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Billet de blog 5 octobre 2022

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La fulgurante radicalisation de la connerie politique

Tout d’un coup, j’ai eu une révélation, l’intelligence artificielle croît au même rythme que la connerie, elles sont interdépendantes, toutes deux ont vocation à nous envahir à court terme : plus la connerie progresse et plus l’intelligence artificielle prend de l’espace. Elles ne se remplacent pas, elles se recouvrent, elles se complètent !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce matin, en me réveillant, vers 5 heures, je me suis posé un tas de questions en sirotant mon bol de Yorzo dilué dans du lait (bio) de riz aromatisé aux amandes douces, sans sucre.

C’est délicieux, sain, nutritif : l’orge, délicatement et lentement torréfiée, remplace agréablement et utilement le café, c’est à s’y méprendre !

L’intelligence artificielle est-elle plus dangereuse que la connerie naturelle ?

L’intelligence artificielle va-t-elle engendrer une forme de connerie artificielle ?

L’IA est-elle vraiment intelligente ? Plus intelligente que nous tous réunis ? En quoi est-elle aussi artificielle qu’on le dit ?

Tout d’un coup, j’ai eu une révélation, l’intelligence artificielle croît au même rythme que la connerie, elles sont interdépendantes, toutes deux ont vocation à nous envahir à court terme : plus la connerie progresse et plus l’intelligence artificielle prend de l’espace.

Elles ne se remplacent pas, elles se recouvrent, elles se complètent !

Des sœurs siamoises …

En d’autres termes, le Yorzo est au café ce que l’intelligence artificielle est à la connerie : pas un substitut, non, un double, un réplicant, les deux faces de la même médaille.

Je ne crois pas à la connerie artificielle, la connerie est une invention à la fois humaine et collective, il n’y a aucune place pour le doute ici, parler de « connerie humaine » est un pléonasme, rien d’artificiel, au contraire.

Cependant, la connerie naturelle de l’intelligence artificielle est largement documentée par bon nombre de spécialistes dont l’éminent Joy Buolamwini, du MIT : les préjugés racistes, sexistes notamment induisent en erreur ces magnifiques intelligences programmées (reconnaissance faciale) on l’aura compris, par d’authentiques cons qui trimballent une culture plus blanche que blanche depuis des lustres : les blancs sont identifiés avec un taux de réussite de 99 %, les noirs, très noir de peau, hommes ou femmes, à 66 % …

Voyons le bon côté des choses : l’IA permet quand même d’éviter des maladresses, des erreurs, des oublis, des hésitations, on ne se rend pas compte du nombre de morts dû à des hésitations en tout genre ou à des maladresses …

Nous pouvons conclure que l’intelligence artificielle est moins à craindre que la connerie naturelle qui triomphe partout et, en particulier, chez de trop nombreux chefs d’État, les exemples ne manquent pas, nous y reviendrons …

Les deux aiment la vitesse, rien ne se propage plus vite qu’une énorme connerie, qu’une rumeur, qu’un mensonge, surtout à l’ère des réseaux sociaux ; rien ne raisonne plus vite qu’un supercalculateur.

La connerie fait vendre, l’IA aussi !

La connerie coûte cher, l’IA aussi !

Avec des profits gigantesques générés par l’une et par l’autre ! Parfois même des dividendes colossales.

Pile je gagne, face tu perds ! Et si tu perds, je gagne, le Covid et l’inflation le prouvent.

La dualité IA vs connerie est d’essence néolibérale, c’est l’expression la plus aboutie du capitalisme moderne.

On peut affirmer que le capitalisme financier d’essence néolibéral a fait le pari de la connerie tout en investissant massivement dans l’IA, deux fers au feu !  Carton plein !

C’est très malin.

Et, dans la mesure où le capitalisme ne peut se développer que dans un écosystème politique qui lui est favorable, il devient de plus en plus évident que plus la connerie devient envahissante et plus le discours politique a tendance à se radicaliser, y compris, surtout au niveau des politiciens, bien sûr, c’est une question de cohérence : il faut des hommes et des femmes pour incarner la connerie radicalisée qui est le carburant naturel des unes et des autres, une drogue.

Prenons, au hasard, le cas d’Emmanuel Macron : en se déclarant « en même temps » à gauche et à droite, il revendique de facto toutes les conneries de la gauche auxquelles il ajoute toutes les conneries de la droite ! Et comme i y a plus de conneries à droite qu’à gauche, il est devenu l’archétype d’une droite bête et méchante.

Il aurait pu opter pour ce que la gauche française a fait de bien tout au long de son histoire, en saupoudrant de quelques mesures pas trop idiotes de la droite (je cherche), mais non ! Et pour une raison très simple : s’il avait été intelligent, il n’aurait jamais été élu et encore moins réélu !

Celles et ceux qui votent pour lui projettent leur image et leur fantasme sur sa personne, il faut donc qu’ils se ressemblent.

C’est un héritier particulièrement vorace de la connerie politique au sens le plus large qui soit, c’est l’enzyme glouton par excellence de la connerie !

Il fait le contraire de ce qu’il dit et dit le contraire de ce qu’il fait, c’est la place qu’est censée prendre l’IA face à la connerie ! À tour de rôle.

Non seulement il est l’héritier de la connerie politique, mais il est aussi le plus ardent défenseur du pacte néolibéral occidental, il n’y a pas de hasard.

Le phototropisme qu’exerce Nicolas Sarkozy sur Emmanuel Macron est calqué sur la répartition des rôles entre la droite et l’extrême droite ou, si on veut bien me suivre, entre l’IA et la connerie : à la fin, c’est la connerie qui gagnera. Elle a déjà gagné, d’ailleurs.

Le silence (médiatique) organisé autour des affaires Dupond-Moretti et Kholer est la contrepartie du tintamarre (médiatique) fait autour de Bayou et de Quatennens et tout le monde gobe cette bouillie infâme sans plus s’interroger. Exception faite de Médiapart.

Même si l’intelligence artificielle étend son pouvoir, la connerie a encore de très beaux jours devant elle.

« Un peuple qui se laisse conduire comme des moutons n’est pas victime, mais coupable » explique Mazouz Hacène.

Il est cinq heure, je n’ai pas sommeil.

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