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Billet de blog 3 février 2025

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Le 49.3 de Bayrou : une escroquerie démocratique que le PS ne peut pas cautionner

Le 49.3 de François Bayrou parachève une stratégie qui place le Parti socialiste (PS) dans une position d’isolement au sein du Nouveau Front populaire (NFP), alors que les écologistes, les communistes et les insoumis voteront la censure. En s'abstenant de voter la censure, le PS s'évaporerait définitivement, victime d'une escroquerie démocratique qu'il cautionnerait.

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En annonçant son recours au 49.3 prévu cet après-midi, François Bayrou parachève une stratégie qui place le Parti socialiste (PS) dans une position d’isolement au sein du Nouveau Front populaire (NFP), alors que les écologistes, les communistes et les insoumis voteront la censure.

Censurer le gouvernement signifie assumer une période d’instabilité, un risque politique certain, mais secondaire. Ne pas le censurer revient à valider une orientation qui trahit les principes fondateurs du PS et, probablement, la volonté de ses électeurs. C’est beaucoup plus grave.

Ce dilemme entre cohérence idéologique et stabilité institutionnelle illustre l’impasse dans laquelle se trouve le parti qui se laisse piéger sans contrepartie probante.

Le PS a l’opportunité de rappeler aux Français que c’est bien Emmanuel Macron, et lui seul, qui est à l’origine de cette instabilité politique dans un contexte de crise économique et sociale majeure, inédite, qu’il doit, là encore, assumer, seul.

La droite a beau jeu de faire un chantage à ce qu’elle appelle le « sens des responsabilités », un argument qui se retournerait contre elle si, à bout de solution, Macron devait désigner un Premier ministre de gauche pour remplacer Bayrou ! Demain, si le PS ne se laisse pas manipuler.

Ce chantage à l’irresponsabilité est un leurre qui ne trompe personne, sauf, peut-être, Jospin, Hollande et Olivier Faure.

La manœuvre grossière de Bayrou consiste à transférer la responsabilité du chaos politique de Macron sur les seules épaules du PS.

Dans les faits, Emmanuel Macron et son gouvernement dictent leur loi comme s’ils disposaient d’une majorité parlementaire, ce qui est très loin d'être le cas.

Autrement dit, s’abstenir de censurer équivaut à accepter cette tromperie, voire à approuver une fraude démocratique, une escroquerie. Or, cette situation est entièrement imputable à Emmanuel Macron. Une motion de censure permettrait de replacer chacun face à ses responsabilités, y compris le président de la République lui-même.

Les avancées obtenues par le PS dans le cadre de la négociation avec le Premier ministre apparaissent dérisoirement faibles. La contrepartie exigée – soutenir un gouvernement auquel il est fondamentalement opposé – réduit ces concessions à un simple jeu de dupes. De plus, une censure permettrait d'arrêter et surtout de prévenir toute tentative de cohabitation imposée avec des figures de la droite dure, comme Bruno Retailleau, dont certaines déclarations récentes ont suscité, à juste titre, une vive indignation.

Face aux provocations de Retailleau, qui utilise une exagération (surestimation) de l’immigration sous la pression des médias dominants, s’ajoute celles de Bayrou, qui affirme avec aplomb que « « Les préjugés étaient nourris par la réalité » ? Une déclaration au moment où on célèbre le 80e anniversaire de la libération du Camp d’extermination de Auschwitz-Birkenau. Abject !

Ils osent tout, le PS gobe et godille…

Non !

Enfin, la perte de soutien du monde économique constitue un élément déterminant dans l’équilibre des forces en présence. Bernard Arnault, un intime de la sphère macroniste, prend ses distances avec le président, tandis qu’une fronde du patronat se structure. Ce phénomène peut être interprété comme un signe précurseur d’un basculement plus large des soutiens traditionnels du pouvoir en place, des soutiens qui ont mis sur orbite Macron dès les années 2010, sous l’égide de Jacques Attali qui peut s’en mordre les doigts, lui, le social-démocrate, c’est dire !

Même un Alain Minc a pris ses distances avec Macron !

Le PS, plus conciliant, plus souple que Minc et Attali ?

Non !

Dès lors, la censure s’impose comme un acte de clarification politique. Si elle entraîne une instabilité, elle constitue surtout une opportunité de redéfinir les rapports de force et d’ouvrir la voie à une alternative plus conforme aux attentes de nombreux électeurs ; socialistes, mais pas seulement.

Une abstention du PS le condamnerait à disparaître du paysage politique, effet Kiss Cool d’un Macron moribond qui a tout ravagé sur son passage.

Vive la censure !

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