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Billet de blog 1 juin 2017

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L’affaire des affaires fait faire des affaires aux affairistes afférés.

"La presse française fait preuve d'une partialité révoltante et ne traite jamais que les mêmes sujets : les hommes politiques et les autres criminels". Boris Vian avait raison mais c'est encore pire aujourd'hui...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La prolifération des chaînes d’informations généralistes ou spécialisées, la concurrence entre les quotidiens parisiens ou nationaux, les rivalités entre les différentes stations de radios obligent tous les acteurs des « médias » à faire la chasse aux annonceurs, question d’audience et de « pdm ».

Un enjeu de vie ou de mort.

Faire le buzz ou mourir.

Une seule recette : être les premiers à publier un scoop ou une information que les autres n’ont pas encore.

Si l’information n’est pas suffisamment « typée » il est d’usage de la « colorier » et éventuellement de proposer des sous-titres « maison ».

En cas de forte pénurie on peut même créer de toute pièce une information, il suffit de s’appuyer sur un mot, sur un regard…

La surenchère est la règle.

Il y a des trouble-fêtes : Le Canard, acteur historique, et Médiapart, symboles d’un journalisme d’investigation qui demande rigueur, patience, détermination et discernement. Les faux-pas peuvent ruiner une réputation, ruiner un bilan ou le compromettre durablement.

Leur crédibilité passe par des vérifications croisées, des informations vérifiées, des documents authentifiés correctement analysés, c'est-à-dire sans apriori, quitte à abandonner une piste après des mois et des mois d’enquêtes.

La lucidité est un gage de pérennité.

Cela coute cher voire très cher mais c’est le prix à payer pour occuper une « niche » qui ne souffre d’aucun amateurisme.

Pour autant Le Canard fait ses choux gras de l’affaire Fillon, le « feuilletonage » sécurise un bilan toujours fragile ; même chose pour Médiapart dont les révélations sont aussi utiles et nécessaires qu’elles assurent au quotidien numérique une publicité incomparable, inutile de citer toutes les affaires révélées par ce jeune quotidien qui a moins de 10 ans.

La notoriété passe par des succès, c'est-à-dire par la capacité à débusquer des mensonges, des calculs, des manipulations et enfin, des malversations.

Il faut « percer » le mur du son.

Le Monde, Libération, Le Parisien, Marianne et d’autres complètent leur offre journalistique habituelle par des scoops, la recette est la même mais l’art reste difficile.

Internet et les réseaux sociaux compliquent sérieusement la donne : tout le monde est « journaliste », il y a autant d’investigations qu’il y a d’internautes…ou presque.

C’est la porte ouverte aux fake news et aux manipulations en tout genre.

Dans ce torrent incontrôlable de rumeurs et de calomnies, noyés dans le nombre, les officines d’Etats avancent à visage couvert et intriguent et polluent.

La démocratie est menacée.

Aux USA, en France, en Allemagne, partout !

Le discernement disparait et cède la place aux émotions, dictateur affectif qui ne connait pas de répit, c’est à partir de ce vecteur que circulent les fausses informations.

L'émotion d'un côté, le voyeurisme de l'autre, les deux fonctionnent à l'unisson.

N’est pas lanceur d’alerte qui veut, n’est pas Fabrice Arfi qui veut.

Tout devient possible :

Mélenchon est Poutiniste,  anti démocratique et potentiellement dangereux, ses propos –parfois polémiques– sont déformés, triturés ou exagérés.

Macron est gay.  

Le FN, parangon de vertu bien connu, dénonce des hommes et des femmes politiques de tous bords, la presse s’engouffre et relaye des informations dont la justice finit par se saisir, un comble quand on se souvient du peu de cas que Marine Le Pen fait de ses propres convocations…un comble quand on connait les condamnations de Le Pen à rembourser plus de 300 000€ au parlement européen.

Christian Jacob se découvre une morale politique qui a de quoi surprendre, il est invité sur toutes les ondes pour afficher publiquement ses contradictions sans qu’aucun journaliste n’ose le questionner sur ce soudain revirement.

On a hâte d’entendre Patrick Balkany au micro d’Yves Calvi nous expliquer ce qu’il faut faire et ne pas faire.

Ce que dénonçait Richard Ferrand hier encore, avec conviction, cède la place à une défense qui ressemble dangereusement à celle de Fillon, il connaîtra sans doute le même destin…

Le spectacle donné par ces hommes et ces femmes politiques, relayé par une presse avide de scoops, de sang et de larmes trouve un échos logique mais extrêmement puissant dans les réseaux sociaux sous le regard intéressé d’officines malveillantes, d’ici et d’ailleurs.  

Le mélange est explosif, il sera de plus en plus difficile de faire la part des choses, la « vérité » aura de moins en moins de consistance car elle ne fait pas le buzz.

Un curieux constat : plus les moyens de communication se multiplient et se diversifient moins on y voit clair et plus la connerie nous envahit.

On aurait pu rêver du contraire mais non…

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