Personne n’est dupe, la bataille engagée par les sarkozistes contre François Fillon a pour but d’éviter un naufrage complet, la noyade se rapprochant, en effet, dangereusement. Certains suffoquent avec plus ou moins de discrétion, la pudeur n’est pas toujours compatible avec une pratique professionnelle assidue de la politique, surtout dans ce camp là.
D’autres boivent déjà la tasse, on va vite les oublier.
Se pincer le nez et se mettre en apnée est une solution à court terme, la nausée risque d’écourter encore un peu plus ce fragile dispositif de survie.
Les plus exposés, c'est-à-dire ceux du L.R qui soutenaient inconditionnellement, ou hystériquement, l’Ex sont déjà à l’agonie, Laurent Wauquiez, KO mais pas encore mort, n’arrive pas à reprendre ses esprits, il est redevenu ce grand adolescent attardé et faussement décontracté qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être. Complètement groggy.
Il se cherche. On lui souhaite bonne chance…
Eric Ciotti doit son salut – très relatif – à son immense talent pour se déshabiller vite et sans état d’âme, un simple claquement de doigt suffit à le motiver, d’ailleurs, c’est bien connu, il a toujours été filloniste ; je note au passage que Word me proposait « violoniste » à la place de « filloniste », j’avoue avoir hésité un instant, c’est à croire que le logiciel a compris de qui je parlais. Passons !
Pour survivre donc, les sarkozistes enfourchent un dada comment dire…surprenant, déconcertant, inattendu : ils demandent, que dis-je, ils exigent que « le vainqueur de la droite et du centre » prenne en compte la dimension sociale sans laquelle les Français, d’après eux, ne pourront ni se reconnaître ni faire les « sacrifices » qu’on va leur demander.
Bigre !
Car les sarkozistes savent mieux que quiconque parler au nom du peuple Français, c’est même à cela qu’on les reconnait, effectivement c’est grâce à ce légendaire sens de l’anticipation, mélange d’intuitions foudroyantes, d’analyses savantes et de sondages, qu’ils se retrouvent systématiquement à la ramasse et cela ne date pas seulement du 27 novembre dernier…ils exigent du social !
VBE (qu’on ne doit pas confondre avec VGE) leur claque la porte au nez, son programme sera radical un point c’est tout !
Pas de discussion, pas de compromis, l’eau tiède, très peu pour lui !
Il est et restera inflexible, ce message s’adresse aux Français, pas seulement aux sarkozistes, nous sommes prévenus !
Very Bushy Eyebrows, Sourcils Très Broussailleux en français, VBE donc, n’est pas un clone de Hollande et n’est pas, n’est plus ce clown triste de Sarkozy qu’on a connu pendant les cinq interminables années qu’a duré son mandat de Premier Ministre, son calvaire s’est achevé le 27 novembre dernier, il se plait à le rappeler à chacune de ses interventions.
Copé, c'est-à-dire Judas dans le glossaire de Valérie Boyer, n’a eu de cesse que de retarder une échéance par ailleurs inévitable…
Terminées les humiliations, les petites phrases assassines, les vexations, oublié le mépris, le Chef suprême, ou légitime, c’est lui et on ne lui imposera rien, ni personne.
Il est là pour mener à bien ( ? ) un programme libéral révolutionnaire, il ne déviera pas d’un pouce et ne supporte pas ces critiques.
Il est en « mission » au sens religieux du terme.
Des envieux, des frustrés, des loosers ces sarkozistes qui osent encore exiger quelque chose de lui…inconcevable, iconoclaste, ce sont des hérétiques et le Tomàs de Torquemada Manceau sait comment s’y prendre pour les mettre au pas, il va les mater ces irresponsables !
A l’index !
VBE a été échaudé par les multiples rappels à la prudence concernant sa remise en cause de la couverture santé. Il a été obligé de faire marche arrière mais là…trop c’est trop !
Il explique à qui veut bien l’écouter – il y en a beaucoup moins que ce qu’en dit Yves Calvi, tous les jours, soirs et matins – qu’il a été élu pour ce « programme ambitieux » et que le contenu en effet radical de son programme donne et donnera à son élection une dimension « contractuelle » au sens rousseauiste du terme, un message pseudo intellectuel qui s’adresse à tous ceux qui n’ont toujours pas compris Rousseau.
Fillon fait un calcul dont le cynisme n’est pas seulement scandaleux, il est aussi extrêmement dangereux, je dis bien « extrêmement » au sens politique, social et moral du mot :
Il fait de son programme une sorte de « contrat social » : « je fais exactement ce que j’avais prévu de faire, j’ai la légitimité pour moi, toute forme de contestation serait/sera anti démocratique, anti républicaine»
Il fait le pari d’une confrontation contre Marine Le Pen au second tour des Présidentielles : « mon élection est d’inspiration républicaine », la théorie bien connue du « dernier rempart ».
En cas de victoire contre un candidat de gauche, Mélenchon par exemple, il expliquera que la France en votant pour lui vote aussi pour un modèle d’inspiration libérale, qu’elle rejette la gauche, « voter pour moi c’est voter contre la gauche et voter pour une réforme libérale en même temps » . D’une pierre ( ! ) deux coups ( !! )
Fort de son contrat social, fort de l’argument faussement démocratique et républicain, il expliquera ensuite que son élection repose sur un vote d’adhésion, pas un vote de rejet, pas un vote « contre », non, mais un vote d’adhésion totale à son programme et à sa personne puisqu’il est le seul à promouvoir cette stratégie ultra libérale.
Le message s’adresse aussi aux syndicats, bien sûr.
Il construit méthodiquement, pas à pas, son projet, une version néo-libérale de la "longue marche".
Voilà pourquoi on peut affirmer, sans risque de se tromper, que Fillon obéit à une logique totalitaire.
Si on pousse un peu plus loin l’analyse, dans le sillage d’une tentation totalitaire, les soutiens de Vladimir Poutine et de Bachar el-Assad sont logiques, naturels ou cohérents et ne doivent rien au hasard.
Le totalitarisme libéral a trouvé son messie.