours été nécessaire à l'émergence d'une nouvelle mouture du communisme.
2)Commentaires Brigitte Pascall : Alain Badiou estime que le programme de la France insoumise, "L'Avenir en commun" serait une "défense intégrale de l'héritage Mittérandien. A tort. Son analyse est profondément inexacte. Souvenons nous : à compter de 1983, Mittérand décide la fin de l'indexation des salaires sur les prix : soit un cadeau de 380 milliards fait aux employeurs (chiffre Martine Orange de Médiapart). Et la libération à outrance, forcenée des capitaux : c'est à dire la reddition honteuse, et à marche forcée du pouvoir socialiste à la gloire du capitalisme mondialisé. Son acceptation craintive du triomphe du marché mondial. Je n'ai jamais voté Mitterand. Et je ne suis pas la seule, parmi les militantes et militants de la FI, qui ne veulent surtout pas en entendre parler...
Parmi les anti-Mittérandiens, notre programme "L'Avenir en commun" décréte fort justement le contrôle immédiat des capitaux. Qui plus est parmi les 10 premières mesures d'urgence à prendre, dès que la FI aura pris le pouvoir. Autrement dit, une mesure non négociable.
Il est manifeste que Badiou n'a pas pris le temps de lire notre programme. Celui-ci est profondément anti-finance folle, anti-libéral, anti-marché mondial. Et vise à lutter férocement contre la libération des capitaux. Et la spéculation internationale. Le programme de la FI à été rédigé par Jacques Généreux, qui n'a de cesse de dénoncer dans ses livres, ses conférences, le capitalisme barbare dérèglementé. Voilà ce qu'il disait dans une conférence à Bézier au mois d'octobre 2014 : "A compter des années 80, on rentre dans une économie capitaliste, ou on laisse toute liberté à l'argent. Les pleins pouvoirs sont donnés au capital, avec la grande déréglementation, L'ABSENCE DE TOUT CONTROLE DES CAPITAUX. Nous sommes dans une situation véritablement extra-ordinaire : pour la première fois, l'humanité abandonne son éternelle aversion à l'argent : on connaît le résultat ! "(sic). En ignorant notre programme condamnant sans nuance le bilan mitterandien, Badiou commet donc une grave erreur d'appréciation.
Si effectivement, JLM défend la mémoire de l'homme Mittérand, qu'il a bien connu ; sa capacité à donner à réfléchir, être un politique dès la seconde où il noué ses lacets de chaussures : et cela toute la journée, la semaine. Intellectuellement très au-dessus du personnel politique actuel. Un homme qui disait à Mauroy en 1967: "donnez-moi 100 hommes déterminés ; et je deviendrai Président de la République" : et qui a tenu ses promesses. En revanche, le programme voté par tous les insoumis , qui lutte vent debout contre la finance, esquisse une nouvelle possibilité politique, diamétralement opposé au triste bilan libéral des années 80.
2,2)- Autre commentaire : la France insoumise n'est pas un tout monolithique. Il y a une droite (Corbière, Garridol), ex du PS, et souhaitant faire de la FI un PS bis, point barre. Et qui ont voté Macron au second tour des Présidentielles. Et puis il y a ceux qui se positionnent à gauche de la FI, et qui mettent en avant le primat de la question sociale. Et la sortie de la zone euro en plan A, comme mes amis (Dominique, Ariane, Jean-Jacques, Nathalie, Liliane, Sabine, Alain, Souria, etc.). Et moi bien sûr. Nul doute que nous sommes porteurs d'une alternative véritable, d'une seconde voie susceptible de rallier les jeunes, les classes populaires et une partie des classes moyennes. Nous essayons de reconstruire une social-démocratie de gauche, qui a toujours été nécessaire à l'émergence d'une nouvelle hypothèse communiste.
Et JLM essaie de fédérer les deux lignes (droite et gauche de la FI) par une stratégie essuie glaces : un coup à droite, un coup à gauche de la FI...!
Sur ce point, et avec Carmina Rougevif, on est d'accord avec Badiou : la FI est un creuset idéologique, dont sortira un projet politique renouvelé....!