Pour ceux et celles qui aiment cheminer, ce loisir est souvent synonyme de liberté. Le randonneur aime généralement à penser que, ça au moins, on ne pourra pas le lui voler: les chemins où il va.
Il se trompe.
Pièce et Main d’œuvre* propose ici une enquête essentielle sur ce qui est train d’advenir dans les Calanques: un espace sécurisé par QR code au motif que le lieu est en danger à cause de la surfréquentation.
La sollicitude des pouvoirs publics pour le milieu naturel ne va évidemment pas jusqu'à demander des comptes à Alteo (ex Péchiney) qui déverse ses tonnes de boues rouges dans le coin.
La fascination pour le techno-contrôle n'a pas pris naissance avec la pandémie de Covid, mais on ne peut que constater que ce moment a fait tomber des barrières, donnant des idées à beaucoup, aiguisant des appétits.
Ainsi, le randonneur se retrouvera bientôt tout à fait cerné: entre les QR codes de la société du contrôle qui s'étend, les élevages de 8000 porcs détruisant les peintures multi-millénaires, les chemins privatisés de force, et les blessures infligées par l'extractivisme capitaliste.
Nul doute que la prochaine étape sera, par les mêmes moyens, l'accès payant à une nature qui sera vendue comme "sauvage et libre", à la mesure que nous sommes emprisonnés et domestiqués jusqu'à l'os.
C'est une pensée assez française de croire que cela ne peut arriver: dans nombre de pays, l'accès au milieux naturels est payant.
C'est même à l'origine de la création des Parcs Nationaux Américains, lesquels servent de modèle aux parcs régionaux et nationaux du monde entier: les défenseurs du wilderness ont cru bien faire en situant la défense du milieu naturel dans le cadre capitaliste, promouvant ces parcs en en démontrant le potentiel de rentabilité.
Preuve que la fin ne doit jamais faire oublier les moyens sans quoi les lendemains déchantent immanquablement.
Souriez, vous êtes scannés. Mais c'est pour la défense de la nature.
* merci à eux!

Agrandissement : Illustration 1
