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Billet de blog 19 avril 2023

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Et Macron inventa le bénévolat obligatoire !

Les Français et les Françaises ont 100 jours devant eux pour fêter dignement le 14 juillet 2023, rendez-vous fixé par Emmanuel Macron : ne gâchons pas cette magnifique opportunité !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour mieux comprendre la « pensée complexe » de notre sémillant président de la République, il faut s’armer de ténacité, de patience et surtout d’un bon dictionnaire de la langue française, car les mots ont pour lui un sens particulier.

Le Larousse, donc.

Bénévolat : « Fait d’accomplir une action bénévole ».

Bénévole : qui apporte son aide volontaire et sans être rémunéré, exemple une infirmière bénévole ».

Qui apporte son aide volontaire, on tient là quelque chose de consistant.

Passons de l’autre côté du miroir rhétorique de Macron.

Obligatoire : « À quoi l'on ne peut se soustraire ; qui est exigé par la loi, les institutions, imposé par des conventions sociales : payer ses impôts est obligatoire.

Antonyme : volontaire ».

À quoi l’on ne peut se soustraire, c’est simple.

Grâce au mixeur présidentiel, une machine à broyer, le fameux « en même temps », nous sommes en présence d’une obligation qui, par définition, ne peut pas être « volontaire, mais qui le devient tout de même par un de ses tours de magie dont il a le secret.

Nous ne sommes pas très loin de l’oxymore qui consiste à rapprocher deux mots de sens totalement contradictoires du type « Entre ces murs épais régnait un silence assourdissant ».

À ne pas confondre, bien sûr, avec le pléonasme : un politicien corrompu est un pléonasme, alors qu’un politicien honnête est un oxymore. Demandez à Sarkozy, le visiteur du soir préféré de Macron, de vous expliquer.

Exemple d’oxymore que Emmanuel Macron et Bruno Le Maire vont bientôt nous présenter pour mieux calmer notre impatience et nos déceptions : l’austérité pour relancer la croissance, Bruxelles oblige !

Si, si, il fallait y penser !

Attention c’est du lourd, du très lourd !

Je pensais que la consommation était un vecteur de croissance, mais les Français n’ont plus un rond ! Alors forcément !

Tout cela est très logique.

Le projet d’Emmanuel Macron dans sa future loi « Travail » qu’il est en train de nous con-cocter consiste donc à obliger tous les allocataires du RSA à travailler 15 ou 20 heures par semaine gratuitement, sous la forme du bénévolat, dans les entreprises, en échange de leurs allocations.

Si ces petits salauds d’allocataires refusent la généreuse main tendue par le gouvernement-Medef, ils ne toucheront pas un kopeck.

On me dira qu’ils sont libres d’accepter ou de refuser cette proposition et que, de ce fait, ils sont « libres », voire volontaires.

Libres, mais crevards : à vous de choisir, bande de larves !

On joue un peu sur les mots, mais…comment dire ? Non, le président de la République ne se moque pas de nous, non, pas du tout !

Non, il ne nous prend pas pour des planches, non, pas du tout !

C’est beaucoup plus subtil, c’est tout ce que je peux dire.

Et de toute façon, il est nettement plus intelligent que nous tous réuni.

Sachant que la France compte un peu plus de 4 250 000 allocataires du RSA, il va falloir leur trouver 85 000 000 d’heures de travail hebdomadaire, ce n’est pas la mer à boire, tout de même, 340 000 000 d’heures par mois, une paille !

Il va falloir me vérifier tout cela, heure par heure, semaine par semaine, mois par mois : il va recrotter recruter des agents Pôle Emploi. Information flash, le P.E sera, à cette occasion, rebaptisé « France Travail ».

Ça a une de ces gueules « France Travail ».

Sachant que l’écrasante majorité de ces petits salauds d’allocataires n’ont qu’à traverser la rue pour prouver leur bonne volonté de bénévoles obligés, bêtes et disciplinés, il va falloir faire attention quand vous emprunterez les rues en motocyclette, en voiture, à vélo ou à cheval, il faudra regarder des deux côtés pour être certain de ne pas en écraser un ou deux au passage, un ou deux dans le meilleur cas.

Si vous roulez en voiture électrique …vous allez faire un carton !

Tout cela est très cohérent avec le projet phare qui est de restaurer l’ordre, un des 3 milliers des « 100 jours » qui s’achèveront, symboliquement, le 14 juillet prochain.

Ben oui, il va falloir faire la circulation et gérer les flux d’allocataires bondissants, enthousiastes et joyeux, un rien désinvoltes.

100 jours qui ne se termineront pas à Sainte-Hélène, Macron ne connaîtra pas son Waterloo.  Il est remarquablement bien conseillé, quand on y pense …

Acceptons joyeusement ce rendez-vous plein de belles promesses qu’il nous fixe : le 14 juillet 1789, date de la prise de la Bastille, une date pas comme les autres !

Soyons nombreux, ce 14 juillet 2023, pour lui rendre l’hommage qu’il mérite.

Il en a de bonnes idées, ce sémillant président !

Si, si, je n’en demandais pas tant !

Il est super-créatif.

Tous à la Bastille, le 14 juillet 2023 !

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