GAZA - VARSOVIE un même ghetto
(Textes provenant de la documentation de l’INA)
Témoignages de rescapés du ghetto de Varsovie
Récit de Sam Hoffengerg
19 avril 43. J’ai vu des officiers reculer avec des mains tremblantes et ne sachant pas comment tenir la mitraillette. C’était après qu’ils soient rentrés dans le ghetto, fiers, arrogants et qu’ils nous ont traités de sous-hommes. Ils ne voulaient pas nous tutoyer, ils ont employé un mot qu’on n’emploie même pas pour les chiens. Et quand on a vu les mêmes officiers SS apeurés et puis se retirer et ne sachant pas comment se cacher contre les murs, c’était la plus grande joie que nous avons pu avoir le soir de la Pessah.
GAZA. Le gouvernement israélien, sans aucune retenue, traite les Palestiniens de chiens, de sous-hommes.
Les prophètes ont enseigné inlassablement que les états fondés sur l’injustice ne survivent pas longtemps (Jeffrey Sachs).
Anna Langfus (interview de 1965)
On ne pensait pas à un massacre techniquement, scientifiquement organisé.
Ils partaient directement dans les camps où étaient les fours crématoires.
On a mis très longtemps à admettre ça, et une fois qu’on a compris que c’était vraiment ça, on disait, ce n’est pas possible.
On ne peut pas nous massacrer tous dans ce petit espace réduit.
On fera quelque chose, quelqu’un fera quelque chose. Le monde fera quelque chose.
Car il faut dire qu’au commencement nous étions ½ million.
Quand la révolte a éclaté nous n’étions plus que 40 000.
Personne n’a rien fait, derrière le mur était un autre mur, le mur du silence.
GAZA, le même cri : quelqu’un fera quelque chose, le monde fera quelque chose, on ne peut pas tous nous déporter, tous nous massacrer ! Mais derrière les murs, le mur du silence…
Léon Abramovitch
On n’imagine pas exclure d’une ville tout un quartier, l’entourer de murailles et entasser là-dedans une population 4 à 5 fois plus nombreuse que ce qu’elle était, dans des conditions de promiscuité telles que la maladie devenait bien vite une épidémie et que les moyens médicaux faisaient défaut.
Ça donnait la faim, le froid et la peur, je dirais même la terreur, les gens mouraient dans la rue.
J’ai vu un enfant se coucher et mourir devant moi.
J’ai vu un monsieur murmurer le Kaddish, la prière des morts, et puis de son journal il a couvert la tête de cet enfant.
Il s’agit de se prémunir pour que cela ne se reproduise pas.
Tant que la mémoire demeure, je crois que le monde entier peut se prémunir d’un régime nazi.
GAZA. Et pourtant cela se reproduit aujourd’hui, l’horreur des 20 000 cadavres d’enfants tués ou morts de faim, des 40 000 civils abattus froidement, délibérément, est-ce cela l’enseignement de la Thora ?
Le monde a perdu sa mémoire, Israël a perdu sa mémoire et devient bourreau à son tour en imposant la Shoah au peuple palestinien.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Marek Halter (lors d’une commémoration à Auschwitz en 2005)
Quand les jeunes polonais ont vu arriver 45 chefs d’État, ils se sont écriés : vous vous rendez compte, ces chefs d’États vont rendre hommage à ce million de morts juifs.
Dans un bâtiment était présentées les photos des victimes.
D’un seul coup, grâce à cette exposition, ils se sont rendus compte que ce million de vies disparues, toutes ces vies avaient un visage.
GAZA. On a vu et revu les portraits des otages.
Mais les 60 000 morts palestiniens sont trop nombreux pour qu’on leur attribue un visage.
Le Washington Post a dressé récemment la liste des 18 500 enfants tués par Israël, oui, ils avaient chacun un nom ! Rendons leur hommage !
Frédéric Rossif, réalisateur.
Varsovie est le seul exemple dans l’histoire qu’il y a eu une ville, habitée par
600 000 personnes qui a été entièrement détruite, y compris les habitants (à 500 près), et qui a été entièrement rasée à ras de terre, tous les murs rasés.
GAZA rasée. Ce sont les habitations de 2 millions de personnes rasées, la disparition idéologique de 3000 ans d’histoire, un nettoyage ethnique du peuple palestinien. Il faut qu’il n’ait jamais existé.
Israël, on ne construit pas une nation sur de telles ruines. Tu ne pourras à jamais être en paix.
Multimedia de la SHOAH
Octobre 1940, les Allemands forcèrent les juifs de Varsovie (environ 30% de la population de la ville, soit environ ½ million), à vivre dans un ghetto qui ne couvrait que 2,4% de la surface de la ville.
Pour empêcher tout mouvement de population entre la ville et le ghetto, celui-ci était surveillé de près et entouré d’un mur de 3 mètres de haut.
Juillet 42 : les Allemands commencent la déportation de masse vers le centre de mise à mort de Treblinka à 80 km de là.
Janvier 43 : les groupes de résistance construisirent des bunkers et tentèrent de se procurer des armes.
Avril 43 : quand les déportations reprirent, les combattants du ghetto décidèrent de tenir tête aux Allemands. Le soulèvement dura un mois.
Les Allemands mirent le feu au ghetto pour faire sortir ceux qui s’y cachaient.
16 mai 43 : les Allemands avaient écrasé le soulèvement et le ghetto n’était plus qu’un champ de ruines.
Les survivants furent déportés vers les camps de concentration et les centres de mise à mort.
GAZA : Qu’avaient fait les juifs de Varsovie, ils étaient chez eux, tranquilles, dans leur ville, et pourtant les Allemands les ont massacrés jusqu’au dernier.
Les Palestiniens aussi se sont soulevés après 60 ans d’occupation, ont décidé de tenir tête à l’occupant, ont construit des bunkers et se sont procuré des armes.
Les dirigeants israéliens ont mis le feu à Gaza.
Les survivants de cette Shoah vont-ils subir le même destin que ceux de Varsovie, la déportation ou l’anéantissement ?