Mon gorille préféré, Oscar, ma mascotte depuis maintenant une petite dizaine d’années, nous adresse un message à la fois simple, clair et déterminé, un doigt d’honneur…il m’aide à lutter contre la connerie envahissante, il dispose de solides arguments.
En effet, il mesure un peu plus de deux mètres et pèse 278 kilogrammes, soit le double de Teddy Riner ; d’une nature habituellement placide, il lui arrive de s’énerver, c’est le cas aujourd’hui, nous y viendrons.
Il est dans la force de l’âge.
Au fil du temps nous avons su nouer des rapports amicaux empreints d’une confiance mutuelle et d’une estime réciproque : nous jouons aux échecs par correspondance, nous partageons une passion commune pour Flaubert, Balzac, Maupassant et Baudelaire ; il connaît toutes les paroles de Brel et de Barbara. Il est fan de Ludwig van Beethoven.
Je n’ai pas osé lui avouer que, jeune, j’adorais Claude François, mais comme moi il hurle de rire quand il entend Mireille Mathieu ou Céline Dion, la dépression arrive juste après.
Nous ne sommes pas en compétition l’un vis-à-vis de l’autre, non, nous sommes complémentaires : au rugby par exemple, il tient la place de deux bons piliers tandis que j’ai un peu de mal à m’imposer en 14, au poste de ¾ aile pour celles et ceux qui ne connaissent pas le ballon ovale.
C’est un dos argenté, un mâle dominant, qui s’est entouré de cinq magnifiques femelles qui lui sont entièrement dévouées, de très adorables « petites » femelles, attentives, tendres, un peu trop soumises à mon goût et à celui de Nathalie, ma femme.
S'il y a un seul endroit où le gorille n'impressionne pas c’est bien sous la douche, après le match, au niveau de ses organes génitaux !
Je sais maintenant ce que l’on appelle un micropénis.
Quand on le voit s’ébattre avec ses femelles, et même si je suis un peu gêné d’y assister, force est de constater que son pénis ne dépasse pas 2 à 3 centimètres au plus fort de son émoi, ici synonyme d’excitation !
Nous n’avons donc aucune raison de nous comparer, aucune raison de nous jalouser, chacun a ses arguments.
Aucune ambiguïté entre nous, donc. Ce qui nous différencie de l’archevêque de Paris, Michel Aupetit, dont le pape a accepté la démission reconnaissant un « comportement ambigu » avec une femme tout en précisant qu'il ne s'agissait « pas d'une relation amoureuse » ni d'une « relation sexuelle ».
Les mots ont un sens, après c’est une question de nuisances nuances.
Contrairement à ce que certains peuvent penser, ce n’est pas un petit détail, c’est le grand drame des hommes, cette histoire de taille de sexe, ils ne cessent de se comparer la frite, ils font des guerres pour ça, je ne suis pas loin de penser que c’est même l’origine de la connerie, une connerie typiquement masculine, essentiellement masculine.
Pour être tout à fait franc avec vous, s’il était à ma place et moi à la sienne…mes potes se moqueraient de moi sous la douche ! Cela étant, pas un ne bougerait le petit doigt avec mes 278 kilos de muscles.
Par contre, je ne donne pas cher du type chétif, gringalet parmi les gringalets, qui a une toute petite frite...on en rencontre rarement dans les vestiaires du rugby, c'est vrai aussi. Au foot, peut-être...
Finalement la nature est bien faite.
N’ayons pas de regrets.
Oscar est en colère contre moi, contre vous, contre nous tous.
Très en colère.
Je ne vais pas vous donner copie, ici, de son texte qui est assez difficile à décrypter, même pour moi qui parle pourtant couramment le gorille.
Oscar a la télévision, une télévision que je lui avais offerte en 2016, je ne sais pas si j’ai eu raison…il a assisté en direct à l’élection de Macron, il a cru à une blague.
Je vous donne un bref aperçu de son courrier qui commence par ces mots : « Bruno, pour quelqu’un qui prétend lutter contre la connerie envahissante, tu te poses là ! Tu ne fais pas le job, plus le temps passe et plus la connerie prend le pouvoir…je commence à me poser des questions à ton sujet, j’ai l’impression que depuis que tu rédiges des billets dans Médiapart, la situation empire… »
Oscar est à deux doigts de me prendre pour un traître, voire pour un suppôt de la connerie envahissante dont Médiapart serait, ni plus ni moins, l’épicentre…
À l’origine de sa colère, le doigt d’honneur d’Éric Zemmour !
Il s’est personnellement senti interpellé par ce doigt d’honneur, c’est comme cela que je m’explique sa réaction sur le plan psychologique.
Mais le plus grave est à venir, qu’on en juge : Zemmour a choisi le deuxième mouvement de la Symphonie n° 7 de Beethoven, un Allegreto et il se trouve qu’Oscar et moi, justement, nous adorons cette symphonie, probablement l’œuvre la plus réussie, la plus aboutie de tout le répertoire de Ludwig van, il nous est arrivé de l’écouter ensemble, main dans la main…
« 27 migrants noyés, des femmes harcelées, agressées, violées, une droite qui s’extrémise avec Ciotti et une extrême droite qui se radicalise, mais tu fais quoi, Bruno, au juste, avec tes potes de gauche, t’attends tranquillement que ça vous tombe dessus ? Et Macron qui fait l'arbitre des inélégances, c'est ça que vous voulez ?».
Des mots qui font mouche, qui font mal.
« Macron encore, Macron toujours qui explique à tour de bras qu’il a toujours été du côté des femmes quand on lui reproche d’avoir soutenu le Nicolas Hulot, t’en dis quoi, Bruno, c’est cohérent ? ».
Ben non, Oscar, je sais bien…tu as raison, ce n’est pas cohérent, rien n’est cohérent, tout est mensonge, je sais.
« Mais alors, vous attendez quoi, au juste, pour agir, que vous faut-il de plus ? »
Ben…ben, je ne sais pas, Oscar…
« Bruno, dis bien à tes potes que vous êtes en danger critique d’extinction ! comme nous ! comme beaucoup d’autres espèces, mais que la seule espèce qui prospère vraiment sur terre c’est l’espèce des connards ! »
Je ne vais pas lui dire, mais Zemmour a traité un journaliste de connard aussi…décidément, quand ça ne veut pas, ça veut pas…
C’est vrai que…Hidalgo…Montebourg…et Mélenchon a 10 %...et les écolos qui vont exploser en plein vol, j’allais dire en plein viol à cause de Hulot, ils savaient, ils connaissaient son parcours de prédateur sexuel…
Il faudrait peut-être que je songe à changer la photo de mon blog et que je choisisse un mouton ou une tanche à la place d’Oscar…
Mais non ! je déconne !
Il a raison, mon Oscar, il faut dépasser le constat, il faut…il faut… il faudrait...il nous faudrait…il aurait fallu…il faudra...
Se rassembler !
Un mouvement populaire qui viendrait de la rue, par exemple, en dehors des partis.
Je suis prêt à défiler, même tout seul.
Ce n’est pas demain la veille que je vais abandonner Oscar et sa famille.
Me vient une idée : et si Oscar se présentait ?
P.-S. - Et Ciotti qui prend la tête des LR ! à force de jouer aux cons...