Ci gît nos conquêtes, nos droits, nos espoirs, l’époque est au libéralisme triomphant, une culture unique qui s’impose partout, à TF1 avec deux heures de promotion gratuite.
La démocratie a ses exigences.
Les 7 candidats à la primaire de la droite ont fait preuve, hier soir, d’une belle unanimité, une complicité émouvante qui va largement au-delà des chamailleries et des luttes d’égo qu’on veut bien nous servir.
Six jumeaux monozygotes plus un jumeau mono-zozo-zygote, Sarkozy, tous d’accord pour durcir ce qui peut l’être, la crise financière puis économique arrive à point nommé pour enfoncer le clou dans l’arrière train des salariés, des chômeurs, des retraités, des syndicats, des fonctionnaires et du Pôle Emploi bientôt privatisé.
Le 1er mai 1789, les Etats généraux sont convoqués, ils introduisent la démocratie et le vote « par tête », il s’agit de régler la crise financière qui ravage le royaume.
Le 7 mai 2017, 228 ans après, l’élection du Président de la République Française.
La crise économique que nous vivons n’a rien de comparable avec celle qui a précipité la Révolution, Hollande et Sarkozy ne ressemblent pas à Louis XVI, ils ne connaîtront pas le même destin, les mœurs ont évolué, zozo-Sarkozy peut dormir tranquille.
Mais la république conserve les apparences de la monarchie, pire, elle maintient ses privilèges, l’ADN de l’une emprunte 99% de ses composants à l’autre, avec la même dévotion, avec la même soumission.
Le Président ressemble à un roi, la guillotine a disparue mais les palais brillent toujours.
Le royaume était ruiné, la république l’est tout autant.
Trois mois après les Etats généraux, pendant la nuit du 4 août 1789, les privilèges féodaux sont abolis.
En 1791 le décret d’Allarde et la loi Le Chapelier instaurent le principe de la libre entreprise « sans droit d’association » et son corollaire, la concurrence, le libéralisme économique est en train de naître avec des jalons et un protocole.
Les échanges internationaux, principalement par la mer, connaîtront un niveau jamais atteint, le volume des échanges commerciaux et industriels est multiplié par 3 en moins de 60 ans, entre 1800 et 1850.
Nous sommes en train de vivre un phénomène comparable mais à un niveau qui donne le vertige, les flux financiers voyagent sans passeport à la vitesse de la lumière, on cherche partout à étendre les zones de chalandises, toujours plus larges, toujours plus grandes, il faut libéraliser les sacro-saints « marchés », se libérer des barrières douanières, coûte que coûte. Une guerre planétaire avec des enjeux cosmiques, les USA, le Canada et le Mexique d’un côté, l’Europe nulle part, la Chine de l’autre côté ou au milieu.
Les nuages toxiques se multiplient et assombrissent un ciel de plus en plus menaçant, Tchernobyl ou les subprimes, on a l'embarras du choix.
Les marchandises circulent, les dollars volent en escadrons serrés au dessus de nos têtes mais on est plus vigilant quand il s’agit des réfugiés Syriens, beaucoup plus strictes, c’est aussi cela le libéralisme, l’argent ne doit pas avoir, ne peut pas avoir d’entraves, l’homme, lui, est confiné là où la pauvreté l’appelle, prisonnier d’un destin dont on peut suivre la chronologie dès sa naissance et jusqu’à sa mort puisque le script est écrit à l'avance. L’homme est définitivement passé au second ou au troisième rang voire au 4e si besoin est, une descente aux enfers.
Petit à petit le libéralisme nous fait redescendre, marche par marche, l’échelle des valeurs.
« L’homme est né libre et partout il est dans les fers » : de la Révolution Française jusqu’au Front Populaire, de Rousseau à Proudhon, de Marx à Gramsci, de Jules Vallès à Victor Hugo, le 18e et le 19e proposaient un rêve d’émancipation et de liberté. Des conquêtes sociales gagnées à la force des bras avec du sang, de la sueur et des larmes.
Depuis bientôt 228 longues années la France est ce pays absolument unique qui a cherché sa voie entre un modèle purement économique et financier de type Anglo-saxon et un modèle plus « humain », plus juste, plus équitable qui n’attend pas que la compassion et la générosité individuelle fassent spontanément tout le « sale boulot » pour redistribuer une partie, une toute petite partie des richesses.
L’Etat devait jouer ce rôle d’arbitre sage et juste, on lui faisait confiance.
A entendre, hier soir, les 7 jumeaux de l’apocalypse, on sait ce qu’ils veulent : faire table rase du passé, remettre en cause une bonne partie des conquêtes sociales et des droits acquis de haute lutte.
300 000 ou 500 000 fonctionnaires en moins, l’ISF supprimé, 39 heures hebdomadaire ou plus, une retraite à 64 ou 65 ans, des indemnités chômage saucissonnées et réduites, des charges patronales allégées, une TVA qui augmenterait, un RSA limé et conditionnel, des salariés qu'on transformerait en auto-entrepreneurs…des mesures ultra libérales qui placent les riches au cœur de leur système, je dis bien au « cœur » car ils doivent vraiment les aimer ces riches…
Ils gouverneront par « ordonnances », une procédure législative déléguée qui permet de faire une loi sans discussion, sans débat.
Le libéralisme est intrinsèquement autoritaire, il ne supporte pas la contradiction pour une raison simple : il est la vérité incarnée.
Hier quand un pays comme la France était en ruine on faisait la révolution.
Aujourd’hui on ne fait plus la révolution on compte.
Mal, très mal.
« La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés. »
Une fois de plus c’est Gramsci qui a raison.
Les 7 jumeaux de l’apocalypse appartiennent à cette catégorie de « phénomènes morbides ».
Attention : danger !