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Billet de blog 8 octobre 2016

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Kim Kardashian et Alain Badiou sont dans un bateau, Alain Badiou tombe à l'eau...

Il est possible de ne rien faire et de gagner des milliards, c'est l'époque qui veut cela. Je ne pense pas, je ne dis rien, je ne produis rien, je ne fais rien : suivez-moi ! Le people est l'expression du capitalisme le plus pur, d'un libéralisme parfait, un monde idéal.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une téléréalité qui met en scène ses seins ou sa chute de reins, ou les deux si vous êtes patients.

Des rires, quelques larmes pour émouvoir, des cris, des embrassades, des caresses, des strings sérrés, des décolletés plongeants et de la vaisselle cassée.

Une sextape vendue 5 millions de dollars, fausse fuite, fausse indignation, les ingrédients indispensables pour fabriquer un succès à partir d'un faux scandale.

Sexe, vidéos et mensonges.

Un scénario qui s'entête, qui se répète à l'infini, écrit minute par minute. Surtout sans imagination, sans originalité, sans jamais dévier de sa ligne si non on risque la sortie de route, une route parfaitement balisée, en fait un petit chemin de traverse transformé en autoroute médiatique où on passe et repasse sans cesse, sans se rendre compte que le paysage est toujours le même.

Que vous soyez une riche héritière - Paris Hilton - ou une inconnue - Kim K - la recette est la même.

Et ça marche !

Les réseaux sociaux font de chaque éternuement un évènement planétaire, twitter, liker, instagrammer encore et encore, le secret est là, disposer d'un réservoir de voyeurs et de voyeuses qui vont transformer l'anecdotique crachat en phénomène mondial.

Le buzz, il faut faire le buzz car le buzz est sacré, c'est lui qui fait la grandeur de ses glandes, lacrymales, endocrines et sudoripares, les plus prisées.

5 000 ou 10 000 selfies plus loin, c'est à dire 24 ou 48 heures après, il faut booster ou rebooster l'audience qui attend patiemment quelque chose de croustillant à se mettre sous la dent. Pas forcément du croustillant, des nouvelles, des news, quelque chose...n'importe quoi pourvu que le petit oiseau gazouille, il faut soutenir l'attention de nos petits voyeurs toujours prompts à zapper, coûte que coûte. La pression doit rester constante.

Sans ouvrier, sans machine, sans infrastructure, sans aucune mise de fond, sans aucun investissement : si c'est bien fait, la mise en scène rapporte immédiatement énormément de cash. Pour ne parler que de K.K elle aurait déjà engrangé plus de 52 millions de dollars !

Un selfi avec une robe de chambre de la marque B... dont on voit distinctement l'étiquette et B... lui reverse entre 10 000 et 50 000 dollars, cela dépend de la marque et/ou du produit, du moment aussi, B...et K.K savent se coordonner, ils se parlent, une robe de chambre en cashemer, en plein mois de juin n'a aucun sens, voyons ! alors que la nuisette transparente...

Un collier de chez C... 75 000 dollars.

Des chaussures L...45 000 dollars.

Une journée entière passée à se doucher, à s'habiller, à se déshabiller, à se nourrir, à se parfumer peut lui rapporter entre 150 et 200 000 dollars, 20 ou 30 selfies, ce n'est pas le bout du monde...

Pas besoin de diplômes, aucune formation, un smartphone suffit.

La célébrité de K.K fait sa célébrité, elle s'auto-alimente en permanence, elle se régénère toute seule.

De ce point de vue le people est l'expression du rêve capitaliste le plus pur : pas d'investissement, pas de grève, un résultat financier égal ou quasiment égal au chiffre d'affaires !

Le libéralisme a trouvé son business model, Kim Kardashian.

Attention à ceux qui osent défier l'e-conne, je pense à Philippe Poutou et à Mathieu Kassovitz qui ont twitter des choses rigolotes sur l'agression de K.K, du genre "la redistribution des richesses commence" : faut pas plaisanter !

Kim Kardashian et Alain Badiou sont dans un bateau, Alain Badiou tombe à l'eau, l'e-conne reste seule aux commandes de la barque.

Désolé, Alain.

Tu sais nager au moins ?

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