Bruno Jaffré

Ecrivain, historien de la révolution du Burkina Faso (83 - 87), auteur d'une biographie du président Thomas Sankara et d'autres ouvages sur le Burkina, animateur du site thomassankara.net, animateur du réseau international "Justice pour Sankara Justice pour l'Afrique", militant associatif, membre de SURVIE, journaliste occasionnel

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Billet de blog 20 mai 2013

Bruno Jaffré

Ecrivain, historien de la révolution du Burkina Faso (83 - 87), auteur d'une biographie du président Thomas Sankara et d'autres ouvages sur le Burkina, animateur du site thomassankara.net, animateur du réseau international "Justice pour Sankara Justice pour l'Afrique", militant associatif, membre de SURVIE, journaliste occasionnel

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5 mai 2013, une belle initiative… Mais,Jean Luc M, faudrait pas prendre une manif pour la montée des marches de la croisette...

Bruno Jaffré

Ecrivain, historien de la révolution du Burkina Faso (83 - 87), auteur d'une biographie du président Thomas Sankara et d'autres ouvages sur le Burkina, animateur du site thomassankara.net, animateur du réseau international "Justice pour Sankara Justice pour l'Afrique", militant associatif, membre de SURVIE, journaliste occasionnel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 5 mai, je suis bien sur allé manifester. De bon cœur. Le Front de gauche est notre espoir. J’ai vécu les élections présidentielles, avec un enthousiasme que je n’avais pas ressenti depuis bien longtemps.

Lors de la dernière campagne électorale, je suis retourné à quelques meetings, entrainant même ma famille au fameux rassemblement de la Bastille. Jean Luc Mélenchon a porté notre espérance et le fait encore. Il sait exprimer, notre révolte, notre humanisme, notre espoir, nos propositions, notre espérance de solidarité et de fraternité. Il le fait avec talent dans la tradition des grands orateurs de gauche. C’est un vrai plaisir de l’écouter.

Une annonce très personnelle

La façon dont il avait appelé, en son nom au rassemblement du 5 mai, c’est du moins le souvenir que j’en ai,  m’avait tout de même interpellé. L’affaire Cahuzac me fait vomir. Trop de connivences, de courbettes, cadeaux et autres petits services qui en demandent d’autres en retour, entre les hommes politiques et les hommes d’affaire, voilà où ça nous mène ! Alors oui, bien sur aller manifester ma colère, mon dégout, ma volonté de changement, balayer pourquoi pas…. Mais ce n’est pas une affaire personnelle n’est ce pas ?

Heureusement, après cette annonce très personnelle, les téléphones ont sonné. J’aurai aimé en connaitre les détails. Par exemple « Jean Luc, Ok pour manifester ensemble, mais voyons-nous, faisons un communiqué, mettons nous d’accord sur les mots d’ordre. »  Personne ne s’est rendu compte de rien.  Mais je crois avoir deviné. Les organisations du Front de gauche et d’autres, le NPA et une partie des Verts ont rejoint l’appel. Une initiative opportune donc, particulièrement pertinente pour aller vers une autre majorité, alors que la « gauche » du parti socialiste donne de la voie de plus en plus. Seule voie discordante, celle du Député André Chassaigne qui a déclaré publiquement qu’il n’irait pas manifester, sans doute choqué par la façon dont cette initiative avait été amenée. Un ami membre du PCF, rencontré ce 5 mai, m’a fait part de sa perplexité. Pour lui Chassaigne aurait du faire preuve de discipline mais surtout ce sont les communistes qui auraient du prendre cette initiative !

Face aux journalistes plutôt que face au public

 J’arrive en avance, me rend directement aux avant postes pour observer ce qui se passe, voir les personnalités, prendre quelques photos. Je m’approche. Une estrade a été montée à l’angle de la rue de Lyon et du boulevard Daumesnil pour les orateurs... Ils font face à une rangée de caméras, alors que le public, jusqu’à la Bastille, est derrière eux, à moins qu’ils  ne se contorsionnent pour ne pas trop s’éloigner du micro. Un peu surréaliste non ? Faut-il donc qu’au Front de gauche aussi, les artifices de communication prennent  le dessus ?

Je n’irai jusqu’à la place de la Bastille, j’imagine qu’il y avait des écrans et des haut-parleurs. Mon ami,  plus discipliné que moi, qui s’était effectivement rendu à la Bastille m’a expliqué s’être longtemps demandé où étaient les orateurs !

 Je prends le temps de flâner en avant, alors que le boulevard est encore vide.

Les associations, les partis, parfois des maisons d’éditions,  qui ont du matériel à distribuer des choses à vendre, s’installent au bord du trajet, souvent avec des banderoles. « Citoyens écrivons nous-mêmes notre constitution ». Intéressant ! Je me rappelle avoir lu très attentivement les propositions d’une association, dont j’ai oublié le nom, qui propose que les rédacteurs de la constitution soit tirés au sort.

Je me poste au-dessus du boulevard Diderot, sur l’ancienne voie de chemin de fer, transformée en coulée verte, qui surplombe le boulevard Diderot, à la recherche d’un bon point de vue me permettant de prendre de bonnes photos. J’attends, j’attends… patiemment. Avant le départ, les dirigeants politiques répondent souvent à quelques interviews, se font prendre en photo. J’imagine que c’est la raison de tout ce temps. Petit à petit le boulevard se remplit. L’ambiance est bon enfant. Les gens sont en même temps graves mais heureux d’être là, ensemble, de bonne humeur. Il y a beaucoup de monde. Il fait beau.

Jean Luc Mélenchon vedette

La tête du cortège, approche enfin, précédée du service d’ordre. Je ne vois ni Pierre Laurent, le dirigeant du PCF, ni Jean Luc Melenchon. Je cherche… longuement avant de trouver ce dernier. Il est derrière, ostensiblement séparé des autres dirigeants. Il salue, prend des bains de foule, s’arrête ici ou là, se fait prendre en photo, se fait applaudir.  La vedette du défilé ? Je descends de mon observatoire pour être plus près, au même niveau. Je me rends compte que cette attitude est une posture en réalité. Car ça continue. Mais qu’est que ça veut dire ? J'écris alors que nous sommes en plein festival de Cannes. Ca me fait immanquablement penser à la montée des marches du festival de Cannes...

J’entends à côté de moi, des gens qui se donnent des conseils : « Si tu veux qu'il vienne vers toi tu n'as qu'à crier RESISTANCE

» ! Nulle doute que des gens en redemandent. Faut-il pour autant rentrer dans ce jeu?

Cet appel, seul, à cette manifestation était murement réfléchi.  Oui c’est vrai, mieux vaut de l’enthousiasme pour s’engager dans une cause. Un bon leader charismatique est un atout. Surtout s’il est bon orateur, mieux excellent débatteur. Mais attention. Le Front de gauche est un regroupement d’organisations. Il ne faut léser personne. Et savoir respecter ses alliés. Ce genre de numéro, lui aussi très probablement encore murement réfléchi, donne l’impression d’une stratégie politicienne pour garder le premier rang et montrer sa popularité à ses propres à ses alliés. Ca ne peut d’ailleurs que les agacer, pour le moins.

Préparer l'avenir

Oui Jean Luc, tu nous a redonné de l’espoir mais il ne faudrait pas que ça te tourne la tête. Il  faut ménager tes alliés car le chemin est long. Et puis n’as-tu pas dépassé les 60 ans ? Certes, c’est humain, de gouter à la popularité! Elle te donne sans doute de l’énergie, mais n’oublie pas de songer à la relève. Car le chemin est long avant que la vraie gauche influe sur les décisions du pays, encore plus long pour qu’elle arrive au pouvoir.

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