Le « SDF », le « sans abri » sont des vocables récents, apparus en 1993. Il s’agit de catégories de l’intervention publique, historiquement datées. Qui participent, comme le « sans papier » ou le « mal logé » de réécriture symbolique et pratique de la question sociale, participant de sa désidéologisation :
1°)- Il existe 400 000 sans abris :
Les pouvoirs publics n’ont eu de cesse de minorer, nier le nombre de sans abris. Pendant plus de dix ans, ils ont mobilisé le chiffre de 85 000 SDF, puis de 100 000. Alors même que la crise économique détruisait, rien qu’au cours de l’année 2009, 600 000 emplois. Et que le chômage continuait de croître continument entre 2004 et 2010. Patrick DECLERCK, psychiatre, qui a vécu quinze ans avec les sans abris, auteur d’ouvrages sur le sujet d’une grande lucidité, évaluait à 400 000 le nombre de personnes gravitant autour de la rue.
Or, dans une enquête publiée au mois de janvier 2011, la division de l’INSEE effectue une nouvelle enquête sur les sans abris (1). Et parvient à un chiffre de 394 000 personnes vivant dans la rue, soit un chiffre très proche de celui de Patrick DECLERCK.
- 133 000 personnes sans domicile, dont 33 000 hébergés dans un centre d’urgence.
- 38 000 vivants à l’hôtel
- 19 000 hébergés chez un particulier
- 110 000 vivants dans un habitat mobile
- 85 000 déclarant vivre dans un habitat de fortune ( squat)
- 34 000 en hébergement longue durée
TOTAL : 394 000
2°)- Il existe 20 000 places d’urgence et 80 580 places pour les personnes sans logement (logement d’urgence et sans urgence inclus) : la création du 115 par la loi de lutte contre les exclusions du 19 juillet 1998 visait à offrir à tous les sans abris une solution d’hébergement pour le nuit. Cette disposition, très sociale dans son principe, est malheureusement totalement vidée de sa substance dans son application. En raison du manque chronique de places en hébergement d’urgence : 20 000 places(2), alors qu’il y a 400 000 sans abris.
Contrairement à une idée reçue, le problème du 115 n’est pas réductible à une question de standard toujours saturé. Puisque 29 permanents y travaillent en permanence. Encore faut-il préciser que la gestion du 115 est le fait d’une association, qui le gère sur ses propres crédits : et non pas une mission de service public effectuée par des fonctionnaires de l’Etat. Le 115 n’ouvre pas avant 20 heures. Il faut attendre au moins 20 minutes, pour s’entendre dire que toutes les places d’urgence sont prises.
Au début de l’année 2008, selon une enquête de la DREES (Direction de la recherche, des études, des évaluations et des statistiques) (2) dépendant du Ministère de la cohésion sociale, on comptabilisait 20 000 places d’urgence ( CHU), soit une place pour 20 sans abris. Une étude plus récente de la DREES de juin 2011(3) faisait état de 70 380 places, pour les personnes sans logement hébergées, en principe hors urgence. Soit, avec l’hébergement d’urgence, 80 580 places. Dans les CHRS (34 094), les centres non conventionnés ( 6258), les centres maternels ( 4 320), les maisons relais ( 3998), les CADA ( 20 382), les CPH ( 1328). Soit une place pour 5 sans abris.
Les crédits attachés à l’hébergement d’urgence sont en hausse de +12,7% dans le budget 2013. Ils devraient permettre de financer +1000 places en 2013, 5 000 places d’urgence pendant le quinquennat de HOLLANDE. Soit 90 000 places disponibles, ce qui signifie que 310 000 sans abris dorment encore sur le trottoir...
Billet de blog 29 août 2013
LES SANS ABRIS
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.