Le mystère s’éclaircit : ce que l’esprit cartésien ne peut ni comprendre ni admettre, ce que le rationalisme n’ose même pas imaginer, le bouddhisme le fait, sans complexe, sans doute, spontanément, dans une espèce de sérénité et de joie qui font envie aux candides ou aux non-initiés que nous sommes.
François Fillon est bouddhiste !
Tout devient limpide !
Derrière ce visage un rien austère, sous ces sourcils broussailleux se cache, en fait, un Gai-Luron, un joyeux drille, un véritable boute-en-train, toujours prêt à plaisanter, le rire au bord des lèvres, mais aussi un sage, un vrai philosophe, un moine au sens spirituel du mot, au sens très spirituel, bien sûr.
Les médias, décidemment, se trompent lourdement, une forme d’injustice, il a raison Eric Ciotti !
Pratiquant assidu de la méditation, ses rituels sont biquotidiens, prières et offrandes, offrandes et prières, le matin tôt, le soir tard, parfois, mais rarement, à genoux : l’humilité ne lui fait pas peur même si, à son âge, il commence à ressentir les effets d’une arthrose ankylosante due à l’accumulation, précisément, d’une humilité excessive, humilité qu’on retrouve au ras du sol. Point trop n’en faut, ses articulations grincent, surtout le soir après un long meeting devant 32 personnes subjuguées.
Quand la justice le traque odieusement pour de présupposés emplois fictifs il répond « offrandes » ; ses prières s’adressent prioritairement à ces Français égarés par un hollando-sarkozisme mou, des Français qui méritent un Président fort, fort comme lui. Tous les matins et tous les soirs il y pense, il songe à ce jour ou il prendra ses fonctions.
De saintes prières bien utiles par les temps qui courent, après tout un bouddhiste a le droit, lui aussi, d’avoir de l’ambition. Beaucoup d’ambition. Il a même le droit de porter un costard-cravate.
François Fillon croit à la réincarnation, il est donc parfaitement inutile de s’offusquer – encore moins de s’inquiéter – quand il annonce la suppression de 500 000 emplois dans la fonction publique, c’est un faux calcul : un professeur des écoles remplacé par un chat, un arbre ou une taupe, un policier remplacé (avantageusement) par un grain de riz, un médecin hospitalier remplacé par un papillon nocturne, des infirmières remplacées par des fourmis et, enfin, des agents du fisc remplacés par des radis et des militaires remplacés par des colibris.
Franchement, il n’y a rien de choquant, l’idée, par exemple, de voir la population de colibris croître de façon significative d’ici à 5 ans me plait et me rassure, j’y suis même très favorable, j’ose le dire.
François Fillon croit aussi au don d’ubiquité, il l’a clairement démontré avec Pénélope, des preuves incontestables : ici et là, à l’assemblée nationale et à la Revue des Deux Mondes, en même temps.
C’est là ou les béotiens ont beaucoup de mal à comprendre le cheminement d’une pensée qui se révèle, finalement, plus complexe qu’on ne le pensait car c’est toujours un peu difficile, en effet, d’admettre qu’une seule personne peut exercer deux métiers à temps plein, complètement différents, à deux endroits éloignés de 200 kilomètres l’un de l’autre.
Moi-même, je dois avouer que…non, ce n’est pas facile, c’est vrai.
C'est cela le bouddihissisme !
Les mauvaises langues l’attaquent au prétexte qu’il a indemnisé sa femme juste après avoir mis fin à son contrat de travail, juste avant qu'elle ne recommence à continuer de travailler pour lui via son suppléant !
Et l’offrande ? vous en faites quoi de l’offrande, bande d’ingrats !
Le parquet national financier aura beaucoup de mal à dépasser le cadre toujours un peu strict voire trop étriqué de la justice, il faut qu'il intégre cette dimension philosophique sans laquelle on ne peut pas comprendre l'homme, François Fillon.
Maintenant que je sais que Fillon est bouddhiste je vais beaucoup mieux.
Je sais que si jamais il est élu le monde entier va rire de nous.
Et ça, franchement, si ce n'est pas une bonne nouvelle...