Partons du bon pied grâce à cette définition que tout le monde peut s’approprier facilement : « Les sciences humaines visent à élargir notre compréhension du monde humain grâce à une large approche interdisciplinaire ».
Est-il raisonnable, en 2024, d’exclure la connerie envahissante du champ d’une large approche interdisciplinaire quand on prétend élargir notre compréhension du monde humain ?
Peut-on faire l’impasse sur la connerie envahissante qui a toutes les caractéristiques d’une vraie et authentique discipline tant elle s’est généralisée sur tous les continents depuis homo habilis, il y a 2.8 millions d’années ?
Assurément pas !
Comprendre le monde humain, c’est d’abord et avant toute chose accepter que la connerie fait partie de l’ADN de l’humanité, c’est notre identité, voire notre marque de fabrique, c’est ce qui nous distingue du règne animal, de la faune et de la flore directement menacés d’extinctions massives par la connerie envahissante, ne nous voilons pas la face plus longtemps.
Disons-le simplement : la connerie est exclusivement humaine, c’est une création collective, un processus qui s’autoalimente en permanence et s’enrichit indéfiniment. Et très spontanément : toutes les occasions sont bonnes à prendre pour donner le maximum d’éclat et de résonance à sa propre connerie et/ou en donnant le maximum d’échos à celle des autres. De ce strict point de vue, le bulletin de vote, plus généralement les élections, posent question …une délégation de connerie ?
Le journalisme (enfin... ce qu'il en reste) complète le dispositif, c'est un relai énergique qui fonctionne comme un accélérateur de particules du caractère envahissant de la connerie, on pense à Pascal Praud, à David Pujadas et à tant d'autres !
L’opportunisme est la valeur cardinale de la connerie, c’est en quelque sorte son carburant. Inépuisable. C’est d’ailleurs la première source d’énergie, bien avant le pétrole, le gaz et le charbon. On notera au passage que c’est la connerie envahissante qui a découvert et exploité ces énergies fossiles créant, ainsi, un tragique déséquilibre entre une ressource inépuisable, la connerie, et des ressources fossiles très limitées, gaz, pétrole et charbon …comment ne pas admettre ou reconnaître une bonne fois pour toutes que le capitalisme est consubstantiel à la connerie ? Si j’osais, je dirais que la connerie envahissante est le moteur du capitalisme et les démocraties occidentales sa courroie de transmission.
Dernière précision sur l’origine de la connerie envahissante : si le cratère de Chicxulub (qui se situe au Mexique) permet de dater la disparition des dinosaures, il y a approximativement 66 millions d’années à la suite de la chute d’un gros caillou tombé du ciel, il est impossible de connaître avec exactitude la première connerie sauf à supposer qu’Adam ou Ève soient nés cons, ce que ni la Genèse ni la Curie romaine ne confirment. Pas encore. Dieu aurait-il inventé la connerie ? Mais quel Dieu, alors ? Vaste sujet …versons à ce débat qui a déjà fait des millions de morts, aujourd'hui encore, cette remarque pleine de bon sens de Pierre Desproges « Dieu est peut-être éternel, mais pas autant que la connerie humaine ». On lui pardonnera le pléonasme.
C’est dans ce contexte que nous avons décidé de créer un Master en Connerie Envahissante ou MCE.
Ouvert à tous et à toutes, sans distinction de sexe (ni de préférence sexuelle), de couleur de peau, d’opinion politique ou de croyance religieuse, le MCE est accessible à tout le monde, par nature.
Il faut simplement avoir 15 ans et plus, certains talents sont effectivement plus précoces que d’autres. Les enfants en bas âge ne peuvent pas con-courir pour une raison simple : ils n’ont pas choisi leurs parents et encore moins leurs grands-parents, circonstances atténuantes, même si, on le sait, « Aux âmes bien nées, la connerie n’attend point le nombre des années ».
Pour postuler, deux écueils à éviter : le manque de confiance en soi et l’arrogance.
Les premiers, trop timides, voire timorés, n’oseront pas franchir la porte de notre Faculté : à ceux-là je dis « Ayez confiance en vous ! ». « Par les temps qui courent, ne passez pas à côté d’un diplôme ».
Aux seconds, qui ont trop peur de se découvrir plus cons que les autres et qui ont quelques raisons de le penser, je dis : « Vous êtes les candidats parfaits, ne vous surestimez pas plus longtemps, vous risqueriez de perdre votre fragile équilibre ».
J’ai de la sympathie pour les premiers, mais les seconds sont mes préférés, en tant que cibles : sans eux, la connerie n’aurait pas autant d’éclat et de puissance. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter et d’observer ceux qui nous gouvernent, il suffit de traverser la rue. Ils sont au sommet de la pyramide de la connerie envahissante qui serait moins envahissante si les premiers avaient le pouvoir.
En qualité de membre fondateur (et généreux…) de la connerie envahissante, je recommande deux livres écrits par Jacques Généreux, membre des Économistes atterrés et de l’Association française d’économie politique : « Quand la connerie économique prend le pouvoir » et « La Déconnomie ».
Il appelle au secours l’intelligence collective menacée par les nouvelles générations d’abrutis …qu’il forme à Sciences-Po, soit dit en passant !
Terminons par les paroles d’une très grande profondeur qui nous viennent d’une chanteuse et actrice américaine, idole des jeunes pubères du monde entier, Ariana Grande, digne représentante de la nouvelle génération d’abrutis, précisément :
« I just want to die alive » qu’il est impossible de traduire autrement que par « Je veux seulement mourir vivante ».
Elle suit les traces d'un autre grand intellectuel, français et néanmoins talentueux, François Valery, celui-là même qui avait écrit, il y a plus de 30 ans, une chanson dont le refrain est « Aimons-nous vivants ».
Les générations se suivent et se ressemblent ...
« L'incompétent se présente toujours comme expert, le cruel comme pitoyable, le pécheur comme dévot, l'usurier comme bienfaiteur, l'arrogant comme humble, le vulgaire comme distingué et l'abruti comme intellectuel ». Carlos Ruiz Zafon.