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Billet de blog 6 janvier 2015

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Hollande et la stratégie du clébard.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Hollande est un personnage politique pas tout à fait comme les autres.

Il nous fait le coup du petit labrador, une chienne de dix semaines, une grosse boule noire offerte par la Fédération des anciens combattants français de Montréal.

François Hollande n'échappe pas à la règle du cliché faussement intimiste qui est censé redonner un peu d'humanité à une fonction qui en est à peu près totalement dépourvue : sous les habits du Président bat le cœur d'un homme normal qui s'attache, comme vous et moi, à son animal de compagnie, qui plus est un jeune chiot, rien n'est plus attendrissant !

Pourtant il y a quelque chose qui cloche...c'est visible sur le cliché.

Il ne peut pas s'empêcher de rester à distance, il observe, les mains croisées dans le dos, dans une posture de spectateur, assez éloigné du chiot, passif, comme gêné, ne sachant pas ce qu'il faut faire, la tête basse, manifestement embarrassé par un exercice qui n'a rien de naturel pour lui.

La spontanéité n'y est pas... 

Sans cravate, signe d'une décontraction que contredit l'image, la volonté d'apparaître sous un autre angle, un acte pensé et prémédité qui ne doit rien au hasard, pourtant la contradiction est patente entre le message qu'il veut faire passer et l'image qu'il donne.

Après Pompidou, après Giscard, après Mitterrand, après Chirac et enfin après Sarkozy, Hollande emboîte le pas d'une stratégie de communication dont les ficelles sont à la fois les plus vieilles du monde et les plus grossières.

Mais ses prédécesseurs avaient eu la bonne idée de se faire photographier en compagnie de leur toutou au tout début de leur mandat, pas au beau milieu...on notera d'ailleurs que les chiens, majoritairement des labradors, sont tous noirs, on ne sait pas vraiment pourquoi, il faudrait interroger les conseillers et les experts...

Peu de temps après avoir publié ce cliché, Hollande passe deux heures sur France-Inter pour expliquer qu'il assumera tout, le chômage notamment, "nous verrons à la fin si j'ai pris le bon chemin"...terrible aveu, constat d'impuissance, comme un doute exprimé sur lui même, il n'est pas sûr d'avoir pris la bonne direction, il faudra attendre fin Avril 2017 pour le savoir !

A la fin ce sera peut être trop tard, Monsieur le Président...non ?

Donc la chienne fait bien partie d'une stratégie de communication, la première étape d'une "série" dans laquelle on parle d'audace et de détermination, tous les ministres entonnent la même chanson présidentielle dans un timing qui nous fait penser aux éléments de langage chers aux Sarkozystes d'antan.

La chienne s'appelle Philae du nom du robot qui devrait bien finir par se réveiller, un de ces jours, ou pas, là où il s'est endormi il y a peu, sur la comète Churyumov, après un si long voyage...

Les symboles parlent d'eux même, inutile d'en rajouter mais affubler une chienne du nom d'un robot...une chienne, un robot assoupi...de quoi enthousiasmer les foules.

Que la situation soit difficile, que l'héritage Sarkozyste soit incommensurable, que le contexte international soit très compliqué, on peut comprendre mais être, à ce point, aussi maladroit, empesé, guindé...

Pauvre Philae.

Elle est aplatie, comme soumise devant son maître.

C'est peut être cela le message.

Qui sait ?

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