Je ne suis pas allé à cette marche, car je ne suis pas un adepte de l'unité nationale et encore moins de l'unité internationale. ll y a plein de dirigeants français ou d'autres pays avec qui je n'ai rien de commun et avec qui je ne veux pas partager ma révolte et mon émotion.
Malgré tout, je salue la réaction du peuple de France, magnifique. Même si on peut regretter l'émotion sélective, même si ce peuple, dont je fais partie, reste dépendant des informations que l'on choisit pour lui.
Mais j'aurai aimé que tous ces dirigeants du monde poursuivent leur manifestation en se rendant tous au Nigéria pour exprimer leur émotion après l'attaque de la secte Boko haram qui a détruit 16 villages et tué 2000 personnes!
Nous assistons en réalité à une démonstration d'un impérialisme émotionnel, le corollaire de l'impérialisme tout court.
L'émotion de la France occidentale se déverse sur le monde entier, celle du Nigéria ne dépassera pas ses frontières.
C'est ainsi. Les victimes ne sont pas égales!
Nous avons encore beaucoup à faire.
Je voudrais aussi dire à mes amis musulmans, nombreux, surtout en Afrique que je sais combien certaines caricatures de Charlie Hebdo, ont du les choquer si tant est qu'il les ont vus, comme elles choquent les chrétiens. Pour les juifs, je ne suis pas sûr que Charlie ait été aussi incisif, car il faut reconnaitre qu'en règle général, on est, en France, plus sensible à l'antisémitisme qu'à l'islamophobie ou au racisme anti-arabe.
Je ne connais pas bien l'histoire de la religion musulmane mais je sais aussi que l'histoire de la chrétienté à été par moment effroyable.
Il y a quelques caricatures que je trouve tout à fait limite, mais je pense qu'on ne peut pas restreindre la liberté de la presse d'une façon ou d'une autre.
La liberté est le résultat de nombreux combats, de nombreux sacrifices, sur plusieurs siècles. Elle autorise évidemment certaines dérives, mais elle doit rester sacrée.
Bruno Jaffré