C’est plus fort que moi, plus fort que tout, j’aime la police d’un amour profond, un amour jamais démenti.
Une authentique passion !
Je ne m’en lasse jamais au point d’aller à sa rencontre dès qu’une occasion se présente, j’aime son contact.
C’est pourquoi je cours les manifestations, surtout si elles sont interdites : je sais que nos routes vont enfin se croiser, je les vois, ils se rapprochent en me faisant des signes que je n’arrive pas toujours à bien interpréter, mais je constate que je ne les laisse pas indifférents, je parle de mes amis les policiers.
Ils sont beaux, grands, forts et tellement solidaires les uns des autres, un sentiment devenu rare dans nos sociétés modernes, on ne prend plus le temps de se serrer, de se blottir les uns contre les autres, « contre » étant synonyme ici de « avec ».
Comme un message adressé à la population, comme une promesse.
Je ne suis pas le seul à les aimer, nous sommes assez nombreux dans ce cas, largement majoritaires je crois, jeunes, vieux, noirs, blancs, gris, hommes, femmes, s’agit-il d’une messe, d’une communion œcuménique ?
Emporté par leur élan, le contact est parfois rugueux, mais la passion partagée et néanmoins réciproque devient naturellement excessive au moment où nos destins se croisent, physiquement parlant, ces garçons sont entrainés à exprimer leurs sentiments avec fougue, avec ardeur, ils ont du coffre, ils ont du souffle.
Il y a quelque chose de particulièrement émouvant quand on les entend courir en meute après nous, la matraque télescopique fièrement dressée, comme le signe d’une impatience sentimentale et érotique.
Je pense qu’une très grande majorité de policiers détestent la frustration, voilà tout. Moi aussi.
J’aime cette ténacité, j’aime cet engagement, cette détermination, j'aime ce fantasme républicain, c’est ce qui renforce nos liens.
Ils se protègent d’un bouclier, car certains manifestants expriment un enthousiasme très juvénile, mal contrôlé, débordant. Moi le premier, malgré mon grand âge, je le confesse bien volontiers.
Ce que j’apprécie le plus chez nos amis des forces de l’ordre c’est qu’ils ne font pas la différence entre un jeune et un vieux, entre un gaillard de 25 ans et une femme qui a déjà dépassé la soixantaine : chacun, chacune aura le droit de gouter à l’affection qu’ils nous portent, il y a là une vison de l’égalité (au sens noble du terme) dont tout le monde devrait s’inspirer.
J’entends dire, ici où là, que les policiers seraient de droite, voire d’extrême droite, c’est une profonde erreur : les policiers sont avant tout des policiers ; tout comme les gendarmes sont avant tout des gendarmes et les militaires des militaires.
D’ailleurs le parti socialiste, le parti communiste et le parti écologique que l’on ne peut tout de même pas suspecter d’être à droite, se rangent tous du côté de la police !
On ne va quand même pas essayer de nous faire croire que ces gens-là sont de droite ! Que la gauche serait de droite ! Que l’écologie est de droite !
Il n’est pas tout à fait étonnant que dans ce contexte où la passion et l’impatience l’emportent sur tout autre sentiment, il y ait quelques excès, les effusions, parfois brutales, n’ayons pas peur des mots, sont source de quiproquos, d’incompréhension et de malentendus, je ne sais plus quel philosophe allemand d'origine sud-américaine parlait, vers 1950, d'amour vache.
J’ajouterais « malheureusement » si je n’avais pas vécu, à titre personnel, des aléas amoureux, moi aussi, la passion n’est pas toujours bonne conseillère.
Je rêve d’une société réconciliée où la police et le peuple ne feraient plus qu’un, j’en rêve non sans une très vive émotion.
À la veille des prochaines élections présidentielles, on pourrait fonder un nouveau parti politique.
Le parti de la Réconciliation Nationale !
J’en connais une qui ne serait pas contre …
P.-S. - Avant d'aller vomir dans mon coin : le titre de ce billet est emprunté à Benjamin Constant, in Les Cahiers Rouges, écrits en 1807, mais publiés en 1907, titre d'une terrible actualité ...