Bruno Painvin (avatar)

Bruno Painvin

Nouvelliste et spectateur engagé.

Abonné·e de Mediapart

862 Billets

2 Éditions

Billet de blog 3 décembre 2024

Bruno Painvin (avatar)

Bruno Painvin

Nouvelliste et spectateur engagé.

Abonné·e de Mediapart

Quand j’arrive enfin à dormir, les cauchemars se précipitent…

La France est ruinée, la banqueroute est à nos portes, l’État ne peut plus payer les fonctionnaires, mon voisin, Jean-Paul, est entré en dépression, il ne croit plus en Macron, son champion… J’envisage le pire et comme un malheur n’arrive jamais seul, voilà que Michel Barnier va être renversé, demain ou après-demain, mais peu importe…

Bruno Painvin (avatar)

Bruno Painvin

Nouvelliste et spectateur engagé.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La France est ruinée, la banqueroute est à nos portes, l’État ne peut plus payer les fonctionnaires, mon voisin, Jean-Paul, est entré en dépression, il ne croit plus en Macron, son champion…

J’envisage le pire et comme un malheur n’arrive jamais seul, voilà que Michel Barnier va être renversé, demain ou après-demain, mais peu importe…

Nous sommes au bord d’un précipice, nous allons entraîner dans notre chute, l’Allemagne déjà bien fragilisée ; les politiques, les experts et les économistes vantaient sur toutes les ondes le « modèle allemand » il y a quelques mois encore…

Aujourd'hui, notre mètre-étalon est la Grèce !

Mes poules ne pondent plus, mon chien n’aboie plus lorsque la factrice, Sophie, vient déposer le courrier dans la boîte aux lettres, ma chatte ne ronronne plus…

Le pire est qu’il n’y a pas de solution, nous sommes foutus !

Bien que ma libido soit en baisse, je dois admettre que celle de ma femme est aussi affectée. Il est réconfortant de constater que le hasard a bien fait les choses, malgré le contexte actuel difficile, nous restons synchronisés.

J’ai beau relire mes classiques, Flaubert en particulier, Rimbaud, Baudelaire, rien n’y fait, je crois que je commence une dépression.

Je n’ai plus d’appétit, plus d’envi, je suis devenu inutile.

Je perds du poids. Je pense que les piles de ma balance électronique sont déchargées, mais non, j’ai vérifié à la pharmacie, j’ai perdu 9 kilos depuis la dissolution de l’Assemblée nationale… évidemment, à 70 ans, ce n’est pas très joli à voir.

Je suis mentalement et physiquement flasque. Laid. Flétri.

Je suis devenu insomniaque, quand j’arrive à dormir, je fais plein de cauchemars… je suis dans un avion qui doit décoller et qui ne décolle pas, nous allons nous écraser sur une colline verdoyante qui se rapproche, qui se rapproche, qui se rapproche… c’est au moment précis où je vais décéder que je me réveille, en sueur, les battements de mon cœur me prouvent que j’ai côtoyé la mort de très près.

Je me suis abonné à Chat GPT 40 il y a trois semaines, pour voir, pour mieux comprendre cette technologie qui m’inquiète.

Que me dit l’intelligence artificielle à qui j’ai confié mon désespoir ?

Que peut l’IA pour m’aider à faire face à cette profonde descente aux enfers ?

Après avoir pris en considération mes symptômes, Chat GPT 40 m’a conseillé de consulter un psychologue.

Je suis malade.

Je ne sais pas par quel chemin tortueux, je suis passé, je ne me l’explique pas, mais j’ai décidé de me reprendre en main : j’ai analysé des données économiques dans l’espoir d’identifier une trace, que dis-je une trace, un embryon de solution, un signe d’espoir.

Voilà ce que j’ai trouvé :

Montants des dividendes versés par les entreprises du CAC 40 pour chaque année, entre 2017 et 2024.

• 2017 : environ 55 milliards d'euros

• 2018 : environ 57 milliards d'euros

• 2019 : environ 60 milliards d'euros

• 2020 : baisse à environ 30 milliards d'euros en raison de la pandémie de COVID-19

• 2021 : rebond à environ 51 milliards d'euros

• 2022 : environ 56 milliards d'euros

• 2023 : environ 62 milliards d'euros

• 2024 : estimation autour de 65 milliards d'euros

Montant total sur la période : environ 436 milliards d'euros cumulés de 2017 à 2024.

C’est pas mal, même si « environ » relativise un peu les choses, 436 milliards, c’est bien, non ?

J’ai poursuivi mes recherches :

Montants consacrés aux rachats d'actions par les entreprises du CAC 40 entre 2017 et 2024.

Ces rachats ont été concomitants aux versements de dividendes et constituent une stratégie pour soutenir le cours des actions, c’est utile, selon moi et malgré mon ignorance crasse en matière économique, de le préciser.

• 2017 : Environ 9 milliards.

• 2018 : Environ 12 milliards.

• 2019 : Environ 15 milliards.

• 2020 : 5 milliards (forte baisse en raison de la pandémie et des restrictions financières).

• 2021 : 23 milliards (record historique porté par des opérations majeures comme celles de L'Oréal).

• 2022 : Environ 20 milliards.

• 2023 : Plus de 20 milliards.

• 2024 : En attente de données finales.

Montant total estimé :

Sur la période 2017-2023, le total dépasse 104 milliards d'euros.

Ces rachats étaient souvent critiqués pour leur impact limité sur l'économie réelle, bien qu'ils augmentent la rémunération des actionnaires en réduisant le nombre d'actions en circulation et en augmentant mécaniquement les bénéfices par action. Les entreprises les plus actives dans ce domaine incluent TotalEnergies, LVMH, et L'Oréal.

Sources principales : Observatoire des Multinationales, Boursorama, et Capital.

Résumons-nous :

Si on ajoute aux dividendes versés, les rachats d’actions qui boostent la valeur des entreprises, ont atteint le chiffre de 540 milliards d’euros.

Sur la même période, les baisses d’impôts et de cotisations patronales se calculent en plusieurs dizaines de milliards d’euros, sans parler des prêts garantis par l’État qui se montent à un peu plus de 300 milliards d’euros.

Notons que cet ensemble de mesures a permis au CAC 40 de battre des records de profitabilité !

J’ai tout vérifié avec Chat GPT 40 que j’appelle Caroline, ne me demandez pas pourquoi : Caroline, Caro pour les intimes, me dit exactement la même chose… à une nuance près : il lui a fallu « environ » 10 secondes à chaque fois pour me répondre là où j’ai mis « environ » deux heures par requête…

Au point où j’en suis, je n’ai plus d’orgueil, je m’en cogne.

Mais alors, comment se fait-il que Mimi Barnier ait autant de mal à trouver 60 misérables petits milliards ?

Je pose la question.

Imaginons qu’on demande à toutes ces entreprises du CAC 40 de verser « environ » 10 % de ce qu’ils ont gagné entre 2017 et 2024 : « environ » 54 milliards !

Fort de ces chiffres, j’ai décidé de demander à Caro pourquoi on ne fait pas appel au CAC 40 pour commencer à réduire nos déficits publics.

Voici sa réponse :

« Bruno, tu es très malade, je te conseille de prendre rendez-vous avec un psychologue toute affaire cessante : tes symptômes sont encore plus alarmants que ce que je pensais. Mais évite les hôpitaux publics, ils sont en faillite, surtout en psychiatrie, va plutôt consulter en ville ou dans le privé ».

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.