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Billet de blog 3 avril 2024

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Des abysses au sommet de l’Himalaya : comment se comporte la connerie envahissante ?

En avant-première mondiale, nous avons mesuré l'épaisseur exacte de la connerie envahissante, 19 777 mètres : c'est la distance précise qui sépare le sommet de l'Everest avec le fond de la fosse des Mariannes. Explications.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On le sait bien, la connerie est un phénomène humain, trop humain diront certains, qui se manifeste partout sur la surface du globe, d’ouest en est, du nord au sud.

Les religions, on le verra, les croyances, mais aussi les philosophies (Onfray et Finkielkkraut le confirment tous les jours...) ne font malheureusement pas exception à la règle qui s’impose à tout observateur attentif : la connerie est universelle, pluridisciplinaire, en un mot généralisée.

Le réchauffement climatique a-t-il une quelconque influence sur le niveau de la connerie ? Puisque la fonte des glaciers est maintenant unanimement constatée par les scientifiques, nous sommes en droit de nous poser la question et d’imaginer, ou de rêver que la connerie fonde, elle aussi et finisse par disparaître …un mal pour un bien ?

La réponse est malheureusement dramatique : sous l’effet du réchauffement climatique, la connerie s’étend de plus en plus et a tendance à s’infiltrer dans des espaces qui lui étaient jusque-là interdits …rien ne lui résiste.

Les progrès de la technologie, en particulier de l’intelligence artificielle, vont-ils limiter la progression de ce fléau ?

L’ordinateur quantique, actuellement en gestation, va-t-il nous aider à juguler l’inflation galopante de la connerie ?

Il faut encore patienter un peu pour répondre à ces deux questions essentielles que nous pose l’informatique dans ses expressions les plus ambitieuses, les plus récentes, mais l’invention de l’imprimerie en 1450 par Gutenberg, de son vrai nom Johannes Gensfleisch, dans son atelier de Mayence en Allemagne, ne nous incite pas à l’optimisme : la connerie a incontestablement bénéficié d’un nouveau souffle en facilitant la publication, par exemple, de l’Essai sur l’inégalité des races humaines écrit par Arthur de Gobineau, dit le comte de Gobineau : Hitler et sa bande s’en sont inspirés …comment ne pas citer ici, à un autre niveau, la Bible, le Coran et le Tanakh, la bible hébraïque : combien de guerres religieuses en votre nom depuis la nuit des temps ? Encore aujourd’hui !

Ce n’est pas la Bible, le Coran ou le Tanakh en tant que tels qui posent problème, c’est l’interprétation qui en est faite par une poignée de misérables petits « penseurs » arrogants dont le métier est de penser à la place des peuples ou des croyants ; on notera au passage que les hommes politiques ont, depuis, largement repris le flambeau …sous les deux drapeaux parfois, ce qui aggrave tragiquement la situation !

Sans parler des réseaux sociaux qui, depuis 1997, un quart de siècle environ, permettent à n’importe quel imbécile de dire n’importe quoi en une fraction de seconde …la vitesse de transmission, de propagation au service d’une véritable épidémie de conneries insondables en tout genre !

Personne n’est épargné.

Une lueur d’espoir tout de même.

Le taux de connards est très faible au fond de la fosse des Mariannes, à –10928 mètres de profondeur.

Même constat au sommet de l’Everest, à 8 849 mètres.

Les scientifiques que nous avons interrogés sont perplexes et ne savent pas expliquer cet étrange phénomène : à très basse profondeur, l’abysse, et au sommet de la planète, le toit du monde, la connerie se fait beaucoup plus discrète.

Le mal de mer, le mal des montagnes ?

L’absence d’oxygène, l'hypoxie ?

Le froid ?

Aucune réponse n’est vraiment satisfaisante.

Le sommet de l'Everest et le fond de la fosse des Mariannes : c'est entre ces deux valeurs extrêmes que s'exprime la connerie, il faut monter à 19 777 mètres en partant de la fosse pour aller au sommet de l'Everest ou descendre 19 777 mètres en partant de l'Everest vers les Mariannes pour avoir une chance d'échapper à la connerie ...cela veut dire que l'épaisseur de la connerie mesure près de 20 kilomètres, pas tout à fait, mais on ne va pas chipoter pour 223 petits mètres en terrain miné : nous touchons du doigt la seule vraie mesure de la connerie, c'est une première mondiale !

Fort de cette découverte exceptionnelle, le blog de la connerie envahissante avance une hypothèse ambitieuse qui a, semble-t-il, pétrifié nos interlocuteurs les plus chevronnés, c’est pourtant difficile de pétrifier des scientifiques chevronnés…les moins chevronnés sont plus influençables.

En effet, nous sommes partis d’un simple constat : la probabilité de croiser Mireille Mathieu au sommet de l’Everest est très proche de zéro, il y a 0, 0000001 chance sur 10120 de la voir là-haut en train de chantonner « La Paloma adieu » ; de la même façon, il est assez peu probable de voir Michel Sardou en slip de bain bleu moulant au fond de la fosse des Mariannes, d’autant plus improbable qu’il a pris sa retraite pour la 267e fois, la bonne, il faut l'espérer …

Ce qui vaut pour Mireille et pour Michel vaut également pour Poutine, Macron ou Trump, bien sûr, les plus …enfin les plus …vous voyez ce que je veux dire.

La dimension quantitative de notre loi est évidente : moins il y a de monde, moins il y a de connerie, les scientifiques sont d’accord avec nous sur ce point.

Qu’en est-il de l’aspect « qualitatif » de la connerie à très haute altitude ou dans les profondeurs des abysses ? La connerie aurait-elle encore l’outrecuidance de dire ou de faire des conneries ?

En d’autres termes, que dirait Gabriel Attal à propos des chômeurs à 8 849 mètres d'altitude ?

Que ferait, que dirait Emmanuel Macron au fond des Mariannes face au colin d'Alaska, aux sabres de mer, aux baudroies, aux béryx et autres flétans à -11 000 mètres ?

Allez dire aux poissons abyssaux qu’il suffit de traverser la rue pour trouver un nouveau job ?

J’entends d’ici le cachalot lui répondre « Mais de quelle rue tu parles, connard ? », les cachalots sont en effet très directs, ils ont le tutoiement facile.

Cela étant, il n’est pas absolument certain que la dimension « qualitative »  de la connerie disparaisse là-haut ou tout en bas, là-bas, pas certain du tout.

Pour en avoir le cœur net, rigueur scientifique oblige, nous proposons que Emmanuel Macron descende au fond des Mariannes pendant que Attal ira gravir l’Everest.

Le plus tôt sera le mieux.

Nous procéderons à des tests rigoureux qui sont susceptibles de prendre beaucoup de temps. Sans compter les déplacements en vélos.

Je n’aime pas rester sur de l’à peu près, du tiède, du « mi-figue mi-raisin ».

Vous non plus, j’imagine.

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