Maïté est née en 1952 à Barcelone, elle aurait 62 ans aujourd'hui.
Elle est morte en 1992 des suites de la maladie de Kaposi, le sida commençait ses ravages.
Catalaniste engagée mais mesurée, disciple de Josep Tarradellas, elle a passé le plus clair de ses études de droit à militer pour le PCOE ; des claques, des coups, des insultes dans une Espagne recroquevillée sur elle même jusqu'en 1975, jusqu'à la mort de Franco, elle me l'expliquait, souvent en colère, toujours avec humour.
Maïté chantait, dansait, elle faisait la nique aux intégristes Catalans de son village en prenant des cours de castagnettes, pas par provocation, simplement parce qu'elle aimait les castagnettes et le folklore andalou ; promouvoir un instrument si typique, une musique et des danses andalouses dans un climat hyper régionaliste, après 40 ans de franquisme lui valait des attaques de tous les bords.
Elle aimait Paris à un point tel que dès qu'elle avait deux francs six sous elle venait ici, visitait tout, à pieds le plus souvent, des heures et des heures à déambuler une carte à la main à partir de 6h30 le matin. Elle consacrait toutes ses maigres économies à ces petits voyages, brefs et intenses.
Maïté a fait beaucoup de conneries, beaucoup d'excès, elle bouffait la vie...puis elle est tombée amoureuse d'un type très sympa, Xavi, un musicos architecte de son état.
Follement amoureuse de cet homme brillant et excentrique. Il se piquait tandis que Maïté sniffait...
Elle a pris conscience de sa séropositivité après l'avoir quitté, après 4 ans d'amour.
Xavi est toujours vivant, je l'ai vu l'été dernier, il est bien soigné.
Il ne se remettra jamais de la mort de Maïté, il se sent coupable de vivre, il me l'avait confié le jour de l'enterrement de Maïté, il continue de le dire encore aujourd'hui.
En Mai cela fera 22 ans que Maïté s'en est allée.
Elle est irremplaçable.
Prenez soin de vous et de tous ceux que vous aimez, protégez-vous, protégez-les.