Cette phrase qui me sert de titre aurait pu se compléter de guillemets pour éviter un quiproquos, le lecteur aurait immédiatement compris que je n'en étais pas l'auteur.
Trop facile, trop prudent, trop aseptisé, l'enjeu du débat mérite mieux.
Elle est dite par le Mahatma Gandhi, un homme qui a passé sa vie à prôner la non-violence.
Mais la lâcheté ?
De qui parle-t-il ? de quoi ?
Ne rien dire, laisser faire, souffrir en silence, faire souffrir dans la discrétion, ou le secret, mourir à petit feu, se replier sur soi, s'appauvrir et s'appauvrir encore et faire le choix de l'indifférence ?
Rester passif devant des animaux abominablement maltraités, odieusement martyrisés, qui hurlent de douleur et de peur, des images, des sons absolument insupportables : "Le véritable test moral de l’humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu’il échappe à notre regard), ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux.", de Kundera dans "L'insoutenable légèreté de l'être".
La violence est là, elle commence dans nos assiettes, la panse remplie résonne de ces cris, gorgée de violences, nous nous nourrissons de ces coups et de ce sang. Dans une dimension industrielle et planétaire.
Depuis des lustres, la violence nous accompagne, elle nous précède, il suffit d'ouvrir les yeux, d'écouter, la modernité n'a pas éradiquer la barbarie, elle la planque.
"...ceux qui sont à sa merci", pas que les veaux ! pas que les vaches ! pas que les cochons ! nous avons imaginé une société qui fait de l'aliénation et de la soumission les conditions de sa survie, sa raison d'être, sa culture.
Peut-être son but.
La mer qui nous a vu naître, l'air que nous respirons, la terre sur laquelle nous vivons sont aliénés, pollués, défigurés, la menace se précise, le danger est là, à nos portes, un désastre écologique puissant, quasi irréversible, d'une extrême violence, là encore.
Le sort que nous réservons à nos animaux est le même que celui que nous réservons à la terre, il s'articule autour d'un rapport de force, d'une lutte à mort.
Le recherche du profit, l'amélioration des marges bénéficiaires, l'augmentation sans limite de la sacro-sainte productivité, la course à la richesse matérielle conduisent des cerveaux malades à franchir des barrières génétiques naturelles, la vache finit par bouffer de l'agneau, elle devient "folle".
En fait ce n'est pas elle qui est brutalement, spontanément devenue folle, c'est vous, c'est moi, c'est ce modèle de société qui ne recule devant rien pour assouvir son insatiable volonté de puissance, peu importe les cadavres qui jonchent le sol.
Une société moralement dévastée, écologiquement moribonde, économiquement injuste et politiquement impuissante.
15.2 millions d'euros pour le patron de Nissan-Renault, la récompense d'un plan de restructuration avec licenciements, gel des salaires...une récompense boursière. Des journalistes complaisants qui comparent son salaire de 2015 avec celui de 2014 mais qui ne parlent pas, ou peu, ou pas assez du salaire qu'il avait reçu en 2013...3 fois plus ! qui ne parlent pas des actions qui lui sont données "gratuitement", comme si "gratuitement" avait un sens chez ces gens là !
Une banque qui donne des leçons de morale à ceux qui osent pointer du doigt le caractère totalement illégal de ses 976 sociétés domiciliées au Panama contrairement à ses engagements pris il y a deux ans à peine devant micros et caméras.
Un ministre du budget qui dissimule ses revenus mais prévient ses compatriotes qu'il sera intransigeant avec les fraudeurs du fisc.
Un ancien Président de la République qui arrive, contre toute logique, à éviter la case "condamnation" et qui s'en tire à chaque fois grâce à des arguments techniques et juridiques qui n'ont rien à voir avec le fond de ce qui lui est reproché.
Son ministre du budget, Eric Woerth, dont les avocats parviennent à convaincre des juges assez peu scrupuleux de ne pas le poursuivre pour favoritisme...contre l'avis des experts, contre l'avis de deux ministres de son propre camp, contre toute logique.
Des Balkany, toutes dents blanches dehors, qui insultent, qui menacent et perpétuent leurs délits avec la bienveillance historique de l'Ex, des récidivistes.
Des écoutes illégales pour lui mais légales pour ses adversaires.
Son ministre de l'intérieur qui se sucre officiellement sur le dos des contribuables, avec du cash, avec du black car les administrations comme les caisses de l'état en débordent...
Un Président qui ne préside rien, qui tourne le dos à ses promesses et qui vient nous expliquer que tout va bien.
Des impôts que ces grands organismes financiers et bancaires ne payent pas, ou trop peu, mais qui arrivent à survivre grâce aux nôtres après leurs turpitudes dans le scandale des subprimes, un comble !
Mensonges, trahisons, double jeu, activités délictuelles, impunité.
Ces violences là sont beaucoup plus discrètes, plus "élaborées" et peuvent donner lieu à un arbitrage juridique du type d'arbitrage dont Tapie a pu bénéficier, entre initiés, entre "sages" qui ponctionnent, au passage, la transaction par le biais d'honoraires extravagants. Et injustifiables.
Mais pas pour vous, les salariés de Peugeot, d'Air France, d'Aéroport de Paris, d'Air Liquide, de Sanofi, d'Altran Technologies, de Continental...
Pas pour vous, les jeunes, votre salut doit passer par les fourches caudines de la FLEXIBILITÉ que d'autres désignent sous son vrai nom, la PRÉCARITÉ et attention ! tonton Gattaz veille au grain !
Face à ces violences d'états, face à la violence d'un système libéral qui n'en finit pas de développer sa logique morbide le débat n'est pas, n'est plus "Macron ou Hollande", ni "Hollande ou Sarkozy", pas plus qu'il n'est "Juppé ou Le Pen".
Le vrai enjeu est de changer radicalement de paradigme.
Si possible sans violence mais ça risque d'être long, très long.
Trop long, peut être, la question est de savoir si on a le temps...
Ne soyons pas lâches !
P.S
Traiter les participants de "Nuit Debout" de décérébrés est une parole d'une extrême violence. Parmi d'autres...