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Billet de blog 17 septembre 2018

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Mais tais-toi, mais tais-toi donc !

Personne ne peut dire jusqu'où ira Emmanuel Macron dans ses petites phrases assassines et pleines de mépris. Il semble que le rythme s’accélère et que le débit augmente sans parler de la nature de ses propos, de plus en plus corrosifs. Il était «cash», il devient «trash».

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C’est à croire que Laurent Wauquiez déteint sur Emmanuel Macron, le président ne peut plus prononcer une phrase, aussi courte soit-elle, sans provoquer des remous ou une polémique.

Il dit des conneries.

Autant que Wauquiez, c’est peu dire.

La compétition est rude entre ces deux jeunes quadras « à qui tout sourit, tout réussit » comme l’explique Nikos Aliagas, tous les matins sur Europe 1.

Quel ne fut pas mon plaisir de constater que la toile a immédiatement réagit, on ne calcule plus le nombre de personnes qui, dès hier et encore ce matin, ont « traversé la rue » pour trouver un emploi. Les voisins, la pharmacie, le garage, la fleuriste, le croque-mort, tout y passe. Mdr.

Oui, mais c’est grave.

Reprenons ses propos, analysons leur portée.

 "Je traverse la rue, je vous  trouve un emploi".

Il s’adresse à quelqu’un qui a terminé ses études d’horticulture et qui déclare ne pas trouver de job. Ce à quoi Macron lui répond qu’en traversant cette miraculeuse route le jeune homme va immédiatement trouver un emploi…qui n’a rien à voir avec sa formation, il cite des exemples, BTP, restauration, hostellerie, etc.

Cela veut dire beaucoup de choses :

                Que tous les étudiants susceptibles de passer le bac, un BTS ou un DUT n’ont pas le droit de choisir leur cursus de formation, ils seront "orientés" dès la 6e. Pas le choix.

                Que tous les étudiants diplômés, quelle que soit leur filière, quel que soit leur niveau de formation, doivent accepter le boulot, plutôt, « un » boulot, qu’on est susceptible de leur proposer, même si ce boulot n’a rien à voir avec leur formation. Pas le choix.

                Que, compte tenu de ce qui précède, nos enfants devront se contenter d’un CDD dans le meilleur des cas, plus de 80 % des contrats,  avec tout ce que cela comporte en termes de salaire, d’indépendance. Pas le choix.

                Que ces CDD risquent fort d’être des contrats à temps partiel ou saisonniers. Pas le choix.

                Que la précarité et la pauvreté sont le lot de la plupart de nos enfants. Pas le choix.

Cela résume assez bien la philosophie politique de Macron qui est d’ailleurs prêt à s’impliquer personnellement dans les recherches d’emplois, c’est dire s’il est confiant dans la santé économique du pays et confiant dans ses réformes…On comprend mieux sa réforme du code du travail et celle, à venir, du chômage, les planètes sont en train de s'aligner.

Attention, Manu, à ne pas recevoir des cacahuètes sitôt le pas-de-porte franchi. Et sans Benalla…

La portée des propos présidentiels ne s’arrête pas là.

Il sous-entend que le jeune diplômé est soit incapable de traverser une rue à cause d’une invalidité temporaire ou d’une infirmité psychomotrice, soit paresseux et que, de ce fait, s’il est au chômage c’est bien de sa faute.

Un discours accusateur, culpabilisant et, au final, d’un mépris incommensurable.

Puisqu’il est disposé à s’impliquer personnellement dans la recherche d’emploi, il faudrait que les jeunes diplômés qui ne trouvent pas d’emploi se rendent massivement, le plus tôt possible, en groupes de 250, au 55, rue du Faubourg-Saint-honoré,  à Paris, dans le 8ᵉ arrondissement.

Ils seront bien reçus.

Je serais très étonné, voire attristé de constater que nos enfants soient accueillis par un cordon de CRS casqués et armés jusqu’aux dents.

Quoique…joindre le geste à la parole, chez Macron, depuis cet été, on sait ce que cela veut dire !

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