La défense de Nicolas Sarkozy dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, dite « affaire Sarkozy-Kadhafi », repose sur une stratégie simple : rejeter systématiquement sa responsabilité sur les onze autres prévenus, qu’il avait pourtant placés à des postes clés, au sommet de l’État, qu’ils soient ministres ou responsables des services de renseignement.
Dans tous les procès où il est mis en cause, y compris celui où il a été définitivement condamné par la Cour de cassation, il recourt invariablement à la même tactique : la délation comme ultime porte de sortie.
Sarkozy n’hésite pas une seconde à livrer ses proches, oubliant vingt, trente ou quarante ans d’amitié, de confiance, d’estime. Des sentiments qui, chez lui, sont inexistants.
L’instinct de survie l’emporte. Comme le dit l’expression populaire, il « tuerait père et mère » pour sauver sa peau.
Dans « animal politique », c’est l’animal qui domine, c’est même à cela qu’on le reconnaît.
S’il avait été pris en flagrant délit par la marée-chaussée avec 100 grammes de cocaïne planqués dans sa sacoche Louis Vuitton, il aurait « balancé ».
Un indic, en quelque sorte, un vulgaire indic qui porte des Rolex et des Weston à talonnettes, une ceinture et des bretelles Louis Vuitton. Bientôt, un bracelet électronique Cartier qu'il ne portera que deux petites semaines, à tout casser, il a eu soixante-dix ans...
Son pari judiciaire repose sur un principe simple, trivial, obscène en fait : il n’existe aucune preuve matérielle directe contre lui. Une martingale qu’il espère suffisante pour échapper à la condamnation.
Mais la présidente du tribunal, Nathalie Gavarino, connaît le dossier sur le bout des doigts, tout comme les procureurs du PNF et les parties civiles.
Une femme remarquable, un esprit d'analyse et de synthèse sans limite et un sang-froid à toute épreuve.
Sous sa direction, l’étau se resserre, et la pression sur Claude Guéant, affaibli, est immense. Craquera-t-il ? Emportera-t-il ses secrets dans sa tombe ou cédera-t-il aux supplications de ses enfants, François, en particulier, et sa sœur, qui le pressent de parler ?
Plus la corde se tend, plus Sarkozy accable son entourage, ce qu’il en reste : Hortefeux, Squarcini, Guéant… Tous trinquent.
Nathalie Gavarino joue gros : condamner un ancien président à dix ans de prison sur de simples présomptions créerait un tsunami politique. L’affaire touche un système corrompu depuis des décennies, et ses répercussions pourraient ébranler toute la classe politique.
C’est là tout l’enjeu de ce procès hors norme.
Sarkozy est le mentor de toute une kyrielle d’hommes et de femmes politiques, de Darmanin à Macron en passant par Rachida Dati, qui s’y connaît, elle aussi, en matière de probité.
Il suffit de voir comment Bayrou soutient Marine Le Pen pour comprendre que cette caste sait se serrer les coudes.
Autre exemple : la Cour de justice de la République, une usine à blanchiment pour ministres délinquants !
Les médias dominants, eux, prennent leurs distances, minimisant ou déformant les audiences pour préserver « l’honneur d’un homme injustement sali ».
Dans ce contexte, la question est de savoir si les seconds couteaux de Sarkozy, Guéant et Hortefeux, tiendront le coup, et pendant combien de temps ? Si un pacte de corruption est avéré, ce qui est très probable étant donné les éléments concrets dont dispose l’accusation, une seule question se posera à Sarkozy : à qui a-t-il profité, sinon à lui seul ?
Pas certain que cela suffise…
Sans effondrement d’un accusé, la présidente et les procureurs risquent de tourner en rond, se rapprochant de plus en plus de Sarkozy sans jamais l’atteindre directement.
Dans un système dans lequel la République ressemble plus que jamais à une monarchie de droit divin, un tel scandale n’aboutira à une condamnation que si des preuves matérielles indiscutables sont présentées. Or, pour l’instant, il n’y en a pas.
L’intime conviction des juges suffira-t-elle ?
On peut en douter.
C’est ma crainte.
J’espère me tromper, car si Sarkozy passe au travers des mailles du filet de la Justice, Sarkozy sera innocenté et la France définitivement discréditée. À juste titre !
« La corruption et l’hypocrisie ne devraient pas être des produits inévitables de la démocratie, comme elles le sont sans aucun doute aujourd’hui », GANDHI.