LA CLASSE OUVRIERE REPRESENTE DEUX MILLIARDS DE SALARIES DANS LE MONDE...!!!
Pierre BOURDIEU expliquait un jour, dans un de ses cours au Collège de France : "Ca fait très chic de toujours annoncer que "c'est fini"- c'en est fini du marxisme, c'en est fini du social, c'est le "retour de", ou "la fin de". C'est une stratégie prophétique élémentaire qui fait faire beaucoup de bêtises. Les sociologues, spécialement français, ont toujours annoncé les nouvelles classes, les nouvelles ruptures, les mutations, etc. Mon métier, c'est de voir à quel point ces ruptures et ces mutations sont difficiles, à quel point elles sont rares...C'est une sorte de biais professionnel, qui est peut être renforcé par l'expérience que j'ai eue de tous ces découvreurs de l'inouï..." ( Sur l'Etat, cours au Collège de France 1989-1992, éditions Raisons d'agir, janvier 2012).
1°)- Dans la catégorie "découvreurs de l'inouï", "prophète élémentaire" au service d'un personnel socialiste totalement lobotomisé par le libéralisme, pour reprendre un mot de Jacques GENEREUX, le think thank TERRA NOVA, laboratoire d'idées proche du parti Socialiste se pose comme le champion des "mutations", des "nouvelles classes sociales" que le corps social français, si on le suivait au pied de la lettre, si on obéissait craintivement à ses prophéties de Prisunic, ne cessent, selon lui, de produire presque annuellement. Ainsi, il "théorise" l'abandon de la Classe ouvrière par le PS, à un moment où précisément, prolophobie (haine du populaire) oblige, les ouvriers, les employés, ont déserté le parti solférinien, comme l'explique Gaël BRUSTIER/JP HUELIN, dans "Recherche le Peuple désespérement", éditions Bourin, 2009. Et que le "programme" de la "gôche" caviar abandonne toute préoccupation populaire, en termes de manque d'emploi, manque d'argent, au profit du "sociétal", comme le mariage pour tous, ou les salles de shoot pour les drogués. Ce serait donc faux de réduire les idées des "penseurs" de Terra Nova, à un seul travail de "sociologues", dont Pierre BOURDIEU nous invite à prendre avec beaucoup de prudence. Et qui ne s'appuient sur aucune démarche scientifique visant à COMPRENDRE le réel. Juste à la MAQUILLER d'une fausse science. Tant ces prises de position sont, en réalité, un miroir de la dérive des responsables du PS, uniquement soucieux de faire alliance avec le capital.
2°)- Autre remarque : cette "analyse", selon laquelle, les préoccupations socio-économiques de la Classe ouvrière "seraient en déclin" (sic), au profit de valeurs libertaires apparues dans le sillage de Mai 68 ne résistent pas une seconde à l'examen. Depuis novembre 2008, on a collectionné plus de 200 sondages, qui montrent TOUS que le CHOMAGE EST LA PREOCCUPATION NUMERO UN DES FRANCAIS, y compris les cadres supérieurs qui ont peur pour leurs enfants, peur du chômage qui existe dans chaque famille, et va bien au delà des seules classes populaires !!! Il en est de même du manque d'argent, qui tenaille une grande partie du corps social, puisque 80% des français ont du mal à boucler leurs fins de mois.
3°)- Selon TERRA NOVA, il existerait une nouvelle "coalition"(sic), une nouvelle "majorité", un électorat de rechange que possèderait le PS, s'il laisse tomber les ouvriers et les chômeurs. Ce nouvel électorat serait composé de femmes, jeunes résidant dans les ZUS, de jeunes tout court et de diplômés. Comme chacun sait, y compris au NPA, les jeunes des quartiers populaires ont beaucoup de mal à s'intéresser à la politique. A Toulon, où le centre ville a été déclarée "zone franche"par Hubert FALCO, et qui est suivi aussitôt après par les yachts et la richesse la plus scandaleuse, ma très bonne amie Fahima LAIDOUDI, du NPA, où j'ai milité un an, après m'être disputée avec JLM, qui ne voulait pas publier mes articles sur le chômage, a fait un énorme travail auprès des gamins des cités, où elle était très populaire. Naturellement, les questions emploi/précarité occupaient une place essentielle. Donc, ces "nouvelles" catégories pointées par TERRA NOVA ont des "valeurs" très proches de celles des ouvriers que l'on veut abandonner !!! Il en est de même pour les femmes, deux fois plus au chômage que les hommes. Idem pour les diplômés, quand on sait que les jeunes diplômés de Sciences Po ne trouvent pas d'emploi : comme Quentin DEXPERT, militant du PG, que chacun ici connait bien, et qui est actuellement en CIVIS ! Donc, ce texte est un ramassis d'inepties et de sottises : je vous en recommande cependant la lecture, uniquement pour faire de la contre analyse...
Au contraire, et tout à fait dans l'esprit de la démarche proposée par Pierre BOURDIEU, on souhaite montrer comment ces supposées "mutations" sont difficiles ! Et comment la permanence de la Classe ouvrière est une donnée de fond, qui s'impose, au delà des modifications sociologiques intervenues au cours de ces cinquante dernières années. Nous nous appuyons sur le remarquable article de Chris HARMAN "La Classe ouvrière dans le monde", disponible sur le site de la revue "Que Faire", dont je vous recommande chaudement la lecture : la classe ouvrière est représentée comme affaiblie par la mondialisation heureuse. On vit aujourd'hui la fin de l'image paradigmatique de l'ouvrier de la grande entreprise industrielle. Et, cependant, la Classe ouvrière représente deux milliards d'individus dans le monde : 51% dans l'industrie, 65% dans les services.entre secteur secondaire et tertiaire. Ainsi, un ouvrier de l'industrie alimentaire qui remplissait des boites de conserve, classé, comptabilisé dans le secteur de l'industrie dans les années 50, est devenu un vendeur de chez Mc Do, qui donne de la nourriture dans une poche en papier, donc émargeant parmi les salariés du tertiaire. Loin de disparaitre, la Classe ouvrière s'est modifiée, étant plus nombreuses dans le tertiaire que le secondaire. Avec des statuts juridiques très différents, des salaires hélas très différenciés, une place extrêmement variable et changeante dans l'appareil de production.
En France, et comme le montrent les travaux de Gérard NOIRIEL, "les ouvriers dans la société française", très longtemps nomade, son enracinement est tardif : les ouvriers, enfants d'ouvrier n'est vérifiée qu'une seule fois, dans ce que NOIRIEL appelle "la génération singulière", période d'enracinement qui va des années 30 aux années soixante-dix. L'unité, la cohésion de la classe ouvrière française est donc le résultat du très beau travail d'identification entre "eux" ( bourgeoisie) et "nous (ouvriers), et de politisation de la Classe ouvrière effectué par le PC et la CGT, au cours des années cinquante. La Classe ouvrière française actuelle souffre selon moi, beaucoup plus, de la crise de ce travail d'identification, que d'un repli sociologique non vérifié dans les analyses sérieuses. On rappelle qu'ouvriers et employés forment 50% du corps électoral.
Donc, c'est à un nouveau travail d'identification politique de la Classe ouvrière que l'on appelle de tous nos voeux : sur le modèle du travail militant du PC et de la CGT des années 50, prenant appui sur le projet économique du Front de gauche, que l'on doit booster de solides propositions de lutte contre le chômage et le manque d'argent ! LA CLASSE OUVRIERE EST BIEN VIVANTE, C EST A NOUS A LUI DONNER UNE IDENTITE ET UN ROLE DANS LE CHAMP POLITIQUE ACTUEL !!!!
Billet de blog 24 août 2013
LACLASSE OUVRIERE REPRESENTE 2 MILLIARDS DE SALARIES DANS LE MONDE...!!!
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