En politique, surtout quand elle est savamment médiatisée, pour ne pas dire mise en scène, la chronologie des évènements est importante si on se fixe pour objectif de comprendre ce qui se fait, surtout dans un contexte aussi difficile que celui que nous connaissons depuis le 9 juin dernier.
Michel Barnier a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron il y a une semaine, le jeudi 5 septembre.
Pour rappel, les jeux paralympiques ont commencé le 28 août et se sont terminés le 8 septembre.
Le président de la République a attendu cinquante-et-un jours pour le désigner.
Sachant qu’Emmanuel Macron a « beaucoup réfléchi », qu’il a « beaucoup consulté » et qu’il n’a pas « ménagé ses efforts » pour rechercher la « meilleure solution » (y compris depuis sa nouvelle piscine hors sol – un symbole – du Fort de Brégançon) une question s’impose : la nomination de Michel Barnier en plein Jeux paralympiques est-elle le fruit du hasard ? Ou bien le choix d’un calcul cynique chargé d’un symbole plus que douteux ? Est-ce un message subliminal adressé à Michel Barnier ? Ou aux Français ?
Étant moi-même handicapé depuis trois ans, je me pose cette question qui, en d’autres circonstances, ne m’aurait pas effleuré les neurones : la personnalité d’Emmanuel Macron interroge, bien sûr, comment ne pas se poser de questions quand on se souvient de toutes ses provocations et de sa posture de coq sur son tas de fumier ?
D’autant plus que nous avons affaire à un coq émasculé depuis le 7 juillet au soir, date du second tour des législatives ; un coq qui chante faux, il a remplacé le sacro-saint cocorico du gallinacé par un cocurico enroué, mais sonore, adressé à toute la bassecour.
Emmanuel Macron aurait très bien pu nommer Michel Barnier entre le 30 juillet, date de la fin des JO, et le 28 août, date du début des JO paralympiques.
Il a fait un autre choix.
Je ne crois pas au hasard, lui non plus d’ailleurs : il explique urbi et orbi qu’il est maître du temps, de l’espace et de sa femme, de tout sauf de la dette publique et d’Alexandre Benalla.
Plusieurs indices militent pour un message subliminal adressé à Michel Barnier, à ses futures ministres et aux Français.
Devant une commission parlementaire qui l’interroge, il y a quelques jours, sur le montant exorbitant de la dette publique, Bruno Le Maire, ministre des Finances depuis plus de sept ans, explique « Il y a trois catégories d’experts en économie et en planification stratégique : il y a ceux qui savent compter et ceux qui ne savent pas compter ».
C’est un signe qui ne trompe pas, cet homme est décérébré et fier de l’être, il sublime son incompétence et vante ses échecs.
Que dire de Damien Abad ?
On peut multiplier les exemples accumulés depuis un quinquennat, c’est affligeant.
Emmanuel Macron est politiquement paralysé, la grenade dégoupillée qu’il avait balancée dans les pattes de ses adversaires lui a explosé à la figure : pour se sentir moins seul, il a nommé Barnier, un vieux skieur ankylosé, anciennement spécialiste de la godille européenne, obligé de recaser des bras cassés, de recycler les fantômes d’un monde qu’on aurait préféré oublier, des unijambistes de droite et d’extrême droite, des hommes et des femmes prisonniers d’une cécité volontaire et d’une claudication démocratique invalidante.
Chers amis, chères amies, les Jeux paralympiques d’Emmanuel Macron viennent de commencer !
Les Français vont bientôt participer à ces jeux de la honte et des reniements, à grands coups de hausses d’impôts et de réductions massives de prestations sociales sur fond d’amnésie sous les applaudissements nourris d’une presse incroyablement obéissante et dépendante des dividendes que se versent leurs patrons, soixante-treize milliards d’euros en 2023.
Car oui, mes ami(e)s, l’important, c'est de participer.
P.– S. Le respect et l’admiration que je porte aux sportifs handicapés, qu’ils soient connus ou invisibilisés, sont inversement proportionnels au mépris que j’adresse ici aux politiciens professionnels qui nous gouvernent depuis beaucoup trop longtemps, que les choses soient claires !