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Billet de blog 8 décembre 2021

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De la difficulté des gestes barrières dans les clubs échangistes

Des discothèques qui ferment, des clubs échangistes qui restent ouverts...au-delà des apparentes contradictions du gouvernement, voici un petit traité d'analyse sérologique de l’extrême droite et de la macronie grâce auquel on comprendra que le fameux « en même temps » a été subtilement et discrètement remplacé par la préposition « dans » qui vient du latin deintus, au-dedans.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les discothèques doivent une nouvelle fois fermer alors qu’elles avaient été autorisées à rouvrir le 9 juillet après seize interminables mois sans pouvoir accueillir le moindre client.

Coup dur pour les gérants de boîte de nuit qui s’attendent à une prolongation de cette nouvelle mesure d’interdiction, c.-à-d. au-delà des quatre semaines imposées par Jean Castex.

Le Premier ministre justifie cette décision de fermeture, car dit-il « Le virus circule beaucoup chez les jeunes et le port du masque est difficile dans ces lieux ».

Alors que le port du masque dans les boites d'échangisme est tout simplement impossible, il faut savoir lire entre les sexes textes, surtout quand c'est Jean Durex qui s'exprime. Mais ce n'est pas la seule raison.

L’explication proposée par Jean Castex pointe donc du doigt une sous-catégorie (!) de la population, « les jeunes », c’est un point important, nous y reviendrons.

Au passage, faisons le pari que « les jeunes » qui ne pourront plus fréquenter les boîtes de nuit iront faire la fête dans des appartements, des garages, des sous-sols ou des maisons, cette fois-ci sans aucun contrôle ni port du masque ; à leur place et à leur âge, c’est évidemment ce que j’aurais fait.

Le jeune est un petit salaud en plus d'être un petit con, le Premier ministre n'a pas complètement tort.

On doit se souvenir que les clubs libertins où se pratique ce que techniquement on appelle l’échangisme –  appelé partouze jusqu'au milieu du siècle dernier – avaient bénéficié d’une mesure de clémence et avaient été autorisés à rouvrir beaucoup plus tôt que les « night-clubs ».

Une fois de plus, les partouzeurs passent entre les gouttes. Pas de fermeture pour eux.

Il faut essayer de comprendre et de surmonter (?) cette apparente contradiction gouvernementale.

Ne nous égarons pas dans des explications vaseuses ou dans de vaines considérations politiciennes qui consisteraient à sous-entendre que le gouvernement a pris les discothèques en otage afin de faire passer à moindres frais un message de prudence et de distanciation sociale sur le dos des nightclubbers, distillant mezza voce une salvatrice ambiance de menaces.

Un peu de sérieux, s’il vous plaît !

Il faut en finir une bonne fois pour toutes avec ce climat de suspicion généralisé qui plane en permanence au-dessus d’Emmanuel Macron qui n’est pas candidat à la présidentielle à l’heure où nous imprimons, je tiens à le préciser : le président de la République a le droit, lui aussi, à la présomption d’innocence, au même titre que messieurs Fillon, Guéant, Sarkozy et Chirac avant qu’ils ne soient condamnés.

Tant qu’un coupable n’est pas condamné, il est innocent.

Pour les matheux, j'en connais ici, l'inverse est moins vrai : un innocent condamné est coupable. Mais passons.

La question fondamentale qui peut nous aider à comprendre pourquoi les clubs libertins bénéficient de telles mesures de clémence pendant ( ?) que les clubs « pour jeunes » en sont systématiquement exclus est simple pour ne pas dire triviale : alors que les night-clubs sont fréquentés par des « jeunes », les clubs de partouzeurs, eux, sont exclusivement fréquentés par des vieux, catégorie CSP+, c.-à-d. par les chefs d’entreprise, comme par exemple Geoffroy Roux de Bézieux qui porte un nom prédestiné ; par les professions supérieures intellectuelles, comme par exemple Dominique Strauss-Kahn ; par les professions intermédiaires, comme par exemple Jean Castex ; par les commerçants, comme par exemple Eric Ciotti et Eric Zemmour ; et enfin  par les artisans, comme par exemple Nicolas Hulot ou encore Patrick Poivre d’Arvor.

Par quelques noirs aussi qui, même s’ils n’appartiennent pas à la catégorie enviable des CSP+, sont appréciés pour leur sens du rythme, leur incomparable endurance physique et leur gaité naturelle si communicative, ils n'ont pas leur pareil pour ambiancer une salle tout entière.

Or, et nous sommes bien obligés d’y revenir, les CSP+ constituent l’essentiel des bataillons macaronistes macronistes, c’est le cœur (litote utilisée par crainte de la censure anti-pornographie numérique) de l’électorat Modem et LaRem, les centristes ont, en effet, vocation à faire le lien entre la droite et l’extrême droite, les centristes sont à la politique ce que la tranche de jambon est au sandwich jambon-beurre-cornichons ; cornichons avec un s, ils sont très nombreux, dans ce cas le pluriel s'impose.

Les petites vieilles peroxydées de Nice accompagnées de leurs vieux maris pas encore décédés ou de leurs amants à mocassins blancs vernis constituent le noyau dur (?) de l’électorat macrono-compatible de l’extrême droite varoise et des Alpes-Maritimes, un noyau qui germe ici ou là, un peu partouze en France.

On peut facilement l’imaginer : il n’y a pas de barrière entre ces gens-là, encore moins de gestes barrières, ils échangent, échangent un peu comme les Shadocks pompaient, pompaient.

C’est ce qui explique que de Thierry Mariani à Eric Ciotti, de Christine Boutin à Charles Million en passant par Zemmour et Le Pen, les thèses de l’extrême droite prospèrent et se répandent.

Qui oserait, en pleine partie de jambes en l'air collective, parler de « Front républicain » ? De front, il n'en n'est pas question ici, ce n'est pas là que cela se passe, voyons ! complétement incongru !

Depuis quelques années, nous sommes en pleine orgie politique, il n'y a plus de boussole.

Si Victoria’s Secret a considérablement rabaissé l’estime de soi des femmes depuis environ cinquante ans, les clubs échangistes, par contre, leur proposent une place de choix entre Jacques, Francis, Raymond et Dominique-nique-nique, elles sont le centre d’attention de mâles bienveillants, le point de convergence qu’il ne faut pas confondre avec le point G maintenant monopolisé par Google.

D’une certaine façon, Emmanuel Macron est « en même temps » Vistoria’s Secret et un club échangiste, il rassemble, rassemble, il mélange, mélange, il rabaisse, rabaisse un peu comme les Shadocks pompaient, pompaient quand d’autres échangent, échangent.

Son « en même temps » s'est laissé subtilement et discrètement pénétrer par la préposition « dans » qui vient du latin courant deintus, au-dedans.

Libéralisme dans socialisme, gauche dans droite, Zemmour dans Le Pen, Raymond et Jean-Claude dans Monique.

C'est ainsi qu'il a réussi à créer un électorat « BiteCoin », voilà qui résume assez bien toute sa stratégie.

Alors, me direz-vous, où est la gauche, qu’est-elle devenue, quel est son présent, on ose à peine parler d’avenir ?

À celles et ceux qui pensaient, comme Pascal, que la gauche est un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part, je serais tenté de leur répondre que la gauche est un cercle dont le centre est nulle part et la circonférence partout.

Mais rassurez-vous : dans un monde où on a inventé une montre qui remplace votre IPhone qui lui-même a remplacé votre montre, tout est possible !

Un monde merveilleux où on passe plus de temps à chercher une série qu’à la regarder, je viens d’en faire l’expérience sur Netflix depuis une dizaine de jours. 

Mon slogan pour la prochaine élection présidentielle :

Elect a clown, expect a circus !

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