LA FABRIQUE DU CRETIN DIGITAL,
Michel Desmurget, édition du Seuil, 2029
Petite discussion entre Dominique Kern et moi
1°)- Dominique Kern : Ce livre (la fabrique du crétin digital) parle du développement cognitif des enfants, beaucoup d'enseignants se posent des questions à ce sujet...Moi je me pose des questions sur ce sujet...Les contenus aussi pose question ... Et il parle du terrible conditionnement que ça permet ...Sans l'internet auraient ils pu nous imposer la crise covid ? de la façon dont elle nous a été imposé ...
Ca reste à voir ...
C'est plutôt sous la forme d'un questionnement sur ce que nous vivons...J e pourrais aller beaucoup plus loin dans mon raisonnement ... Même dans le travail ! Ce que ça supprime c'est effarant toujours....Mais pas seulement dans la presse ou la Bd que je connais bien !..1
OUi au début il parle aussi de la façon dont sont manipulés les sondages ...On peut presque faire la même critique avec la façon dont est manipulé l'information sur la crise actuelle ...1
2°)- Brigitte Pascall :
Je réponds à tous tes posts :
2.1°)-moi aussi, j'observe les gens scotchés sur leur portable, dans le bus qui m'emmène au travail. Il y a un détail dont tu ne parles pas : ils sourient : à cause d'un dessin marrant, d'une info neuve. Alors que quand ils regardent la télé, ils sont avachis, angoissés par les fausses infos que l'on déverse.
2.2°)-La télé (info officielle) et Facebook (info officieuse critique) : ce n'est pas du tout la même chose, c'est même tout le contraire : c'est notre seul espace de liberté, et pour combien de temps encore ? !
2.3°)- En revanche, je suis tout à fait d'accord avec toi : l'informatique est sensée résoudre régler aujourd'hui tous les problèmes d'apprentissage , alors que, comme tu écris très bien : "n'importe quel neurologue vous dira que l'homme se construit dans l'interaction avec les autres, avec tous les autres ...." (sic)
L'apprentissage de l'écriture ne peut se faire qu'avec un enseignant "pour de vrai", un membre de l'éducation populaire, etc. Maintenant, j'ai suivi des projets innovants d'ateliers d'écriture sur le web, avec de très bons résultats. Où les jeunes, avec un encadrant professionnel, apprenaient à écrire, raconter une histoire, sur le net. il y a un bon usage du net à avoir, moitié internet, moitié humain.
2.4°)-En revanche, je ne suis pas d'accord avec ta référence :"tous les écrans"(sic). Internet n'est pas un tout unifié. Il y a des espaces critiques (réseaux sociaux) et des espaces imbéciles. L'utilisation d'internet peut se faire
3°)-Dominique Kern : C'est de santé psychique globale dont il faut parler...Le cerveau qui a mis des milliers d'années a se construire n'est pas fait pour subir cette avalanche de , je ne sais pas comment définir, apprendre une langue étrangère avec des cassettes c'est déjà très difficile, il faut l'interaction...
Moi j'ai du mal a résister à l'envahissement de nouvelles qui, même si elles sont bonnes, ne peuvent être contrôlées, c'est cette avalanche qui m'inquiète Brigitte...
Ca ne permet pas d'approfondir, ça reste à la surface des choses, survoler ... Maintenant il y a des outils certes, mais ou est le bon usage de ces réseaux et de tous ce qui est proposé sur l'informatique...
JL Godard dans son film "Passion" trouvait déjà que le cinéma ne construirait jamais des chefs d'oeuvre comme ceux qu'on fait les grands maîtres de la peinture classique... Depuis qu'il y a les réseaux, ou sont les grands écrivains , les grands philosophes qui existaient et qui étaient lus dans la période précédente... Ou est l'excellence ! dans le net, si c'était si efficace ! ...Je pense mais tu n'es pas obligé de penser comme moi , que c'est un miroir aux alouettes...C'est un piège pour l'intelligence ...Quelques rares s'y retrouvent certes !
·4°)-Brigitte Pascall : on est d'accord sur une idée commune : i l ne faut pas laisser les enfants et les adolescents tout seul derrière un ordi. Il faut qu'ils soient encadrés par un professeur, un membre de l'éducation populaire, un bénévole d'une association, etc.
Personne ne t'oblige à rester passivement 12 heures devant un écran. Le fait que tu écrives tous les jours en réussissant à produire du neuf, témoigne d'une sacrée performance.
Maintenant, oui, l'excellence, elle est sur le net : pas ailleurs. La crise de la littérature et de la philosophie n'est pas concomitante avec l'arrivée de Facebook en 2004. Elle lui est bien antérieure. Elle remonte au milieu des années 70 : quand les livres de Tournier sont devenus secs. Sartre non remplacé. Le putch de BHL en 1977 chez Pivot, les livres à deux balles de Françoise Verny....
Suite à cette dégringolade de l'excellence littéraire et philosophique, al télévision a pris le pouvoir. Comme écrit Pierre Bourdieu, elle a eu pendant longtemps le monopole de la formation de notre jugement social, surtout notre jugement politique.
Facebook a été créé en 2004. Au départ, il s'agissait de mettre en relation des scientifiques sur des conversations de très haut niveau. La massification de l'usage des réseaux sociaux a eu tendance à véhiculer l'idéologie dominante. Par exemple, je trouve que Facebook se fait l'écho trop souvent de tel ou tel fait divers.
Mais on trouve aussi de la contre idéologie de qualité : c'est sur Facebook que j'ai découvert la loi de 1973 privant la Banque de France du droit de battre monnaie. Les blogs de Jacques Sapir et Frédéric Lordon, etc...Et des auteurs moins connus comme toi.
Les réseaux sociaux, les blogs, c'est aussi la fabrication du neuf critique digital. Et de cela, Desmurget ne parle absolument pas dans son livre.