Il se met en scène, choisit son photographe, son réalisateur, rien n’est laissé au hasard, l’enjeu est trop important.
Son chorégraphe lui donne le tempo, ni trop lent ni très pressé, ses pas ont la précision du métronome, la mise en scène est millimétrée, les lumières luttent entre la pénombre et la clarté, son profil se détache, il est serein.
Il marche lentement pour laisser le temps à la pellicule de s’imprégner de son image sacrée, si belle, si travaillée, tellement unique.
La cérémonie du 7 mai se voulait plus « sobre », les propos du Palais le confirment « Elle (la cérémonie) s'inscrit dans une continuité historique dont le Président est dépositaire ».
Rien de moins, la sobriété devient grandiose, démesurée, tonitruante, en un mot « historique ».
Propriétaire de l’histoire ! lui seul peut la gérer !
Ah le bel exploit !
Propriétaire de son image, propriétaire de la salle de cinéma où est projeté son film, acteur solitaire, scénariste et dialoguiste, mais pas producteur, il entend rester seul propriétaire de son histoire dans l’Histoire, il est certain de siéger à côté de Charles de Gaulle et à la droite de Dieu le Père.
Ses choix musicaux sont révélateurs d’un narcissisme de diva : « L’Air du champagne » de Don Giovanni de Mozart, par exemple, le pousse à un commentaire qui dit tout sur l’amour qu’il se porte pour qui sait lire entre les lignes : « C’est l’un de mes opéras préférés. J’aime beaucoup ce personnage de Don Juan qui est un homme de liberté. Il y a derrière ce personnage quelque chose qui relève de notre histoire et qui est fondamental, c’est cet amour immense pour la liberté ! ».
Emmanuel Macron est perché.
Très haut.
Il aime Don Juan, pas de hasard, il s’adore !
Il parle de lui, il s’aime tellement que rien n’est anecdotique dès qu’il entre en mouvement, dès qu’il parle, dès qu’il se réveille, c’est d’ailleurs pour cela qu’il dort si peu, 3 à 4 heures par nuit, il ne veut pas manquer son rendez-vous avec l’histoire, car il sait que l’Histoire ne dort jamais et pourrait se passer de lui, il court après.
Il s’aime et il sourit.
Il parle et il sourit.
Il s’amuse en fait.
Le pouvoir absolu dont il dispose dans une pratique ultra-égocentrique et néanmoins monarchique le fait rire, il s’est surpris à griller tout le monde au stop, en 2017, il est entré par défaut, depuis, il rit.
En avril dernier, il se maintient par défaut, il rit encore et toujours.
Quand Nietzsche se moque de ces grands hommes « qui ne sont que le reflet de leur propre idéal », il parlait de Macron dont l’idéal sublimé est l’image que lui renvoie son miroir.
Comment ne pas penser à Gotlib et à certains de ses personnages fétiches, Pervers pépère, Gai Luron ou encore Superdupont ?
Sa perversité est idéologique, il doit s’émerveiller en secret de la vente aux enchères par Christie's du portrait de Marylin Monroe réalisé par Andy Warhol à partir d’une photo promotionnelle tirée du film Niagara, en 1953 : 195 millions de dollars pour une photo retouchée et peinturlurée…plus qu’un Modigliani, plus qu’un Picasso !
Fétichiste ultralibéral, il a certainement été émoustillé, aussi, par le maillot de Maradona vendu pour 9 millions de dollars, maillot qu’il portait le jour où la « Main de Dieu » du footballeur a réussi un faux miracle contre l’Angleterre, lors de la Coupe du monde, le 22 juin 1986.
Il croit aux faux miracles, il croit en lui...
Là encore, il sourit, il aime tant ces symboles qui lui murmurent des mots doux et tendres, des mots d’amour à son oreille si attentive aux bruits que font les millions quand ils sont audibles et visibles, ce qui n’est pas toujours le cas…surtout chez Rothschild !
Dans ce monde fou où les pauvres remplissent les poches des plus riches, tout est possible.
Alors pourquoi pas moi, se dit-il.
Il excelle (il croit exceller) dans l’art de rendre hommage aux morts, en fait il se hisse à un niveau de consensus populaire censé faire écho à l’enthousiasme qu’il voudrait susciter. C'est un adepte de l'onanisme intellectuel, main gauche, main droite, les deux en même temps lorsqu'il est en forme, c'est sa marque de fabrique.
Les morts ont un autre avantage sur les vivants, ils se taisent, eux !
Quand Emmanuel Macron s’endort enfin, il croit que le monde s’est éteint, sans lui rien ne vit.
Il a une approche ludique du pouvoir, il joue.
Ce président Gai-Luron qui rit de se voir si beau en ce miroir est l’icône de l’égocentrisme ultralibérale, la figure de proue du capitalisme financier, un individualiste forcené.
Il se contemple, il s'encourage, il se congratule.
Il y a quelque chose de fou chez cet obsédé de l'apparence.
L'illusion de Narcisse fut qu'il crut devoir aimer un autre pour pouvoir s'aimer sans se rendre compte que personne ne l'aimait.