En m'abonnant à Médiapart je me suis découvert des ami(e)s, des complices, une communauté avec laquelle j'aime partager, échanger, dialoguer, un groupe qui enrichit mes prises de position, complète utilement mes analyses, me corrige et me stimule.
Vos réactions, mes amis, vos remarques, vos objections et vos critiques améliorent ma vision, éclaircissent mon chemin et m'aident à avancer beaucoup mieux que je ne pourrais le faire, seul devant mon ordinateur.
Il y a ceux que je lis systématiquement, ceux que je lis occasionnellement, ceux que je ne veux plus lire mais que je lis quand même...ceux qui m'exaspèrent par leurs excès, par leur pessimisme et la noirceur de leurs idées, enfin ceux que je vais lire bientôt, demain peut être...
La diversité est mon oxygène, ici comme ailleurs.
La tragédie qui vient de nous frapper en décimant C.H a débouché sur une gigantesque manifestation dont l'émotion était le vecteur.
Légitime, indispensable, utile mais potentiellement trompeuse, je ne parle pas seulement des "politiques" dont le cynisme est bien connu et sans aucune limite, je m'adresse à vous, à moi et à toi en particulier.
Je ne veux pas, je ne peux pas me fier à mes seules émotions ni à ce consensus national qui rassemble aujourd'hui des hommes et des femmes qui n'ont jamais eu le courage de Cabu, de Charb ou de Wolinsky.
Les "bons sentiments", le consensus télévisé et tellement télévisuel me font peur, je cherche la sincérité et ne suis jamais assez certain de la rencontrer.
Tu fais parti de ceux que je lis systématiquement, autant par plaisir que par intérêt, pas par habitude, donc.
Je te cite : "...les poursuites judiciaires contre Dieudonné pour "apologie du terrorisme" ne font qu'apporter une bonne dose d'ambiguité", propos que tu complètes ainsi "N'en déplaise à Michael Hajdenberg, si effectivement le sinistre bouffon Dieudonné n'est pas "Charlie", au nom de quoi lui interdit-on d'être antisioniste ?"
Avec cette conclusion : "La liberté de pensée doit être totale. Sinon c'est une liberté encadrée. Voire orientée..."
Si je peux partager avec toi l’ambiguïté concernant le politique Netanyahou et Israël, j'ai beaucoup plus de mal avec le reste de tes propos.
D'abord parce que la liberté d'expression est juridiquement encadrée, à tort ou à raison, Dieudonné sera donc logiquement poursuivi mais c'est secondaire dans mon propos ; surtout parce qu'en s'appropriant le slogan "je me sens Charlie Coulibaly" Dieudonné s'est publiquement déclaré solidaire de ce terroriste qui venait de tuer quatre juifs innocents, il a détourné le magnifique "je suis Charlie" au profit de sa haine des juifs, comme un contre-pied, notre slogan unitaire ainsi odieusement dévoyé, torpillé ; je ne vois donc pas en quoi la déclaration de cet individu que tu veux bien qualifier de "bouffon" s'apparente à une position antisioniste : en affichant son soutien à Coulibaly il entre, sans conteste, dans la logique de l'apologie du terrorisme, par le soutien déclaré à un terroriste.
De ce fait son "je me sens Charlie Coulibaly" se situe aux antipodes du combat que menait précisément C.H, contre ce terrorisme islamique minoritaire qui les a tué, nous sommes là confrontés à un contresens qui m'étonne et me dérange.
Que Dieudonné soit antisioniste ne fait, par ailleurs, aucun doute mais tel n'était pas son propos.
Pire : en te lisant je me suis demandé si tu ne fournissais pas, involontairement, un début d'argumentaire à cet odieux personnage et à son avocat...après avoir entendu son conseil, la question est cruellement posée, sa défense va, en effet, s'appuyer sur cette confusion -ou amalgame- entre les limites de la liberté d'expression et l'apologie du terrorisme, les clowns auraient tous les droits y compris celui de passer impunément cette frontière juridique, sorte de passeport pour la connerie la plus barbare...Il n'y a pas "d’ambiguïté" dans les propos que Dieudonné a tenu quelques heures après cette tragédie, il reste, tout au contraire, très constant dans ses positions, il ne faut pas faire dire à la liberté d'expression ce qu'elle ne dit pas ; en cas de doute il faut relire ce qu'il dit et écrit avec ses amis Alain Soral et Robert Faurisson, le négationnisme tient lieu de pensée structurante chez ces individus qui font de l'antisémitisme leur fond de commerce.
Pour être certain de ce que j'avance, je me suis tapé des heures et des heures à l'écouter sur son blog...jusqu'à la nausée...chez lui il n'y a pas de doute possible, il navigue systématiquement en eaux troubles, il dépasse les limites en prenant soin de maquiller sa bile avec un nez rouge, cela ne trompe personne, du moins j'espère.
Je n'ai pas voulu en rester là, j'ai persisté dans la lecture de ton billet : "L'antisémitisme doit être condamné car c'est un préjugé racial (et non une critique de la religion) mais on devrait pouvoir exprimer avec force son horreur de la politique colonialiste de l'Etat d'Israël !"
L'antisémitisme, un préjugé racial et non pas une critique de la religion ?
La notion de "race" n'a strictement aucune consistance scientifique, c'est une notion qui a été utilisée par des gens, avouons-le, assez peu recommandables, je pense en particulier à Joseph Arthur de Gobineau et à son "Essai sur l'inégalité des races humaines", essai dans lequel on assiste à la naissance d'un autre mythe, celui de la race aryenne...de triste mémoire, avec les conséquences que l'on sait...Hitler s'en est inspiré, pas que dans la sémantique !
Etre juif c'est appartenir à une religion, à une culture et à une tradition renforcée par tous les outrages de l'histoire...depuis les romains...une très longue histoire, complexe et tragique à la fois.
En cas de doute il est toujours possible de relire Sartre et ses "Réflexions sur la question juive" ou Marx avec "La question juive".
En cas de doute ou par simple curiosité intellectuelle.
On peut, tout aussi bien, s'abonner aux différentes publications de l'UNESCO qui expliquent mieux que je ne le fais pourquoi la notion de "race" ne résiste pas à la rigueur scientifique et anthropologique.
Trop d'amalgames, trop d'approximations dans la même phrase car après cette notion incroyablement anachronique et rétrograde de la race s'ajoute celle là "on devrait pouvoir exprimer avec force son horreur de la politique colonialiste de l'Etat d'Israël !"
Oui, bien sûr, le colonialisme de l'Etat d’Israël est clairement insupportable, odieux, inique et doit être dénoncé mais faut-il étayer cette légitime contestation politique sur des fondations aussi bancales, aussi approximatives ? quel rapport ? sauf à considérer que l'antisémitisme trouverait ses racines, ou son actualité, dans le conflit avec les palestiniens, thèse aussi absurde qu'odieuse, l'histoire en témoigne depuis 2000 ans.
Ne pas confondre les antisionistes avec les antisémites.
J'y vois encore un amalgame, comme un danger, une menace qui fragilise tout l'édifice.
Dans un autre billet, le dernier je crois, tu parles de la "lèpre antisémite" : il faut se souvenir que l'antisémitisme comme l'islamophobie reposent sur des approximations, sur des amalgames et sur des erreurs d'interprétation, c'est par là que passe la haine.
Il faut se méfier de ses faux amis, mes ennemis je m'en charge !
L'imbroglio toxique, titre de ton billet, a des effets ravageurs et pervers en effet...
Quant à la fraternité pour laquelle nous militons, toi et moi comme beaucoup d'autres, elle ne sera durable que si elle repose sur des bases solides, claires, consistantes et sans ambiguïté.
L'unité nationale qui s'est dégagée autour de la manifestation du 11 janvier mérite mieux.
A VINGTRAS.
Avec une amicale exigence et une intransigeante fraternité.
http://blogs.mediapart.fr/blog/vingtras/150115/limbroglio-toxique
http://blogs.mediapart.fr/blog/vingtras/170115/au-nom-de-la-fraternite