« Ouagadougou Pressé », tel est le titre de son spectacle dont je vais vous parler. Roukiata Ouedraogo occupe, seule, la scène pendant plus d’une heure, pour notre plus grand bien. La prochaine représentation est prévue le 22 mai à 20h30 au Lavoir Moderne dans le 18eme et il semble bien que pour l’instant ce soit la dernière prévue. Alors ne la ratez pas.
Décidément la scène artistique burkinabè réserve bien des surprises. Je me connecte très régulièrement à la presse burkinabé. D’ailleurs si vous voulez suivre l’actualité au Burkina Faso, il n’y a guère d’autre possibilité. J’avais donc entendu parler de Roukiata Ouedraogo, notamment lorsqu’un autre jeune artiste burkinabè plein de talent, Désiré Sankara, dont j’ai parlé ailleurs (voir http://www.thomassankara.net/spip.php?article1295) m’avait informé qu’il faisait la première partie de son spectacle à Ouagadougou. J’avais lu aussi quelques échos très élogieux dans facebook.
Elle jouait à Paris le 7 mai, j’y suis donc allé avec mon épouse, qui n’a fait qu’un court séjour à Ouagadougou il y a plus de 20 ans. Ce soir là, elle avait besoin de rire. Ca tombait bien. Et elle n’a pas regretté non plus.
Le Lavoir Moderne est un peu vétuste, encore un théâtre parisien, sans doute tenu par quelques passionnés, qui se meurt en donnant leur chance aux jeunes artistes sans recevoir suffisamment de subvention.
Roukiata Ouedraogo, a vite fait de réchauffer la salle, malheureusement peu remplie. Mais ceux qui ont fait le déplacement n’auront pas regretté. On n’était pas nombreux donc j’entendais tout le monde rire.
« Petit modèle », c’est le nom de son personnage, du fait qu’elle est mince, va nous tenir en haleine pendant plus d’une heure. Vétue de rouge, sa coiffure, les oreilles bien dégagées, des cheveux uniquement au dessus du visage, met en évidence un joli visage enjoué et rond, dont les expressions semblent infinies. En effet, elle a l’art de tortionner son visage dans tous les sens, jouant de ses yeux, qu’elle arrondit à loisir si nécessaire mais aussi de sa bouche. Je retiens une scène particulièrement hilarante. Un jeune prétendant, mâchant son chewingum en s’adressant au père de « petit modèle », elle arrive si bien à tortionner sa bouche qu’on croirait presque voir un chameau !

Car sa performance est éblouissante. Elle endosse tous les rôles, la maman et la fille, le policier et celui qui grille le feu rouge, la coiffeuse de Maison Rouge et sa cliente, la minette et son prétendant, la jeune fille qui ruse pour sortir de chez elle et son père sui fait le guet avec son gourdin, le taximan et sa cliente… et j'en passe
Grâce à l’accent caractéristique du français ouagalais, les différentes situations qui s’enchainent les unes derrière les autres, les burkinabè ou les français nostalgiques se retrouvent vite dans une ambiance familière. Le sourire et la bonne humeur, la nostalgie s’emparent alors pour une plongée au coeur de la bonne humeur de l’ambiance ouagalaise, après une petite introduction dans un salon de coiffure à Chateau Rouge. Le pays est pauvre certes, mais la bonne humeur, les sourires et l'humour sont omniprésents.
Vous l’aurez compris, cette jeune actrice qui, après avoir fait le court Florent, a commencé par écrire un récit de la princesse Yenega, parait pleine de talent. Ce serait dommage que vous n’en profitiez pas.
Oui décidément une génération de jeunes artistes burkinabè émergent. Je vous parlerai plus tard des musiciens Si vous êtes impatients venez en découvrir quelques uns à http://www.thomassankara.net/spip.php?rubrique48. Mais je voudrais profiter de ce petit mot consacrée à une artiste, pour signaler deux chorégraphes burkinabè dont la qualité de leurs spectables m'a particulièrement impressionné et ému. Il s’agit d’Auguste Ouedraogo qui travaille avec Bienvenue Bazié (voir une présentation à http://www.thomassankara.net/spip.php?article742) et Serge Aimé Coulibaly que vous pourrez découvrir à http://www.thomassankara.net/spip.php?article594.
Mais dans l’immédiat c’est de Roukiata Ouedraogo dont il s’agit ! Ne ratez pas son spectacle Ouagadougou Pressé le 22 mai à 20h30 au Lavoir Moderne au 35 rue Léon dans le 18eme. Et le prix reste très accessible. Si jamais vous ratez encore cette date vous aurez peut-être une autre chance. D'autres dates seront peut-être annoncées sur le blog de Roukiata Ouedraogo à http://www.roukiata-ouedraogo.fr ou sur sa page facebook à https://www.facebook.com/messages/roukiata.ouedraogo.7.
Bruno Jaffré