La France politique est entrée dans une phase de décomposition dont on ne connait pas encore le terme.
Abus de confiance, faux et usage de faux, escroqueries fiscales, subordinations de témoins, financement illégal de campagne, prise illégale d'intérêts, prévarications, corruption, trafic d'influence...on connait les symptômes, l'agonie promet dêtre longue, beaucoup trop longue.
Les plus optimistes espèrent, font le pari d'un avenir meilleur.
J'en suis !
La résilience viendrait de l'abîme, dit-on...il faut toucher le fond !
Patience, patience...
En juin prochain nous allons être confrontés à un choix : Juppé ou Le Pen, Sarkozy ou Le Pen, Hollande ou Sarkozy, Le Pen ou Hollande, Fillion ou Le Pen...
On s'y perd, tellement d'alternatives !
Mais pas de quoi rassurer, bien au contraire. Le fond de la piscine s'éloigne au fur et à mesure qu'on s'en rapproche.
La France est la fosse des Mariannes, ce n'est pas un hasard.
La Nation est en train de balbutier ses obcénités, elle répète son message à l'infini, elle tient ses promesses de médiocrités, en un mot elle tourne en rond, une spirale descendante qui n'en finit plus de plonger.
En alignant le calendrier présidentiel sur le calendrier parlementaire nous sommes passés d'un régime à un autre tout en conservant la même constitution, celle que de Gaulle avait imaginé en 1958 dans un contexte bien particulier, au lendemain de la seconde guerre mondiale.
La synchronisation des deux consultations nationales a fait pencher le balancier de l'autre côté, à l'opposé ce que de Gaulle avait voulu pour combattre "le régime des partis" si typiquement IVe république.
Les mêmes règles pour une société radicalement différente, à 58 ans d'écart.
Sarkozy incarne ce système mieux que personne, par sa démagogie, par son arrogance et par son cynisme.
Il impose un modèl basé sur la surenchère ; pour survivre, il provoque ; pour durer il imite ; pour régner il divise.
Tout le monde tombe dans le panneau, ses amis, ses ennemis, ses adversaires, ses détracteurs, ses fans, sans oublier les médias qui se font de l'audience sur son dos, la foire préfère les monstres et les voyeurs, les uns ne vont pas sans les autres.
Je viens de relire un auteur dont je ne me lasse pas, je vous laisse deviner son identité au travers de ces quelques mots :
« C’est dans le gouvernement républicain que l’on a besoin de toute la puissance de l’éducation. La crainte des gouvernements despotiques naît d’elle-même parmi les menaces et les châtiments; l’honneur des monarchies est favorisé par les passions, et les favorise a son tour: mais la vertu politique est un renoncement à soi-même, qui est toujours une chose très pénible.
On peut définir cette vertu, l’amour des lois et de la patrie. Cet amour, demandant une préférence continuelle de l’intérêt public au sien propre, donne toutes les vertus particulières ; elles ne sont que cette préférence.
Cet amour est singulièrement affecté aux démocraties. Dans elles seules, le gouvernement est confié a chaque citoyen. Or, le gouvernement est comme toutes les choses du monde : pour le conserver, il faut l’aimer.
On n’a jamais ouï dire que les rois n’aimassent pas la monarchie, et que les despotes haïssent le despotisme.
Tout dépend donc d’établir dans la république cet amour; et c’est à l’inspirer que l’éducation doit être attentive. Mais, pour que les enfants puissent l’avoir, il y a un moyen sur : c’est que les pères l’aient eux-mêmes.
On est ordinairement le maître de donner à ses enfants ses connaissances; on l’est encore plus de leur donner ses passions. Si cela n’arrive pas, c’est que ce qui a été fait dans la maison paternelle est détruit par les impressions du dehors.
Ce n’est point le peuple naissent qui dégénère; il ne se perd que lorsque les hommes faits sont déjà corrompus ».
Il s'agit de Montesquieu, bien sûr, dans L'esprit des lois, Tome 1, Livre 4, chapitre 5.
P.S : le titre de ce billet est librement inspiré d'Oscar Wilde "Un cynique est un homme qui connait le prix de tout et la valeur de rien".