Le Parti socialiste a l’immense privilège d’être dirigé par un homme d’une modestie exemplaire et qui a beaucoup de raisons de l’être.
Ah, le brave homme !
Olivier Faure, charmant mélange de naïveté et d’opportunisme, aurait pourtant pu trouver une carrière bien plus adaptée ailleurs qu’en politique, il se serait, sans doute, plus épanoui.
Médecin, par exemple : radiologue, gériatre, ou même médecin légiste – après tout, il en faut.
Les légistes, des gens notoirement graves et pondérés, ne sont pas là pour impressionner la galerie ni briller en société : Olivier Faure, non plus !
Premier secrétaire du Parti socialiste depuis mars 2018, il doit son élection à son absence totale d’ambition. Conscient de ses limites – il n’est, d’ailleurs, pas le seul à les connaître – il les assume avec une humilité désarmante : c’est sans doute ce qui explique qu’il occupe toujours cette fonction après bientôt sept ans. Les ambitieux ont une durée de vite plus courte.
Il ne fait d’ombre à personne, c’est une énorme qualité. Bien qu’involontaire, c’est une qualité non négligeable.
Soyons clairs : Olivier Faure ne sera jamais président de la République. Ni Premier ministre. Pas même candidat sérieux à ces postes. Et c’est très bien ainsi, tout le monde est d’accord, les crocodiles peuvent dormir tranquilles.
Il est l’homme providentiel pour cette partie de la gauche qui s’évapore tranquillement, coincée entre un chef tonitruant à la tête de La France insoumise et une myriade de seconds couteaux au Parti communiste et chez les écologistes.
Pour illustrer le propos, prenons les négociations entre le PS et François Bayrou, jusqu’à ce matin encore, avant la déclaration de politique générale du Premier ministre, cet après-midi. Elles ont laissé la plupart des membres du PS très sceptiques.
Tous, sauf Olivier Faure ! Bien sûr !
Cet homme, contre qui le sort semble s’acharner sans relâche et sans pitié, croyait dur comme fer qu’un accord entre la macronie et le PS était à portée de main. Peut-être même imminent ! Mais en moins de deux heures, son enthousiasme a volé en éclats. Éric Coquerel avait pourtant pris soin de le prévenir : l’échec était garanti.
Pas de suspension, pas d’abrogation, pas même un minuscule gel temporaire de trois ou quatre mois.
Non, rien. Absolument rien !
Olivier Faure est un modèle de générosité et de persévérance face à des échecs qui s’entassent avec une obstination confondante.
Comment ne pas être ému par un tel spectacle ?