Jean-Pierre Jouyet a donc "invité" François Fillon au Pavillon LEDOYEN, (Paris 8e), pas loin de l'Elysée.
D'après nos informations le repas aurait coûté 187 €.
Pas de vin, que de l'eau, plate qui plus est ; pas de café non plus.
La note aurait été discrètement acheminée au Secrétariat Général de l'Elysée par coursier interne, au frais du célèbre restaurant, "c'est plus prudent" aurait conseillé le Directeur du restaurant, "en effet" lui aurait sobrement répondu Jouyet ; Fillon, en confiance, n'a fait aucun commentaire sur le sujet.
Nous nous sommes procurés les menus que vous pouvez consulter, vous aussi, en allant sur le site http://www.linternaute.com/account/amandine-durand-5056709
Pour Jean-Pierre Jouyet, en entrée : "Les dés de requin faisandé".
Par curiosité nous nous sommes procurés la recette : "Pêchez un requin, tuez-le immédiatement. Enterrez-le dans le sol et laissez reposer environ 5 mois. Lorsque la chair est en putréfaction, sortez-le, et laissez sécher pendant plusieurs mois. Puis coupez-le en cubes. lorsque le requin est tué, l'acide urique envahit immédiatement l'ensemble des tissus musculaires : c'est ce qui donne à la chair ce petit goût unique".
Il parait que c'est délicieux ! l'odeur de la chaire faisandée mélangée à celle de l'urine serait "irrésistible" d'après les amateurs.
Pour François Fillon, en entrée : "Gélatine de Scorpions grillés sur son lit de venin froid".
Impossible de se faire communiquer la recette : plat trop dangereux, trop sophistiqué et très long à préparer, nous dit-on chez LEDOYEN.
Cher, pas vraiment copieux mais hyper croustillant sous la dent, parait-il. Pour les âmes sensibles s'abstenir !
Un point commun entre les deux hommes : une zoophilie culinaire qui en dit long sur leurs parcours, leurs habitudes, leurs goûts...L'ENA, peut être, une école où on apprend à garder son sang froid en toute circonstance.
Venons-en aux plats de "résistances".
Pour Jouyet : "Sauté de dindonneau Grand-Mère, sauce piquante".
"Une recette qui rencontre toujours un énorme succès auprès de ce type de clients" nous explique le serveur d'un air pénétré, avec un petit sourire coincé entre les dents qui nous laisse perplexe. Un bref moment.
Rien à signaler, du très classique, on notera toutefois que le dindonneau est accompagné (les mauvaises langues diraient "escorté") de grandes asperges crues en provenance du Nord de l'Italie, du côté de Turin ; belles, ces asperges, mais curieusement sans tête, le meilleur pourtant...Jouyet leur a donné un prénom, des "Carlita".
Nous finissons par comprendre le sourire du serveur...il a dû avaler un clown en plus, ce jour là, le JP.
Pour Fillon : Andouille de Vire sur concombres masqués.
Incontournable, consistante, conviviale, consensuelle, l'andouille ; jamais congelée chez LEDOYEN, toujours conseillée.
Évidente pour qui connait Fillon..."el consigliere" Français.
Les deux compères ont le même gout pour le fromage, encore et toujours l'Italie !
"Le fromage qui bouge tout seul", là encore, attention aux âmes sensibles, aux cœurs sensibles !
Amandine Durand, notre spécialiste, nous donne la recette :
"Prenez un fromage de brebis. Au moment de l'affinage, introduisez des larves de Piophila Casei (appelées également : "mouche à fromage"). Laissez décomposer l'ensemble tranquillement dans une cave. Lorsqu'un liquide (appelé "lagrima") s'en échappe, consommez votre fromage gigoteur avec ou sans les larves, à votre convenance."
"Avec larves svp" se seraient écriés les deux amis, "Que viva la Piophila casei" aurait même ajouté Jouyet, l'air et la mine du conquistador inspiré...
Ah, ce liquide !
On ne peut pas être plus clair. Plus constant.
Plus...
Amandine, prudente, tient toutefois à mettre en garde les amateurs de sensations fortes : "Ce fromage a été interdit pour des raisons sanitaires en Italie. En effet, certaines personnes ne parvenant pas à digérer les mouches seraient tombées malades."
Une "Brunitte" aiguë ? non ! quand même !
Des mouches ! ces sale mouchardes dont nous parle la police scientifique !
Elle a raison, Amandine, ils ne pourront pas dire qu'ils n'étaient pas au courant, les complices.
Au moment de choisir entre fromages et desserts il y aurait eu quelques échanges de bons mots du genre "Un petit ou un gros Gouda ?" "L'autre pays du carnage, le Hollande"...
Ça ne vole pas bien haut, des condors de l'humour potache un peu fatigués.
Mais la conspiration était là, bien là, elle rodait entre ce rat des villes et ce rat des champs.
Alors ?
Complot ?
Conspiration ?
Ou simple Complication ?
Compromis, dans tous les cas.
Sans complexe, comme d'habitude.
Avec notre insupportable mais involontaire connivence, impôts obligent.
A votre santé, M'sieurs-Dames !