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Billet de blog 6 décembre 2014

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Ils jouent avec le feu.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les similitudes entre droite et gauche vont bien au delà de leur simple convergence idéologique et économique, il ne suffit pas de se convertir au libéralisme pour se ressembler.

Face à la crise ils appliquent les mêmes recettes, font grimper les impôts dans les mêmes proportions, agitent le drapeau rouge d'une immigration envahissante, brandissent la menace musulmane, abaissent les charges des entreprises, remettent en cause les retraites...la liste est longue !

Le même ton, la même arrogance, la même incapacité génétique à imaginer d'autres solutions, une autre approche.

Pas d'autocritique.

Rigueur ? pas rigueur ? Relance par l'offre ? par la demande ? Ricardo, Smith ou Keynes ?

Un débat de "spécialistes" qui n'en finit pas de courir après la crise qui va beaucoup plus vite qu'eux.

Les mêmes écoles, les mêmes professeurs, au même moment. La même cravate, le même costume, les mêmes postures.

"Off", le tutoiement est de rigueur, 5, 6, 7 ans passés sur les mêmes bancs d'écoles, dans les mêmes sous-préfectures, forcément ça laisse des traces mais ce n'est pas le plus important.

Très vite confrontés à la réalité des choses, les reniements en tout genre finissent par venir à bout des promesses et dynamitent encore un peu plus une confiance populaire déjà moribonde, opinion populaire qu'on comprend d'autant mieux que les affaires poussent comme des champignons, aussi bien à gauche qu'à droite.

Avec, au bout du compte, en fin de mandat, la même sanction : dehors !

Sarkozy perd en 2012 mais revient.

Hollande a déjà perdu mais s'incrustera.

L'espace politique de la droite dite "républicaine" (notion parfaitement contestable en ce qui concerne l'Ex) est extrêmement confiné, les marges de manoeuvres sont quasi inexistantes, l'UMP que veut reconstruire Sarkozy pour essayer de se redonner de l'oxygène est coincée entre l'UDI et ses centristes, entre Bayrou et le Front National.

C'est ce qui explique les nominations de NKM en tant que N° 2 et celle de Wauquiez en N° 3, curieuse alchimie qui ambitionne de ratisser au centre droit et à la droite de la droite classique pendant que le Chef piétine allègrement les plates bandes des Le Pen.

Alain Juppé anticipe car il sait que pour être élu il faudra un minimum de crédibilité pour pouvoir reprendre l'électorat centriste malmené par un Sarkozy droitisant et sulfureux.

La gauche ne va pas mieux, le PS est, lui aussi, coincé entre un social-libéralisme que Valls veut incarner à lui seul et une Martine Aubry plus orthodoxe que jamais.

Montebourg, Hamon et d'autres se rallieront, le moment venu, aux plus offrants, ou aux "mieux offrants" à Aubry, pourquoi pas, dans l'espoir de se rapproprier tout le parti avec en ligne de mire l'échéance de 2022 et les législatives qu'il faudra bien regagner un jour... si non la gauche risque d'être atomisée pour très longtemps...

Les verts ont quitté le navire, le PC et Mélenchon ne sont jamais montés à bord, restés sur le quai à observer, à jauger...ce n'est pas maintenant, à deux ans et demi de la prochaine présidentielle, qu'ils vont frapper à la porte d'un navire qui prend l'eau de toute part...pas fous !

C'est dans ce contexte très particulier que la Grande Bagarre est en train de se préparer, la gauche et la droite sont en train de jouer "à qui perd gagne".

Pour Hollande comme pour Sarkozy il s'agit d'être encore vivants au second tour contre Marine Le Pen !

Car, compte tenu de leurs bilans catastrophiques et compte tenu de la déliquescence de leurs partis, et au delà de leurs partis, de tout leurs camps, il est vital que Marine Le Pen soit présente au second tour, ils se présenteront alors comme "l'unique rempart contre la barbarie" et espéreront emporter le morceau, ils savent qu'ils ne peuvent pas, ils ne peuvent plus gagner cette prochaine élection dans des conditions normales.

C'est un pari stupide, un pari fou, ils sont en train de jouer avec le feu.

Si la droite présente 3 voire 4 candidats, ce qui est très probable, si la gauche présente, elle aussi, 3 ou 4 candidats, sans parler de Cécile Duflot dont on connait maintenant les ambitions présidentielles, le scénario d'une Marine Le Pen présente au second tour est complètement réaliste, tout à fait possible.

Pour que la manoeuvre ne soit pas trop grossière, en tout cas pas trop visible, les frères ennemis ont plutôt intérêt à ne pas trop tirer à vue sur le Front National : pour Sarkozy qui chasse le même gibier sur les mêmes terres, c'est évident ; pour Hollande aussi mais pour d'autres raisons : une bonne partie de l'électorat du FN vient des rangs de la gauche, il faudra les convaincre de revenir au bercail, on a hâte d'entendre ses arguments. Par ailleurs les deux devront rassembler au delà de leurs camps, il faudra être capable de récupérer une partie de l'électorat de Le Pen au second tour, surtout si elle fait un bon score, plus de 22 ou 23 % ce qui n'est, malheureusement, pas impossible, plus son score sera élevé et plus il faudra montrer pate blanche...ou avaler son chapeau, ils savent faire !

C'est le pari de Sarkozy qui sait qu'une bonne partie de l'électorat frontiste devrait le rejoindre, il le veut, il l'espère, c'est un calcul ; ce sera plus délicat pour Hollande.

La gauche et la droite sont unis par les liens secrets d'un mariage objectif avec le Front National.

Ils auront des enfants.

Les bâtards de la République ?

Ou la République des bâtards ?

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