"La question reste posée. Et la question restant posée, il ne nous reste plus qu’à poser la réponse. François Fillon est-il un con ? De deux choses l’une : ou bien François Fillon est un con, et ça m’étonnerait tout de même un peu, ou bien François Fillon n’est pas un con, et ça m’étonnerait quand même beaucoup."
Le lecteur averti de Médiapart, il y en a, beaucoup parait-il, l'aura immédiatement reconnu, il suffit de changer "François Fillon" par "Claude Séguéla" pour retrouver le texte original signé du très grand Pierre Desproges dans Réquisitoire contre Jacques Séguéla / Tôt Ou tard CD 2 - Éditions du SEUIL /
La question est posée.
Etre con au point de solliciter l'aide de l'actuel Secrétaire Général de l'Elysée pour qu'il incite, ou force la justice à enquêter sur Sarkozy suite au dépassement du plafond de ses frais de campagne et obliger l'ancien Président à puiser sur ses deniers personnels pour rembourser l'UMP. Et le condamner, au passage, pour l'empêcher de revenir.
Etre con au point de déposer plainte contre les deux journalistes du Monde qui ont révélé l'affaire et qui expliquent, à qui veut bien les entendre, qu'ils ont plusieurs témoins, mieux, qu'ils ont enregistré les propos de Jean-Pierre Jouyet, "nous remettrons la bande à la justice si elle le souhaite".
Etre con pour prendre à témoin les Français par un pitoyable mais déjà entendu "vous me voyez en train de demander au Secrétaire Général de l'Elysée d'influencer le cour normal de la justice ?" et d'ajouter "mon honneur est en cause". Oui, oui et encore oui.
Etre con en prenant les Français pour des cons.
La connerie est contagieuse : ce matin sur Europe1, Henri Guaino, jamais à court d'arguments tordus, affirme, sans rire, que nous serions en face d'un scandale d'Etat en la personne de Jean-Pierre Jouyet ! rien sur Fillon, il attend patiemment les bandes...en fait il avance ses pions un par un, il entend faire d'une pierre deux coups : il sait que les bandes existent, qu'elles sortiront et que Fillon risque d'être sérieusement compromis mais en attendant que la justice fasse son travail il contre attaque en prenant pour cible le locataire de L'Elysée.
Pif, paf !
Cette tactique qui consiste à détourner l'attention du public en attaquant non pas celui qui s'est rendu coupable du délit mais un "témoin" totalement extérieur au délit en question a déjà prouvé son efficacité si on se souvient de Sarkozy Bismuth avec Christiane Taubira. Rien sur les propos de l'avocat qui expliquait qu'il (Sarkozy) ne risquait rien pourvu que la justice ne fasse pas correctement son travail...la tactique du contre pied que la droite utilise à merveille avec une gauche qui prouve, une fois de plus sa naïveté.
Quitte à choisir entre la peste et le choléras je garderais peut être la naïveté...mais à ce niveau là de responsabilités et de "professionnalisme"...pas sérieux ! pas crédibles !
Contagieuse la connerie : Jouyet, sous la menace des bandes qui vont ressortir, est obligé de se rétracter et vient d'avouer son mensonge : effectivement Fillon lui a bien parlé de Sarkozy et de l'affaire Bygmalion...il aurait pu faire l'économie d'une connerie qui va lui retomber dessus, foi de Sarkozy !
Il n'en reste pas moins que tout cela est révélateur d'un climat invraisemblablement antidémocratique et pourri :
Le copinage (ENA, Sc Po...) "transfrontalier" (gauche-droite et droite-gauche) dont on espère qu'il suffirait à influencer voire à truquer le déroulement normal de la justice.
Tenter le coup prouve que cela a du fonctionner et fonctionne encore...
La Le Pen ne va pas tarder à dénoncer l'Etat UMPS, une fois de plus, beaucoup lui donneront raison, ils n’auront pas complètement tort...
"J’ai envie de suggérer l’hypothèse selon laquelle la faible participation des femmes sur la scène politique serait le simple mépris qu’elles en ont".
Du Desproges, encore, dans "Fonds de tiroirs", Editions du seuil.
Il connaissait le père, pas la fille, il est mort en Avril 1988...
Pierre, réveille toi, ils sont devenus fous.