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Billet de blog 6 juillet 2024

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Le melon Touquettois

Le melon est farci de pépins qu’on a trop tendance à sous-estimer, mais dont la toxicité en cas d’ingestion progressive (sept ans !) peut s’avérer mortelle. C’est à cause de ses pépins que le melon Touquettois se reproduit en créant ces êtres hybrides monstrueux par une succession de mutations génétiques que Jérôme Jaffré a beaucoup de mal à expliquer.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comme son nom l’indique, le melon Touquettois est originaire du Touquet-Paris-Plage, station balnéaire du Pas-de-Calais connue pour son sablé nature à la guimauve au chocolat, ses chars à voile, son bureau de vote fréquenté par des cougars déguisées en Vuitton qui n’ont décidément rien à envier aux niçoises peroxydées, fans d’Éric Ciotti.

Rappelons que le melon est une plante à fleurs de la famille des Cucurbitacées, le nom fait sourire les enfants en CP sous l’œil bienveillant de papi et de mamie, grandpa et garndma en anglais, car il arrive que le melon Touquettois soit snob et arrogant, les côtes anglaises ne sont qu’à 270 petits miles nautiques de là, après tout.

Sa tige, appelée aussi « queue » par quelques adolescents facétieux ou potaches, est toute petite ce qui n’est pas incompatible avec de fortes ambitions : elle lui permet de s’accrocher un peu partout pour mieux grimper, avec un culot et une opiniâtreté qui force l’admiration d’abord, mais qui peut irriter à la longue.

Le melon est farci de pépins qu’on a trop tendance à sous-estimer, mais dont la toxicité en cas d’ingestion progressive (sept ans !) peut s’avérer mortelle.

C’est à cause de ses pépins que le melon Touquettois se reproduit en créant ces êtres hybrides monstrueux par une succession de mutations génétiques que Jérôme Jaffré a beaucoup de mal à expliquer.

Le melon Touquettois est spontanément ultralibéral et accessoirement despotique dès qu’apparaissent les premières contestations ; il est allergique à la couleur jaune, entre autres.

Le melon Touquettois est élevé en serres chaudes et humides, le ruissellement est donc totalement artificiel, ce qui le rend très vulnérable dès qu’on cesse de l’hydrater, ou bien d’y croire pour ceux qui ont mordu à l’hameçon, mais qui souhaitent garder l’anonymat.

Alors que le fruit sauvage ne dépasse jamais les 30 à 50 g, il n’est pas rare d’avoir des spécimens Touquettois de 800 grammes à 1.4 kilogramme, parfois beaucoup plus, notamment à Paris, dans le 8ᵉ arrondissement !

Le melon Touquettois est muni de vrilles rampantes ou grimpantes, toutes urticantes, qui lui permettent de se développer furieusement grâce à des racines secondaires et tertiaires de type Modem, Horizon et Ensemble ; elles sont dites « superficielles » ou encore « superfétatoires », car elles ont viscéralement besoin d’une grande partie de la gauche unie pour survivre face à l’invasion du tristement célèbre radis noir, un radis porteur de la tristement célèbre maladie, la sinistre Bardelliose Conneritis Incapacitante.

Fait remarquable : la Bardelliose Conneritis Incapacitante est inoculée par le melon Touquettois qui s’avère être un inoculateur particulièrement sournois.

Lorsque le melon Touquettois atteint une taille monstrueuse – principalement en juillet – il est encore temps de le poser sur une tuile, ce qui, au passage, n’arrange pas nos affaires, mais la tuile va permettre de le réchauffer au soleil, de l’assécher puis de l’éradiquer ; l’opération dure environ trois semaines, mais le résultat est spectaculaire : le melon Touquettois, après avoir été gros et fat, devient tout petit et ridicule, il ne sert plus à rien.

Le karma du gros melon Touquettois est particulier en ce sens qu’il est capable de s’automutiler : il perd sa tige, appelée aussi « queue » par quelques adolescents facétieux ou potaches…

Le dernier mot revient à Gustave Flaubert qui, dans son « Dictionnaire des idées reçues », donne la recette :

« Le choléra : le melon donne le choléra. On s’en guérit en prenant beaucoup de thé avec du rhum ».

Tous à vos chopes, car il est grandement temps d’aller le chopper !

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