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Billet de blog 7 juin 2023

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Bilan politique de Marine Le Pen après six années passées à la tête de l’État

Élue depuis un peu plus de six ans déjà, à quatre ans de la prochaine élection présidentielle, dans l’incapacité constitutionnelle de se représenter une troisième fois après deux mandats, il nous a semblé utile si ce n’est nécessaire de dresser un premier bilan de la gouvernance Le Pen, Marine de son prénom ...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Élue depuis un peu plus de six ans déjà, à quatre ans de la prochaine élection présidentielle, dans l’incapacité constitutionnelle de se représenter une troisième fois après deux mandats, il nous a semblé utile si ce n’est nécessaire de dresser un premier bilan de la gouvernance Le Pen, Marine de son prénom.

Les peurs suscitées par l’arrivée de la fille de Jean-Marie Le Pen à la tête de l’État français en mai 2017 s’étaient accompagnées de commentaires apocalyptiques qui rappelaient ceux qu’on avait pu entendre lorsque les communistes sont arrivés au pouvoir en mai 1981 avec l’élection de François Mitterrand.

Peur du communisme en 81, peur du fascisme en 2017 : si la peur a bien changé de camp et de visage, peut-on continuer d’affirmer pour autant que la France de Le Pen est réellement « fasciste » ou fascisante, illibérale disent les plus timides ?

L’extrême droite pilotée par la famille Le Pen, FN puis RN, depuis près d’un demi-siècle, va-t-elle connaître le même sort que le parti communiste ?

En termes de politique économique, Marine Le Pen a fait le choix d’un libéralisme pur et dur, très favorable aux grandes entreprises et à leurs actionnaires, flat tax et baisse de l’impôt sur les sociétés pour ne citer que les réformes les plus symboliques.

La suppression de l’ISF a valeur de sparadrap : quoiqu’elle fasse elle est et reste l’amie des riches et des ultra-riches, l’amie des puissants.

Contrairement à ce qu’elle prétendait pour justifier ses choix, le ruissellement qui devait suinter à la suite de ces mesures brille par son absence, pas même un malheureux goutte à goutte … les entreprises ont massivement bénéficié de mesures d’aide et de soutien sans aucune espèce de contrepartie, la France est championne d’Europe des dividendes versés !

La réforme de la SNCF, du chômage, du RSA et la baisse des APL confirment cette orientation ultralibérale prise par Marine Le Pen, nous pourrions allonger la liste : on ne parle plus d’un simple sparadrap, mais d’une camisole de force libérale.

Six ans après son élection, un constat s’impose : selon le très sérieux Institut des politiques publiques – IPP – plus on est riche et moins on paye d’impôts.

Les milliardaires sont moins taxés que les millionnaires qui sont moins taxés que les classes moyennes qui sont moins taxées que …la France de Marine Le Pen n’aime pas les pauvres qui le lui rendent bien.

La plupart des réformes sociales sont accouchées aux forceps, à coup de 49.3, la dernière en date, celle des retraites, fait l’unanimité : près de 80 % des Français s’y opposent, mais rien n’y fait !
Elle utilise tous les artifices constitutionnels pour passer outre le filtre parlementaire, ce qu’il en reste …Gérard Larcher, président du Sénat, passe pour un défenseur des droits parlementaires, un gauchiste quoi …

Cette stratégie ultra libérale et, au-delà, la gouvernance de Marine Le Pen, prospère dans un climat particulièrement répressif : la stratégie du maintien de l’ordre fait des morts, des borgnes, des manifestants perdent qui une main, qui un pied …on ne les compte plus.

Les écologistes sont surveillés et punis, son ministre de l’Intérieur qui la trouvait un rien « trop molle » parle même d’un « écoterrorisme » qui en dit long sur ses racines politiques qu’on devrait plutôt qualifier de rhizomes : les barbouzes du ministère de l’Intérieur et des services de renseignements sont appelés en renfort pour espionner, pister, traquer et embastiller certains militants …ou d’autres manifestants.

L’amalgame est fait entre gilets jaunes et blacks bloc : les policiers chargent aveuglément celles et ceux qui osent s’opposer à sa politique : le droit de manifester, droit constitutionnel, est remis en cause sans que la presse mainstream s’en émeuve.

Qu’en est-il de la probité de cette équipe ? Sont-ils juridiquement, pénalement irréprochables, au-dessus de tout soupçon ? De bons et loyaux républicains au service du peuple ?

La liste est longue, près de 40 ministres, secrétaires d’État, hauts fonctionnaires proches de Marine Le Pen, nommés par elle parmi lesquels :

Deux ministres de la Justice,

Le ministre de l’Intérieur,

Le ministre des Armées,

Le secrétaire général de L’Élysée, le plus proche collaborateur de Le Pen et ami,

Le ministre délégué aux PME,

La ministre de la Santé,

Le Haut-Commissaire aux Retraites,

Le secrétaire d’État à la Fonction publique,

Le ministre chargé des outre-mer,

La ministre des Affaires étrangères,

La secrétaire d’État à la francophonie,

L’éphémère ministre de la Solidarité,

La secrétaire d’État chargée de la Mer,

Huit ministres sur 30 poursuivis par la Justice.

Liste non exhaustive …

La justice est saisie, elle enquête, elle condamne  ...

Sans oublier Marine Le Pen en personne pour ses liens avec des financements étrangers douteux …cela rappelle Nicolas Sarkozy.

Marine Le Pen aura à répondre également des relations privilégiées qu’elle a entretenues avant et pendant son mandat avec un grand cabinet de conseil américain.

Et ce fonds Marianne ...on en parle ? Un préfet est déjà tombé ...

Des affaires de gros sous, de trafics d’influence, de conflit d’intérêts, de retour d’ascenseur, de fausses déclarations, de harcèlement sexuel, de viols et d’abus de pouvoir …

À la question de savoir si la France a, oui ou non, amorcé un virage à droite, à droite de la droite en franchissant la ligne rouge qui départage la droite réactionnaire du néofascisme, la réponse est clairement oui.

Seul un social-démocrate à l’allemande, un homme jeune et dynamique, issu de la gauche républicaine, un homme de progrès pourrait nous sortir de l’ornière, on pense, bien sûr, à Emmanuel Macron.

"Le fascisme, c'est le mépris. Inversement, toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme.", Albert Camus.

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