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Billet de blog 30 mai 2016

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LE MOUVEMENT SOCIAL ANTI-KHOMRI EST AUSSI UN MOUVEMENT SOCIAL FRANCO-FRANCAIS

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LE MOUVEMENT SOCIAL ANTI-KHOMRI EST AUSSI UN MOUVEMENT SOCIAL FRANCO-FRANCAIS CONTRE LA CLASSE DIRIGEANTE FRANCAISE...!

Aujourd'hui, nous souhaitons revenir sur deux articles récents de Jacques Sapir :
- 1)-Lutte contre la loi El Khomri et souveraineté du 27 mai 2015.
- 2)-La dynamique du mouvement social contre la loi El Khomri du 28 mai 2016.

Les deux analyses pointent le rôle du Mouvement social anti-Khomri, conçu comme "LE PREMIER MOUVEMENT SOCIAL CONTRE L'UNION EUROPEENNE (sic). L'auteur montre, qu'au cours de ces 20 dernières années, le rôle normatif de l'U-E s'est fait de plus en plus contraignant, de plus en plus sévère :

- soumission étroite des pays de l'Union à la règle des 3%.
- imposition du "Six-Pack", limitant le déficit structurel à 1%. Et sanctionnant tout pays n'appliquant pas les réformes ordonnées par la Commission Européenne : ce qui risque d'arriver, si on retire la loi Khomri.

- Promulgation du TSCG, ou comment retirer, sous un habillage technique, la politique économique et sociale de la France.

On partage tout à fait l'analyse de J. Sapir et les conclusions qui s'y attachent : à savoir, la nécessaire sortie de la zone euro en plan A. On n'est d'ailleurs pas la seule. De plus en plus, Il est intéressant de lire sur Facebook, outre des articles très étayés, toute une "vulgate", des posts, commentaires beaucoup moins ambitieux : développant la même idée, mais de façon beaucoup plus "grand public" : affichettes, tracts, vidéos, déclarations du PRCF. Voire prise de position de JLM lui-même, reconnaissant que le véritable auteur de la loi Khomri se trouve à Bruxelles...! C'est un fait : la mobilisation contre la loi Travail est à l'origine de nombreuses prises de position eurosceptiques. Une véritable campagne de presse s'organise contre l'euro, par une partie des anti-Khomri..

Mais simultanément, il nous semble que l'on ne peut pas réduire ce mouvement à la seule critique de l'Europe. LE MOUVEMENT SOCIAL ANTI-LOI TRAVAIL NOUS SEMBLE ETRE AUSSI UN MOUVEMENT SOCIAL "CLASSIQUE", "FRANCO-FRANCAIS" CONTRE LA CLASSE DIRIGEANTE FRANCAISE. C'est un mouvement contre la Bourgeoisie nationale, les Drahi, Bergé, Bolloré, Lagardère, Dassault, Pinault, Arnault, etc, , qui ont fait leur pelote sur le dos des salariés et des chômeurs français.

Or, en dépit de son "évidence", personne n'ose écrire ou affirmer un tel propos. C'est donc l'hypothèse que nous souhaitons vérifier, malgré sa banalité en quelque sorte. Le marxisme relégué dans les poubelles de l'Histoire y est sans doute pour quelque chose. Résultat : on a l'impression d'être devant un sujet "impensé", une boite noire, que personne n'ose ouvrir. Personne n'ose mettre en perspective historique les 40 dernières années, afin d'en dégager la logique. C'est ce que nous voulons faire :

On partira du milieu des années 70, avec les grandes manoeuvres de la Bourgeoisie financière et de ses bras armés politiques, pour restaurer une rentabilité du capital en chute libre à la fin des années 60-début des années 70, Cette restauration de la rentabilité prit les formes de l'ouverture des frontières, mondialisation des échanges. Et surtout de la casse du statut de l'ouvrier fordien d'après guerre :

1)- Entre 1976 et 2016, le chêmage passe de 1 million à 6 millions d'ex-salariés, chiffre de la DARES. 9 millions, selon nos propres comptes. Le chômage est un outil de coercition sur le monde du travail, voulu, entretenu, grossi par tous les gouvernements en place depuis 40 ans.

2)- 1976, c'est aussi la date du PREMIER PLAN DE RIGUEUR : au nom de la lutte contre l'inflation jugée prioritaire, les français "doivent se serrer la ceinture" (sic). Et cette austérité à vie dure depuis 40 ans. Comme écrivait Sylvie Caster dans "Le Canard enchainé" en 1983, "à force de plans de rigueur, on va être obligé de mettre un élastique à la ceinture de son pantalon, tellement on aura maigri, à force de privations...!"

3)- 1983 marque aussi la fin de l'indexation des salaires sur les prix : en clair, on cesse d'augmenter les salaires chaque année plus que l'inflation. Résultat : un pactole de 380 milliards d'euros donné aux entreprises, un chiffre peu connu publié par Martine Bulard de Mediapart.

4)- Au cours des années 90, on assiste à la fin des augmentations généralisées de salaires. Désormais le salaire augmente "au mérite", "à la tête du client". Le salaire au mérite participe de toute une stratégie du management", visant à individualiser les conditions de travail. Avec le triomphe du "management", on assiste à la naissance d'un nouveau problème : la souffrance au travail...

5)- 2002, 2010, 2013 : réformes de l'âge permettant de bénéficier d'une retraite à taux plein. Malgré le mouvement social de l'automne 2010, l'age de départ à la retraite à 65 ans est voté.

En résumé, 40 ans de reculades sociales ininterrompues ! Alain Badiou écrit en ce sens : "On ne peut qu'être inquiet de la faible résistance, au regard de ces destructions successives. Cette résistance est en fait UNE CONSTANTE RECULADE.Elle est localisée, dispersée, corporatiste, très souvent, sectorielle, aucune vision d'ensemble ne la soutient. En réalité, CETTE RECULADE EST ININTERROMPUE DEPUIS 30 ANS...!" (Sic, extrait de son ouvrage : "Notre mal vient de plus loin. Penser les tueries du 13 novembre 2015, édition Fayard, 2015.)

Mais le pire me semble-t-il, est que personne, occupant une position reconnue, n'ose écrire la brève histoire de ces 40 dernières années, telle que nous la relatons ci-dessus. Par un phénomène de cécité collective incroyable. Mise à part Badiou, professeur émérite à l'ENS, mondialement connu, qui ne cherche à plaire à personne. Cette triste Régression sociale fait partie de l'IMPENSE, de l'INAVOUABLE COLLECTIF, surtout a gauche...! Voila pourquoi, réduire la loi Khomri à une seule injonction bruxelloise est une explication juste, mais partielle. Il importe aussi d'analyser le rôle déterminant joué par le capital français, pour mettre aà mort socialement une partie importante du monde du travail, dans l'indifférence la plus totale...!

Rompant avec 40 ans de reculades, LE MOUVEMENT SOCIAL ANTI-KHOMRI EST UN MOUVEMENT SOCIAL FRANCO-FRANCAIS CONTRE LA CLASSE DIRIGEANTE FRANCAISE...!

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