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Billet de blog 1 février 2021

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Si tu avances quand je recule, comment veux-tu que je te confine ?

Emmanuel Macron est l’homme politique le moins courageux du monde, c’est maintenant une certitude, il a décidé de faire semblant de ne pas confiner. Nous atteignons le sommet de la lâcheté politique et du cynisme, du jamais vu à ce niveau.

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Emmanuel Macron est l’homme politique le moins courageux du monde, c’est maintenant une certitude, il a décidé de faire semblant de ne pas confiner.

Un non-confinement qui s’accompagne de mesurettes démagogiques à l’attention des petits commerces qui continuent d’agoniser, fermer les très grandes surfaces – plus de 20 000 m² – n’aura aucun impact sur la progression de la pandémie, cette mesure n’est clairement pas à la hauteur des enjeux.

Il navigue entre deux eaux.

Comme chacun sait, le président de la République française n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité d’après l’article 67 de la Constitution modifié par la loi constitutionnelle de février 2017.

Politiquement, pénalement, civilement et administrativement irresponsable, aucune action ne peut être engagée contre lui pour des actes accomplis en sa qualité de président.

Inattaquable !

Ce privilège d’un autre âge qui avait été aboli le 4 août 1789 par la Révolution française crée un profond déséquilibre à la tête de l’État puisque le Premier ministre et ses ministres sont politiquement, pénalement, civilement et administrativement responsables de leurs actes, eux.

On ne prend pas suffisamment en compte la dimension judiciaire de la pandémie pour qui veut comprendre les atermoiements du pouvoir et de la haute administration, si on veut comprendre la décision de Macron : un jour viendra où l’État et ses représentants auront des comptes à rendre devant la justice, les lampistes risquent de prendre très cher, c’est pour cela qu’ils avancent avec autant de prudence.

Et cela fait toute la différence entre Macron et « les autres », tous les autres.

Voilà pourquoi il a pris à contre-pied tout le monde.

Il est en campagne électorale, il va tout faire pour se retrouver, seul, face à Marine Le Pen pour le second tour de la prochaine présidentielle, il n’a que foutre des états d’âme de ses ministres et de leurs sbires, responsables d’administrations centrales et autre comité Théodule scientifique.

En faisant semblant de ne pas confiner, c.-à-d. en reportant à 10, 15, 20 ou 25 jours le confinement, Emmanuel Macron nous propose une énième version de son « en même temps » : il donne raison aux anti-confinement, au moins pour un temps, puis il reconfinera sous la pression des chiffres pour satisfaire ceux, nombreux, qui pensent qu’un troisième confinement est le seul moyen de freiner la progression inexorable du virus.

« Comme vous avez pu en juger, j’ai tout essayé, mais la situation sanitaire qui vient de s’aggraver brutalement m’oblige à reconfiner, contre mon gré » tel sera son message le soir où il annoncera ce à quoi tout le monde s’attend depuis 10 jours maintenant, l’opinion publique ayant été soigneusement mithridatisée à la solution finale du grand renfermement.

Il argumentera aussi sur la pénurie de vaccins pour justifier son retournement de veste, cela lui permettra, au passage, de s’exonérer des retards pris à l’allumage, il fera d’une pierre deux coups.

Je prends les paris !

Il ne peut pas faire autrement que de reconfiner pour une raison simple : la quasi-totalité des épidémiologistes, des réanimateurs, des urgentistes et des médecins généralistes que compte la France expliquent depuis deux semaines qu’il y a urgence à reconfiner si on veut éviter une catastrophe sanitaire du type de celle qui ravage actuellement l’Angleterre : à partir d’un certain niveau de progression, la pandémie sera totalement hors contrôle ; nous y arriverons entre la mi-février et la fin février si on ne reconfine pas.

Il ne peut pas prendre le risque de devoir assumer, seul, la responsabilité d’un désastre annoncé face à une communauté scientifique qui est unanimement favorable à un reconfinement, une communauté scientifique qui a de bons arguments d’ailleurs.

Le professeur Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique Covid-19 placé sous l’autorité du ministre de la Santé, a fait preuve de subtilité en déclarant il y a peu qu’il y a « parfois un décalage entre le signal donné par le Conseil scientifique et la décision politique ». Il a pris date !

Dans le cas d’une flambée de la contagion dans le prolongement du non-confinement annoncé par Castex jeudi dernier, Macron serait totalement carbonisé et dans l’incapacité de se représenter, il le sait puisqu’il passe son temps à gérer son image, sa communication, sans se soucier de l’intérêt collectif, la Nation passe en second.

Inattaquable oui, mais candidat à sa propre réélection !

Ajoutons à cet égocentrisme politique, à son narcissisme politique, son ADN ultralibéral, le MEDEF ne veut pas participer à l’effort de guerre qu’impose l’État Providence, Emmanuel Macron, candidat devenu président de la République, n’est pas un ingrat, il n’a pas la mémoire courte, il lui donne des gages de bonne foi, c’est le MEDEF qui l’a propulsé là où il est.

Avec Emmanuel Macron au pouvoir, nous atteignons le sommet de la lâcheté politique et du cynisme, du jamais vu à ce niveau.

Une très grande partie de la presse joue le jeu et applique les règles imaginées par ce Lucien de Rubempré qui nous sert de président, dans une version à peine revisitée de la Comédie humaine scénarisée par Balzac et de Gaulle, elle applaudit, elle argumente, elle justifie, elle rationalise ses errements, elle n’a pas d’autres candidats, elle a le même actionnaire … la voix de son maître.

Oui, la stratégie de Macron est d’être face à Le Pen au soir du premier tour, et si, par bonheur (pour lui) il est second derrière elle, avec 2 ou 3 points de retard (pas plus) il sera en bonne position pour l’emporter, l’épouvantail fonctionnera mieux s’il n’est pas en tête, il y aura moins d’abstentions.

Donc l’enjeu n’est pas le second tour, mais le premier !

Pour que la France commence enfin sa reconstruction politique, il faut que le second tour oppose Marine Le Pen à n’importe qui d’autre que Macron.

C’est vrai pour les gauches éparpillées, pour les droites disséminées et pour les écologistes divisées…

Nous avons encore un peu de temps devant nous …

Pensez-y, mes ami(e)s.

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