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Billet de blog 11 novembre 2022

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Combien d’orgasmes mensuels masculins faut-il atteindre pour être heureux ?

Des scientifiques inspirés, sérieux et compétents se sont posés une question simple : à partir de combien d’éjaculations mensuelles les hommes se sentent-ils « heureux », donc proches de la « béatitude absolue» ?

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Des scientifiques inspirés, sérieux et compétents se sont posés une question simple : à partir de combien d’éjaculations mensuelles les hommes se sentent-ils « heureux », donc proches de la « béatitude absolue » ?

J’avoue avoir un peu hésité avant de lire cet article, le mot « heureux » me faisait un peu peur, même si j’ai déjà entendu des expressions du genre « heureux en amour, heureux au jeu, heureux au travail ».

Heureux au travail tombe en désuétude, question d’époque.

Non, ce qui me gênait, c’est le lien entre éjaculations avec un grand s à la fin et heureux : la démarche de ces chercheurs se focalise essentiellement sur la dimension quantitative de la chose ; par chose, j’entends éjaculations, je n’aborde pas le sujet si délicat et si tragiquement clivant de la dimension du sexe des hommes, sujet qui, par comparaison sous les douches, les dimanches d'après matchs, est à l’origine de bon nombre de catastrophes planétaires et de conflits guerriers, voire de malentendus ou de quiproquos.

Ce n’est donc pas la qualité de l’orgasme masculin qui compte, mais sa fréquence, si l’on en croit les résultats de cette étude publiée dans la revue European Urology.

Pour que la question soit bien comprise par tout le monde, n’hésitons pas à la reformuler : il s’agit de connaître « le nombre idéal d’éjaculations qu’il faudrait avoir dans un mois afin de toucher d’un peu plus près la béatitude absolue » précise le journaliste qui fait son travail de journaliste avec beaucoup de sang-froid.

La conclusion de cette enquête – qui a duré 18 ans, elle a été menée auprès de 30 000 hommes – est terriblement troublante, pour ne pas dire effrayante : il faut éjaculer au moins 21 fois par mois afin d’être plus heureux !

Attention, ce chiffre ne garantit pas un accès automatique à la béatitude absolue, notion sur laquelle nous reviendrons : il est dit que celui qui éjacule 21 fois par mois, c.-à-d. au moins cinq fois par semaine (mais quels jours de la semaine, le dimanche aussi, jour du Seigneur ?) sera plus heureux.

Nuance importante.

Cette approche purement quantitative du bonheur, puisqu’il s’agit bien de cela, me conduit à un terrible constat : je n’ai jamais été heureux !

Sans le savoir, j’ai eu une vie de merde !

J’ai interrogé des amis, ils en arrivent à la même conclusion que moi, ils ne sont pas heureux, eux non plus, ils ne l’ont jamais été !

J’ai un pote d’enfance que je ne vois quasiment plus, Bernard S, qui avait un appétit sexuel démesuré, je pense qu’il atteignait sans problème le ratio indiqué par ces scientifiques : il a épuisé les quatre femmes avec lesquelles il s'est marié et avec lesquelles il eu plusieurs enfants, il vit seul en Afrique ou il avait cru trouver un accueil à la mesure de ses appétits gargantuesques ; passé 70 ans, il est totalement isolé, abandonné par ses 9 enfants qu’il ne voit jamais, il a sombré dans une profonde dépression alcoolique, un zombi, un paria condamné à hanter les rues sombres des faubourgs de Bamako, les nuits de pleine lune.

Plus grave encore, je m’interroge sur l’objectif à atteindre, la finalité de tout cela : « …afin de toucher d’un peu plus près la béatitude absolue » dit le journaliste avec une désinvolture qui ne manque pas d'interpeller.

Les mots ont un sens : en théologie, la béatitude absolue correspond précisément à l’état de félicité des élus au paradis ; pour le sens commun, c’est le bonheur parfait, c’est la même chose.

Avant de publier ce billet, je me suis donc rendu à Rome, au Vatican, article scientifique en poche, j’ai interrogé des membres (!) de la Curie, je voulais avoir leur avis, je suis tombé en pleine affaire du Cardinal Ricard, Jean-Pierre de son prénom, le hasard, peut-être, ou la probabilité, je ne sais pas …

Apparemment, ils étaient un peu gênés, hésitants, embarrassés, j’ai tenté de vaincre leur pudeur que j’imagine naturelle, mais il est vrai qu’avec 330 000 victimes d’agressions sexuelles recensées au sein de l’Église catholique française, agressions commises par 3000 prêtres environ – soit un ratio de 110 agressions sexuelles par prêtre –  ils ont sans doute cru que j’allais leur proposer de participer à une expérience scientifique télévisée du genre « Les prêtres ont un incroyable talent », alors que non, pas du tout, je voulais simplement avoir leur point de vue, avec le recul (?) qu’on leur connaît, autour de cette notion de béatitude liée au nombre d’éjaculations mensuelles.

Je peux l’avouer maintenant, péché avoué est à demi pardonné, j’avais une petite (!?) arrière-pensée quand même : si ces scientifiques ont raison sur ce ratio qui me conduit à penser que, décidément, ma vie sexuelle m’interdit d’accéder à la béatitude, il n’en reste pas moins que le Vatican dispose là d’un argument qui pourrait, j’emploie le conditionnel, qui pourrait relativiser la dimension pénale des crimes sexuels de tous ces prêtres qui, en fait, recherchaient par des moyens détournés et peu avouables la béatitude absolue.

Si l’expression bien connue a du sens, « Tous les chemins mènent à Rome », cet article scientifique assez bien documenté au demeurant, pourrait offrir une sorte d’alternative dont la Curie romaine pourrait s’emparer et la reformuler ainsi : « Toutes les culottes mènent à la béatitude ».

Indirectement et sans aucune malice (croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer) je mets le doigt là où cela fait mal : le célibat des prêtres, mais c’est un autre débat.

Il est vrai que, de nos jours, il n’y a plus que les prêtres qui veulent se marier, mais, là encore, c’est un autre débat …un débat dans le débat, si j'ose dire ...

Les femmes, nos partenaires, ne l’oublions jamais, sont, curieusement, totalement absentes, ou écartées de cette étude scientifique : je n’ai pas peur, ici et maintenant, d’ouvrir un vrai débat, le seul débat qui vaille et dont les enjeux sont considérables : dans la course effrénée au nombre d’éjaculations mensuelles, les femmes ont-elles leur place ?

Le sensation fugace d'un poignet secourable serait-elle la seule solution pour éviter le purgatoire et accéder directement au paradis, sans escale ?

Entre vœux d'abstinence, onanisme frénétique et béatitude absolue, il est grandement temps que le chef suprême de l'église catholique tranche (?) et remette de l’ordre dans les rangs de ses officiers même si l’on sait que le pape voit d’un mauvais œil les clans dans les groupes de cardinaux.

Quant à avoir le mauvais œil, je sais de quoi je parle, moi !

 P.-S. - Pour celles et ceux qui douteraient encore ( ou enfin ) de ma santé mentale, cet article est consultable ici :

https://www.passeportsante.net/magazine/sexo?doc=etre-heureuse-combien-orgasmes-conseille-avoir-semaine

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