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Billet de blog 9 décembre 2017

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Johnny Hallyday est Victor Hugo, Mireille Mathieu sera Marguerite Yourcenar

La crise paroxystique atteindra son intensité maximum aujourd'hui, entre 12 et 15 heures, lors de l'hommage populaire rendu à Johnny Hallyday. Personne n'y échappera. Ni vous, ni moi...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On peut être enthousiaste, passionné et se laisser submerger par l’émotion, c’est humain après tout.

La surenchère médiatique ajoutée à l’unanimisme ambiant favorisent ces névroses hystériques collectives.

Question d’audience, comment faire pour s’en passer ?

Quatre jours non stop passés à comparer la foule des admirateurs de Johnny à celle qui accompagna l’auteur des Misérables, le jour de ses funérailles.

Un signe des temps, tout et n’importe quoi devient possible, rien ni personne ne peut stopper la machine infernale, celle qui nous fait perdre le sens de la mesure.

On compare tout, on confond tout.

Pourtant, à l’école déjà, nos « maîtres » nous apprenaient à compter sans mélanger les torchons avec les serviettes.

Johnny n’a rien d’un torchon, Victor Hugo n’a rien d’une serviette, ils n’appartiennent pas au même monde, ni à la même époque, ils ne boxent pas dans la même catégorie ni ne ripaillent aux mêmes tables.

Enfin je crois…

Comme Albert Camus, Marcel Cerdan était "pied noir", ils avaient en commun l'Algérie, tous les deux sont morts accidentellement...j'imagine ce que pourraient en dire nos journalistes experts en amalgames et adorateurs de raccourcis, car le raccourcis fait de l'audience, il fait vendre. 

L'émotion est un démultiplicateur en matière de rendement publicitaire, l'occasion est trop belle. 

Le chanteur Carlos avait anticipé le phénomène en déclarant « Johnny c’est le Victor Hugo de la rengaine, s’il meurt la France s’arrête » comme vient de le rappeler Gary Assouline dans les colonnes du Huffpost, ce matin.

Certains signes ne trompent pas : Victor Hugo est inhumé au Panthéon tandis que Johnny sera enterré sur l’île de Saint-Barthélémy, dans le petit cimetière de Lorient qui s’apprête à accueillir le « grand homme » dès lundi matin.

D’un côté le Panthéon, de l’autre la très jet set et très ensoleillée "Saint-Barth", ses plages, son sable blanc, ses belles demeures richement peuplées, des maisons épargnées par l’ouragan qui a ravagé Saint-Martin, à deux coups de rames de là.

Victor Hugo voulait un corbillard simple, le « corbillard des pauvres », Johnny aura droit à un avion privé pour rejoindre sa dernière demeure.

Décidemment quelque chose cloche, le simple fait de comparer un moyen de locomotion avec un autre donne le vertige, on se sent comme aspiré par la connerie qui recrache ces incongruités en pluie fine sur celui qui ose s’aventurer sur le terrain des comparaisons douteuses et malodorantes…je suis tombé dans le piège, je m’en rends compte, bien fait pour moi !

Aspiré par un trou noir...

Le 9 décembre 2017 sera donc aussi important que le 31 mai 1885, la député LERM Aurore Bergé et Michel Drucker sont sur la même longueur d’onde.

Victor Hugo sera le premier homme de lettres à intégrer le Panthéon, quand je lis Bug Jargal, même si c’est pour la 100e fois, je comprends pourquoi.

Demain Mireille Mathieu sera Margueritte Yourcenar, franchement, quand on y pense, c’est très injuste pour Dalida, non ?

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