Au choix, plusieurs signes de ralliement : le toujours très populaire bras d’honneur, bien connu de Monsieur et Madame Toulemonde, pas très courageux, jamais complètement honnête, se pratique parfois dans le dos de la personne à qui, pourtant, il s’adresse ; vient ensuite le fameux doigt d’honneur, très apprécié, par exemple, des automobilistes pressés doublant des automobilistes nonchalants, endormis, apathiques ou écologistes, des conducteurs, il est vrai, particulièrement agaçants surtout quand on doit se rendre au Tribunal ou au Parquet Financier pour se voir signifier une mise en examen.
Les deux ne sont pas incompatibles, ou exclusifs l’un de l’autre, un bras d’honneur peut parfaitement se compléter d’un doigt d’honneur comme pour mieux enfoncer le clou, une manière assez peu élégante mais très efficace de confirmer son mépris ; attention au timing : toujours commencer par le bras avant d’en venir au doigt, question de préliminaires ; ne laissent jamais indifférent le destinataire du message ou que très rarement.
Le premier est plus impersonnel que le second ; le second est beaucoup plus agressif que le premier, plus individualisé, plus intimiste, c’est d’ailleurs ce qui fait son succès en ces temps de délabrement démocratique, les excès du langage des signes est inversement proportionnel à la qualité du contenu et/ou des échanges, on ne peut pas tout avoir.
Plus c’est creux, plus c’est con et plus c’est violent.
On notera un point important : le « Et-alorisme » est intrinsèquement lié à la notion d’honneur, bras ou doigt, question d’époque sans doute, on parle de ce dont on manque le plus.
Le « Et-alorisme » est très en vogue en France en ce moment, la campagne des Présidentielles n’est pas étrangère à ce phénomène de mode.
Les adeptes du « Et-alorisme » partagent un certain nombre de points, des points communs voire des points vulgaires, même extrêmement vulgaires, difficile, en effet, de parler de "valeurs" communes :
Les pratiquants sont de droite, de droite extrême ou d’extrême droite,
Ils sont très riches ET très discrets dès qu’il s’agit de leur patrimoine,
Ils sont coquets, s’habillent chez Hernie’s, ils aiment le « sur-mesure » et les belles étoffes,
Ce sont d’authentiques délinquants en col blanc,
Ils confondent argent public et intérêt personnel,
Les charges que la justice leur reproche sont à la fois concordantes, lourdes et nombreuses,
Ce sont des professionnels de la politique, parfois de père en fille et de fille en nièce,
Plus les preuves sont accablantes plus ils entonnent le même refrain « la complainte de la présomption d’innocence heureuse »,
Ce sont des adeptes des E.F.E.S, entendez Emplois Fictifs En Série,
Ce sont des candidats à la Présidentielle,
Qui ont le droit de ne pas répondre aux questions que les juges posent,
Peuvent refuser de se rendre à une convocation du Tribunal (il est même conseiller de le faire)
Doivent systématiquement mettre en cause la Justice,
Peuvent appeler à la guerre civile pour (mieux) se défendre.
Evidemment ces caractéristiques sont tellement exceptionnelles qu’elle ne concernent qu’une toute petite partie de l’élite française, deux personnes ou trois ou quatre ou…mais pas beaucoup plus, faut-il encore qu’ils soient candidats ! encore faut-il gagner les primaires !
Il faut préciser un point important qui est la marque des Très Grands, il s’agit du principe d’accumulation : il est fondamental d’avoir non pas une, non pas deux mais au moins trois énormes casseroles qui vous précèdent partout où vous êtes susceptible de vous rendre, tout au long de la campagne présidentielle ; c’est parfaitement logique car avec une seule affaire vous ne pouvez pas encore parler d’acharnement ni de harcèlement médiatique ; avec deux casseroles c’est toujours un peu juste, un peu trop léger alors qu’avec trois bonnes grosses casseroles vous pouvez vous lâcher et dénoncer un complot médiatique.
C’est simple.
C'est efficace, à Nice ça fonctionne bien.
Quand ils n’ont plus d’argument, quand ils sont mis en cause dans trois ou quatre affaires et à condition qu’ils soient candidat à la Présidence de la République Française, le nez dans la merde, ils vous toisent d’un « Et alors ? »
Je suis fier d’être Français.
Fier de voir le "Et-alorisme" se développer ici, en Espagne ils ont "Podemos"...
Franchement, ça a de la gueule un Président Français.
Non ?