L’année 2017 commence comme l’année 2016 s’est achevée, les décisions de justice se suivent et se ressemblent.
En décembre 2016 Christine Lagarde bien que reconnue coupable de « négligences » n’est pas condamnée, elle est dispensée de peine.
Des centaines de millions d’euros en jeu.
En janvier 2017 la famille Wildenstein est reconnue coupable « d’intention d’évasion patrimoniale et fiscale » , la justice décrit avec beaucoup de précisions les montages et l’organisation d’une fraude qui remontent à plusieurs générations mais explique « qu’il n’appartient pas à une juridiction, a fortiori une juridiction pénale, de se substituer au législateur et de pallier les silences de la loi ».
Les trusts sont identifiés et localisés aux Bermudes, aux îles Caïmans, aux Bahamas, à Guernesey, aux îles Vierges britanniques…mais la fraude n’est juridiquement pas avérée, rien n’y fait ! « un problème de droit » nous dit-on, la relaxe générale s’impose donc.
Des milliards d’euros en jeu.
« Les silences de la loi » font étrangement échos au film de Jonathan Demme « Le silence des agneaux » sorti en 1991.
Hannibal Wildenstein et Christine Lecter passent entre les gouttes d’une justice française qui nous explique qu’elle est démuni donc incapable de condamner ceux qui devraient l’être « au nom du peuple français », elle ajoute, lucide ou cynique que « Le tribunal a parfaitement conscience que sa décision est susceptible de heurter le sens commun et d’être incomprise du peuple français ».
Bien vu !
La faute au législateur car le législateur, qu’il soit de gauche ou de droite, passe le plus clair de son temps à courir après les voleurs de poules et de mobylettes, le FMI et tous ces grands collectionneurs d’art et de tableaux anciens ne sont pas dans ses radars.
Trop riches, trop puissants, trop connus, trop symboliques d’une société de classes et de castes.
Mourad sur son scooter volé, on a l'habitude mais la belle Christine, bronzée avec ses cheveux blancs parfaitement coupés et son beau tailleur Chanel...insupportable !
Effectivement, ce n’est pas la justice qui fait les lois, c’est le législateur, c'est-à-dire celui ou celle que nous désignons, vous et moi, tous les 5 ans, députés et sénateurs. La justice est faite pour appliquer le droit, pour le faire respecter, on peut être d’accord ou pas sur sa façon d’interpréter les textes et la jurisprudence mais ne courons pas après notre propre ombre…il faut assumer notre part de responsabilité et ne pas se tromper de cible, c’est un enjeu démocratique fondamental.
Ces deux décisions de justice prises à 3 semaines d’intervalle, entre 2016 et 2017, s’ajoutent au sentiment d’injustice généralisé, 55 milliards d’impôts supplémentaires sur la tête des « classes moyennes » entre 2007 et 2016, des entreprises du CAC 40 qui savent délocaliser leurs usines et leurs impôts, au moins aussi bien que les Wildenstein…
Combien de temps va encore durer le silence des agneaux ?
De vous à moi, le spectacle donné hier soir par « La belle alliance » me fait craindre le pire…et pour une fois ce sont les absents qui ont raison !
Bon, je vous laisse, je suis en train de me faire aiguiser les dents par un mouton dentiste de mes amis, Cyril, très remonté comme moi et, si besoin est, je vais me faire monter un dentier complet en acier inoxydable, il est prêt à me faire crédit, le Cyril.
Après tout, il y a quelques millions d’années, les poules avaient des dents, il faut revenir aux fondamentaux :
Mordre !