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Billet de blog 1 février 2023

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Ah ! La belle vie

J’entends des gens gémir, se plaindre et s’apitoyer sur leur supposé triste sort : les fins de mois seraient difficiles à cause de l’inflation, du coût de l’énergie, du chauffage, des loyers et je ne sais quoi encore, de la guerre en Ukraine aussi. Il faut voir le bon côté des choses, il y a toujours des solutions !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’entends des gens gémir, se plaindre et s’apitoyer sur leur supposé triste sort : les fins de mois seraient difficiles à cause de l’inflation, du coût de l’énergie, du chauffage, des loyers et je ne sais quoi encore, de la guerre en Ukraine aussi.

On a tendance à beaucoup exagérer, l’accumulation des motifs de frustration me plonge dans un abîme de perplexité, la liste des doléances est suspecte, il suffirait de dire, par exemple « mon loyer est trop cher », cela suffirait, mais y ajouter le prix de l’essence, de l’électricité, du prix du beurre et du café avec les effets très indirects de l’inflation est révélateur d’une rhétorique artificielle, purement théorique et, finalement, parfaitement malhonnête.

Je n’aime pas parler de moi, mais tout de même !

J’ai quitté ma maison de 180 m2 – à Levallois, 4 chambres pour mes enfants, salon et salle à manger – pour un studio de 37 m2 dans l’Eure-et-Loir à 77 kilomètres de Paris que je rejoins en utilisant le réseau SNCF quand il n’y a pas de grève.

Mon studio est au 6e sans ascenseur avec vue sur le cimetière de la commune voisine, côté sud, et pas de vue de l’autre côté à cause de l’immeuble mitoyen côté est, c’est très calme.

Le loyer est très raisonnable, 690 €, hors charges, 815 € charges incluses.

Il n’y a pas de supermarché à proximité, seulement une petite supérette tenue par des Arabes qui essayent de profiter de l’isolement pour augmenter les prix ! Quand on me parle de l’inflation, ça me fait bien rigoler, elle a un drôle d’accent l’inflation, très peu pour moi.

La bouteille de Sidi-Brahim à 3,99 €…quand même, il y a de l’abus !

Évidemment, on marche beaucoup. Pour faire les courses, pour aller chercher le bus qui nous emmène à la gare quand il n’y a pas de grève, pour consulter le médecin.  

Mon fils aîné est au chômage, il se dit très en colère à cause des mesures de restriction décidées par la gouvernement qui diminue la durée d’indemnisation de 25 %. Même chose pour moi après deux ans de chômage.

Nous sommes en fin de droit, mais ce n’est pas la fin du monde.

Il y a des solutions.

Par exemple, ma femme qui était infirmière libérale à Levallois fait maintenant des ménages le matin dans une petite usine, elle commence à 5h30 jusqu’à 15 heures, et s’occupe ensuite de deux petits vieux l’après-midi et le soir jusqu’à 20 heures, moyennant quoi, elle ramène quand même 790 € tous les mois !

Elle y va à pied, ça la fait maigrir, elle a perdu 14 kilos en 6 mois !

Ils ont raison de parler de la valeur travail, la preuve.

Je reviens sur mon fils : le restaurant chinois de la zone industrielle cherchait un plongeur, il n’y a pas de honte à être plongeur. Il n’a pas voulu…normal qu’il ait des problèmes !

La femme de mon fils demande le divorce, car elle ne veut pas partager notre studio avec nous, c’est son choix, je considère pour ma part que si elle décide de quitter mon fils c’est à cause d’autre chose, où est l’amour, je demande, mais où est l’amour dans cette décision très égoïste ?

Mon fils s’est mis à boire, c’est un signe de faiblesse psychologique, il tient ça de ma belle-mère, je crois.

Nous n’avons plus de voiture, j’ai été obligé de la vendre pour payer une dette de Total Directe Énergie de 3250 € sur un an.

Bon, d’accord, mais qui paye ses dettes s’enrichit, d’une certaine manière.

Je suis devenu écologique…ou écologiste, je ne sais plus.

J’ai quand même un petit problème de santé : je me suis cassé le dos en travaillant dans une entreprise de BTP, j’étais couvreur, j’avais commencé à 16 ans, quel souvenir, j’étais fier.

C’est vrai que travailler jusqu’à 64 ans pour refaire un toit, le dos cassé, ce n’est pas facile, le médecin me l’interdit, c’est vrai, mais le président, il n’y peut rien, ce n’est pas à cause de lui que j’ai ce problème, on mélange tout.

Mes deux petits, Alice et Jean, 21 et 19 ans, sont dans des boîtes d’intérim et nous rapporte une partie de ce que nous avons besoin pour régler les factures, ma femme fait le reste, heureusement.

Pour ce qui est de leurs amis, ou petits copains, ce n’est pas facile, notre studio n’est pas un lupanar.

Vivre à quatre dans 37 m2 ce n’est pas la mort, nous ne vivons pas au même rythme, c’est une question d’organisation et de bonne volonté.

Quand on reçoit l’appel de cotisation pour les charges, je crains toujours de ne pas pouvoir payer et que nous soyons expulsés, c’est vrai. Du coup ma femme fait des heures supplémentaires.

Il y a toujours des solutions !

J’espère qu’elle va tenir le coup, les femmes, on a beau dire, ce n’est pas comme nous, les hommes, elles sont moins solides, moi, c’est autre chose, j’étais couvreur, alors forcément …

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